dossier 4. Les fondements du commerce international et de l'internationalisation de la production
4.3. La mondialisation de la production
Q1.Quel est le problème lié au transport mondial du jean ?
Q2. Combien de composants ? énumérez les. Combien de pays ?
Q3. Quelles sont les activités les plus polluantes liés à la fabrication du jean ?
Q4. Les stratégies de localisation sont elles liées à une compétitivité prix ou hors prix ?
Q5. Dans quels pays sont réalisés les tâches polluantes ?
A. L'essor des multinationales accroît les Investissements Directs à l'Etranger
Une firme transnationale peut se définir comme une entreprise qui exerce une partie de son activité à l’étranger : elle réalise donc son activité de production dans au moins deux pays. Une FTN comprend une maison-mère (dans un pays) et au moins une filiale (dans un autre pays). Une filiale est une entreprise dont le capital est contrôlé par une autre société, appelée la société-mère (le contrôle du capital est en général compris comme la possession d’au moins 10 % du capital). En 1977, il y avait 11 000 sociétés mères et 82 000 filiales internationales ; aujourd'hui on estime leur nombre à 80 000 et 840 000 filiales. Les firmes multinationales ont réalisé une production d’environ 16 000 milliards de dollars en 2010, soit environ le quart du PIB mondial ; la même année, la valeur ajoutée par les filiales implantées à l’étranger représentait environ 6 600 milliards de dollars et ces filiales faisaient travailler environ 68 millions de personnes.
L’internationalisation peut passer par différentes opérations. La première catégorie d’opération suppose un transfert de capitaux entre les pays : il s’agit de la création de filiales étrangères (nouvellement créées), d’opérations de fusions-acquisitions (opérations par laquelle deux entreprises fusionnent pour n’en constituer plus qu’une), ou encore d'alliances avec des participations croisées.
L’autre grande catégorie d’opération permettant l’internationalisation n’implique pas de transfert de capitaux : il s’agit du recours à la sous-traitance, à la franchise et à la licence. On parle alors de firmes-réseaux pour désigner les multinationales qui se recentrent sur leur coeur de métier tout en s'organisant autour d'un réseau complexe de sous-traitants (ex Nike, Airbus, Apple etc.).
Les IDE correspondent à un flux de capitaux entre deux pays afin de créer, de racheter ou de prendre le contrôle d’une entreprise (la prise de contrôle d’une entreprise se définit comme une prise de participation supérieure à 10 % du capital de l’entreprise). Les flux d’IDE entrants correspondent à des "importations" de capitaux, les IDE sortants à des "exportations" de capitaux. Contrairement aux investissements de portefeuille, les IDE ont avant tout une logique productive. Les investissements de portefeuille sont des prises de participation inférieures à 10 % du capital. Ils ont une logique de placement, le but est de bénéficier de revenus via le versement de dividendes ou d'intérêt si ce sont des prêts.
Les IDE sont étroitement liés aux FTN puisque ce sont ces dernières qui réalisent ces investissements. On constate d’ailleurs une explosion des IDE qui accompagne le processus d’internationalisation des entreprises. Cet essor des IDE est en grande partie lié à l’essor des opérations de fusion-acquisition (opération par laquelle deux entreprises disparaissent pour créer une nouvelle entreprise). Pour augmenter leur taille, les entreprises choisissent de prendre le contrôle ou de s’allier à l’un de leurs concurrents (croissance externe). Alcatel-Lucent (2006) est devenu l’un des principaux équipementiers en télécommunication, leader sur le marché de la fibre optique. Sanofi-Aventis (2004), dans l’industrie pharceutique. Mittal-Arcelor (2006) : leader sur les principaux marchés sidérurgiques (automobile, électroménager, construction, emballage). Mais aussi GDF-Suez (2008) ou BNP-Paribas (2008).
