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ATTENTATS DE PARIS ET BRUXELLES : UN COMMANDO BELGE SOUS L’EMPRISE DU PRÉDICATEUR KHALID ZERKANI

 

Ce Marocain de 43 ans, aujourd’hui en prison, avait tout sauf l’air d’un gourou charismatique. Mais son empreinte a été considérable sur tous ses affidés qui l’avaient surnommé « Papa Noël ».

 

LE MONDE |  • Mis à jour le  | Par 

 

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Les ambualances après l’exposion de l’aéroport de Bruxelles, le 22 mars.

Une trentaine d’individus, sur la cinquantaine impliquée à divers degrés dans les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 22 mars 2016 à Bruxelles, sont belges et issus des mêmes quartiers. Un certain nombre d’entre eux, maillons-clés de l’organisation, sont passés dans la sphère d’influence d’un seul et même prédicateur bruxellois : Khalid Zerkani. Ce Marocain de 43 ans, aujourd’hui en prison, petit, trapu, irascible, avait tout sauf l’air d’un gourou charismatique, mais son empreinte a été considérable sur tous ses affidés. Ces derniers avaient pris l’habitude de le surnommer, par souci de discrétion, « Papa Noël ».

Le plus connu de ses disciples était l’un des coordinateurs en Europe du 13-Novembre : Abdelhamid Abaaoud, 28 ans, le leader du commando des terrasses, mort à Saint-Denis le 18 novembre. Il y avait aussi avec lui son acolyte, Chakib Akrouh, 25 ans, tué également dans l’assaut des forces d’intervention du RAID.

Les deux jeunes gens ont, comme d’autres, été très fortement encouragés au départ pour le djihad par Khalid Zerkani. En juillet 2015, ils se sont de fait retrouvés condamnés par contumace dans le cadre d’un dossier de filière d’acheminement de combattants vers la Syrie, où le prédicateur apparaissait comme le principal relais. C’était quelques mois seulement avant les tueries.

Dossier tentaculaire

Argent, faux papiers, mise en contact avec des passeurs, Khalid Zerkani aidait à toute la logistique des candidats au départ. C’est d’ailleurs moins pour ses conseils théologiques que pratiques que cette jeunesse bruxelloise s’en référait à lui.

Condamné en avril à quinze ans de réclusion par la cour d’appel de Bruxelles, l’homme incitait ses ouailles à la petite délinquance ou au détournement des allocations-chômage afin de financer la cause. Habile dissimulateur, peu loquace, se méfiant d’Internet, paranoïaque de la téléphonie, passé maître dans l’art de la contre-filature, il a donné du fil à retordre aux enquêteurs belges, qui ont mis du temps avant de l’« accrocher ».

Najim Laachraoui, 24 ans, artificier des tueries de Paris et kamikaze de l’aéroport de Zaventem le 22 mars, s’est lui aussi retrouvé dans un dossier jugé en mai où l’ombre du prédicateur était très présente. Radicalisé depuis sa majorité, le jeune homme est parti en Syrie en 2013 avant de revenir clandestinement en Belgique en septembre 2015 par la route des migrants.

Dans ce dossier tentaculaire – trente et un suspects – où les faits reprochés à Khalid Zerkani avaient fini par être disjoints, apparaissait aussi Bilal E. M., 27 ans. Cet ancien du djihad en Syrie, interpellé en avril, est aujourd’hui placé en détention provisoire car soupçonné d’avoir fourni une aide logistique notamment à Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau » des attentats de Bruxelles.

Dans les mêmes katibas

Khalid Zerkani a aussi directement influencé le départ de plusieurs frères d’hommes mis en examen aujourd’hui pour complicité dans les attentats de Paris et de Bruxelles. Comme Othmane Bakkali, 38 ans, influent frère aîné de Mohamed Bakkali, 28 ans, un des principaux chauffeurs et loueurs des planques des djihadistes. Othmane Bakkali a effectué au moins deux allers-retours en Syrie entre 2012 et 2014, et il a été établi qu’il avait participé à des combats.

De même, « Papa Noël » a très clairement influencé le départ d’Ibrahim Abrini, le petit frère de Mohamed Abrini. Son départ pour la Syrie, suivi de son décès supposé au front en juillet 2014, a fortement joué sur la radicalisation de son aîné.

Khalid Zerkani a été actif surtout autour des années 2010, notamment à partir du début de la guerre en Syrie, en 2011. Une période où le pouvoir politique et policier belge suivait de beaucoup moins près les questions de radicalisation. Une époque où des ressortissants belges ont pu multiplier les allers et venues entre la Belgique et la zone irako-syrienne sans jamais être entravés. Parfois même en voiture, « en quarante-cinq heures de route », raconte un prévenu au détour d’un des dossiers-clés de ces années-là. La plupart se sont retrouvés enrôlés dans les mêmes katibas. Ces expériences ont ensuite fait florès à Molenbeek et autour, dans ces quartiers de Bruxelles marqués par l’islam radical et la tentation djihadiste.

 

 


13/11/2016
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