Les IDE ont considérablement augmenté depuis les années 1980. Ils ont été multiplié par près de 40 pour arriver à 1524 milliards de $ en 2011. Les IDE concernent essentiellement les pays développés du Nord, qui sont à l’origine de 73 % des IDE en 2011, et qui en reçoivent 49 %. Le poids des pays émergents (Chine, Inde, Brésil, ...) augmente fortement depuis les années 2000, on peut le voir dans l'évolution des flux entrants dans les économies en développement qui reçoivent désormais en 2011 51% des flux d'IDE et émettent 27% des flux sortants. Mis à part quelques pays émergents comme les BRICS, une grande partie des pays en développement reste en marge de cette division internationale des processus productifs (DIPP).
B. Choix de localisation et stratégies des firmes multinationales
Les multinationales mettent en place une Décomposition Internationale des Processus Productifs (D.I.P.P),basée sur le principe d’une production modulaire.
Elles cherchent à tirer parti au maximum des avantages comparatifs et des spécialisations des différents territoires mondiaux : faible coût de main-d’œuvre (activités d’assemblage), maîtrise de savoir-faire spécifique (motorisation, chimie, plasturgie...), proximité des sites d’extraction des matières premières... Les stratégies de localisation de la production des modules et de leur assemblage peuvent se comprendre à travers une logique d'offre.
Les firmes peuvent réaliser des IDE verticaux, dits de délocalisation dans des pays où les coûts salariaux, sociaux et fiscaux sont faibles, tout en tenant compte des différentiels de productivité. Elles peuvent réaliser certains modules dans les pays où les coûts sont plus élevés si la production nécessite une main d'oeuvre de qualité, des services publics ( transport, communication) et des pôles de recherche performants. Ces stratégies de compétitivité prix et hors-prix aboutissent à une mise en concurrence fiscale, sociale et salariales des différents pays.
La compétitivité prix dépend notamment du taux de change : exercice SESwebclass
Q1. Pourquoi ces entreprises Chinoises s'installent-elle en Ethiopie ?
Q2. Quelle est la raison principale de l'installation de cette usine en Chine? Et comment appelle-t-on alors cette stratégie de FTN ?
La mise en place de cette production modulaire donne naissance à des flux de commerce intra-firme qui deviennent très importants, ces derniers représentent en 2012 près d’un tiers des échanges de produits dans le monde. Le commerce intra-firme désigne les flux de produits (biens et services) qui se font au sein d’un même groupe, entre filiales ou entre la maison-mère et les filiales. Ils sont comptabilisés de la même manière que des échanges entre entreprises indépendantes, mais ces flux ne sont pas régis par la même logique. En particulier parce que le prix auquel sont facturées ces marchandises (le prix de transfert) ne correspond pas à un prix de marché, mais résultent d’un calcul d’"optimisation" au niveau international, qui permet aux groupes de minimiser leur imposition, voire de ne pas payer du tout d’impôt. C'est comme cela que les GAFA ne payent que très peu d'impôt.
Les firmes multinationales ont aussi des stratégies de marché répondant à une logique de demande. Les entreprises cherchent à s’implanter à proximité des consommateurs pour mieux connaître les goûts de la clientèle locale et conquérir des marchés locaux ; de même, lorsque les coûts de transport restent élevés (par exemple pour la production d’automobiles), les entreprises ont intérêt à aller s’implanter là où elles écouleront la production. Elles s'installent aussi directement sur place quand il s'agit de conquérir de nouveaux marchés tout en contournant les barrières douanières.
Q1. Quelle prévision est établie par Danone quant à la vente de biscuits en Chine à l'avenir ?
Q2. Quelle stratégie est suivie par Danone lorsque cette entreprise installe un site de production en Chine ?
C. Conséquences sur les pays d’accueil
L’implantation des firmes multinationales est favorable à la croissance des pays d’accueil :
Les FMN créent des activités et apportent des technologies nouvelles qui accroissent la productivité globale des facteurs et accélère l’accumulation de capital. L’accroissement de la concurrence stimule la croissance économique, du fait de l’incitation à innover et à investir pour les entreprises locales.
Les salaires peuvent être plus élevés dans la firme multinationale qui s’implante que dans les entreprises locales, ce qui augmente le pouvoir d'achat général mais accroît les disparités et peut engendrer des tensions sociales ; l’augmentation de la demande qui résulte de l’augmentation des salaires peut engendrer un cercle vertueux de croissance favorable aux créations d’emplois.
L’arrivée d’IDE entraîne des créations d’emplois sur le site ainsi que des créations d’emplois indirects chez les sous-traitants, les artisans, les commerçants de la zone, du fait des revenus supplémentaires distribués. Elles peuvent cependant détruire des emplois chez les concurrents locaux.
L’arrivée d’IDE peut aussi permettre une hausse des recettes fiscales, ce qui permet de financer des politiques publiques favorables au développement et à la croissance : redistribution, formation de la population, santé publique, recherche publique..
Enfin, le plus souvent, l’arrivée d’IDE s’accompagnent d’investissements publics, notamment en termes d’infrastructures de communication et de transports qui bénéficient à l’ensemble des acteurs économiques (externalités positives).
Mais les effets bénéfiques ont des limites :
Les IDE se dirigent vers quelques pôles de développement, et une grande majorité des pays restent à l'écart de cette mondialisation de la production. Les flux sélectifs d'IDE contribuent à accroitre la mondialisation des inégalités.
Il y a un risque pour les pays qui accueillent les IDE de rester cantonnés dans certaines activités (à faible VA, polluantes, ...) ou bien être soumises à la volonté des FTN. Dans les pays du Sud, les IDE et les FTN participent à la mise en place d’économies extraverties, et entretiennent une spécialisation dans les produits primaires. Les IDE contribuent à asseoir la logique de domination des pays développés ou émergents sur les pays en développement. Ainsi, en Afrique, les IDE se dirigent vers l’exploitation des richesses du sous-sol, l’extraction de matières premières, et aucune activité de transformation ne se développe sur place. De ce fait, il n’y a pas d’effet d’entraînement sur le tissu économique local (pas de recours à des sous-traitants par exemple), et pas de transferts de technologie, pas d’incitation non plus à former la main-d’œuvre et à investir dans l’éducation.
Les PED attirent surtout les filiales-ateliers où les conditions de travail ne respectent pas les droits élémentaires (travail des enfants, droit syndical, temps de travail etc.). On peut considérer ces multinationales comme des prédateurs qui cherchent à exploiter une main d'oeuvre bon marché pour maximiser leur profit.
Les stratégies fiscales d’implantation des entreprises sont à l’origine d’un manque à gagner fiscal pour certains pays. La mise en concurrence des Etats pour attirer les IDE sur leur territoire à partir d’allègements fiscaux ou de versements de subventions et aides diverses contribue à vider les caisses de certains Etats. De plus les firmes multinationales peuvent atteindre une taille telle qu’elles peuvent exercer des pressions sur les Etats des territoires où elle s’implante. Le Mexique a utilisé les allègements fiscaux pour attirer des maquiladoras à capitaux états-uniens très volatiles, et ne parvient pas à lever les ressources fiscales capables d’engendrer un véritable développement.
Les FMN, de par leur stratégies d'optimisation fiscale contribuent à la mise en place et à la perpétuation des paradis fiscaux.
Q1. Faîtes un schéma représentant une maison mère ayant plusieurs filiales dans plusieurs pays. Elle possède 100% de la filiale A en France, 30%de sa filiale B en Allemagne et 70% de sa filiale-atelier en Indonésie
Q2. Faîtes un schéma présentant les différentes manières d'internationaliser la production : internationalisation, transfert de capitaux, fusion-acquisition, participation croisée, alliance, firme-réseau, sous-traitants, franchise, licence
Q3. Quelle différence peut-on faire entre investissement de portefeuille et investissement direct à l'étranger ?
Q4. Quelle différence peut-on faire entre une stratégie de Décomposition Internationale des Processus Productifs (D.I.P.P) et une stratégie de marché ?
Q5. Quelles sont les déterminants de la compétitivité-prix ? De la compétitivité hors-prix ? ( cf carte mentale sur le blog)
Q6. Quels pays ne profitent pas de la mondialisation de la production ?
Q7. Faîtes un tableau dans lequel vous présenterez les avantages et les inconvénients de la mondialisation de la production pour les pays d'accueil.
4.2. Le commerce international doit-il s'accroître ?
A. Le libre échange favorise la croissance
En ce qui concerne le commerce inter-branche, selon la théorie économique, les pays en se spécialisent dans les productions où ils ont un avantage comparatifs fondés notamment sur leur dotations factorielles relatives bénéficient d'un gain à l'échange. La division internationale du travail permet alors de mettre en place une économie où les facteurs de productions sont mieux employés. Les gains issus de cette spécialisation se répartissent entre les pays partenaires qui connaissent une croissance.
Les théories plus récentes du commerce international permettent d'expliquer l’essor du commerce international intra-branche entre pays de niveaux de développement comparables. Le libre-échange est supposé apporter des avantages aux consommateurs et aux producteurs, par différents effets :
Un effet de dimension : grâce à la spécialisation et à l’ouverture d’un marché mondial, chaque nation peut produire plus et plus efficacement. Les entreprises peuvent donc bénéficier d’économies d’échelle et d’effet d’apprentissage, qui améliorent la productivité et font baisser les coûts unitaires de production. Elles gagnent donc en compétitivité. Les producteurs peuvent trouver des débouchés supplémentaires, se procurer à moindre coût les biens dont ils ont besoin pour produire.
Un effet de diversification : grâce aux importations, les consommateurs, mais également les entreprises, ont à leur disposition une plus large diversité de produits pour satisfaire leurs besoins, que ce soit en terme de biens et services de consommation ou de biens de production. L'ouverture permet des transferts de technologie (acquisition de brevets, achats de produits de haute technologie...). Ces transferts de technologies se mettent d'autant plus en place que la concurrence accrue oblige les firmes à innover.
Un effet de concurrence : le commerce international et le libre-échange permettent l’entrée de nouvelles entreprises sur des marchés qui sont largement oligopolistiques (donc pas optimaux du point de vue du consommateur, du fait d’une concurrence pas assez intense). La situation de marché se rapproche alors de la Concurrence Pure et Parfaite, ce qui est favorable aux consommateurs (baisse des prix et amélioration de la qualité) et à l’économie toute entière (incitation à investir, à innover pour améliorer la compétitivité hors-prix.
En fin de compte, globalement, l’économie nationale bénéficie des gains liés à un usage plus rationnel des facteurs de productions. Plus spécifiquement, les producteurs bénéficient de gains de productivité, d’un élargissement du marché (et donc d’économies d’échelle), ainsi que d’une incitation à l’innovation pour maintenir leur compétitivité prix et hors-prix. Ils bénéficient aussi des transferts de technologie, qui leur permettent de moderniser leur appareil de production plus rapidement et de façon moins coûteuse que s’ils avaient dû eux-mêmes la produire. Les consommateurs quant à eux peuvent profiter de baisse des prix (du fait d’une concurrence plus intense, des économies d’échelle et des gains de productivité permis par la spécialisation), d’une hausse de la qualité ainsi que de la variété/diversité, grâce à la fois à la multiplication des offreurs présents sur le marché et à l’accélération de l’innovation induite par la concurrence.
B. Le protectionnisme peut être une solution temporaire
Le protectionnisme vise à interdire ou limiter les importations de biens et services afin de protéger les entreprises et activités nationales de la concurrence extérieure. En élevant les droits de douane, le pays va accroître ses recettes, ce qui peut lui permettre de rééquilibrer son budget. A partir du moment où le pays élève sa protection, les importations dont le prix s'élève diminuent, le pays équilibre ainsi sa balance des transactions courantes.
Le libre-échange favorise l'augmentation des inégalités entre pays. L’existence d’un gain à l’échange peut s’accompagner d’une répartition inégalitaire de ce gain. La division internationale du travail dominante a été justifiée du milieu du XIX' siècle aux années 1970 par les théories du commerce international, à savoir des pays développés spécialisés dans les produits nécessitant un important capital et du travail plutôt qualifié, échangeant avec des pays en développement spécialisés dans l'exploitation des produits primaires ou dans des industries utilisant une main-d'oeuvre peu qualifiée. Mais, les pays en développement ont connu une dégradation des termes de l’échange. exercice. Si certains pays émergents ont réussi à mettre en place des remontées de filière vers des produits technologiques ( Singapour, Corée du Sud etc.) de nombreux pays, comme les pays les moins avancés (PMA), sont restés cantonnés dans des produits dont les termes de l'échange se sont détériorés.
Les différences entre pays, qui expliquent leurs spécialisations, peuvent être le fruit des hasards de l’histoire ou de la géographie, ou encore de politiques volontaristes antérieures visant à modifier leurs avantages comparatifs. Les pays qui arrivent plus tard dans le libre échange sont moins performants. Il est alors justifié de mettre en place des politiques visant à améliorer la production nationale en protégeant les industries naissantes. Le pays peut profiter ainsi d'une protection qui lui permet de se spécialiser dans des produits dont il est plus facile d'extraire une valeur ajoutée plus importante, notamment dans les productions dont la technologie est plus développée. A l'abri du libre-échange, il est plus facile de se préparer à la concurrence internationale. Le protectionnisme éducateur (F.List) ne consiste pas à mettre des barrières douanières sur l'ensemble des importations mais à laisser entrer librement certains produits, tout en protégeant fortement une ou plusieurs activités. Il s’agit d’un protectionnisme qui se veut temporaire.
Il est aussi important de pouvoir protéger les industries en déclin ou non compétitives. Les productions locales, confrontées à la concurrence internationale, en disparaissant entraînent des coûts sociaux importants liés au chômage et aux inégalités en cascade que ce dernier entraîne. Plus les disparitions d'activité sont brutales, plus les restructurations micro-économiques qui en résultent risquent d'entraîner une forte récession macro-économique et des destructions d’emplois. Un pays peut pratiquer ce protectionnisme parce qu’il refuse l’abandon de certaines activités pour des raisons variées, stratégiques (défense) ou culturelles (appellation d’origine contrôlée en France par exemple A.O.C.).
La concurrence des produits des pays à bas salaires est souvent accusée dans les pays riches de faire pression à la baisse sur les salaires, spécialement pour la main d’oeuvre peu qualifiée. Le protectionnisme peut d'autant plus être justifié que certains pays pratiquent diverses formes de dumping ( social, fiscal ou environnemental). Il est toutefois difficile de définir le dumping notamment le dumping social : en principe les pays peuvent, et doivent interdire le commerce des productions qui ont été réalisées sans respecter les droits minimums des travailleurs définis par l’Organisation Internationale du Travail ( liberté d'association, interdiction du travail forcé, interdiction du travail des enfants et absence de discrimination sur le lieu de travail, y compris la discrimination fondée sur le sexe). Dans la pratique il est difficile d’identifier les productions qui n’ont pas respecté ces règles et les pays aux coûts salariaux très faibles, conséquence d’une main-d’oeuvre surabondante, sont souvent accusés de dumping social alors que leurs exportations reflètent leurs avantages comparatifs. Il faut cependant garder à l’esprit que les études empiriques des années 1990 et 2000 tendent à montrer que l’impact de la concurrence internationale sur les salaires dans les pays développés est moins fort que la pression à la baisse salariale par la substitution de capital au travail sous l’effet du progrès technique.
D. Du néo-protectionnisme au retour du protectionnisme
Le protectionnisme peut prendre la forme d'un protectionnisme tarifaire qui consiste à appliquer des taxes ou droits de douane sur les importations. Le multilatéralisme et la baisse des tarifs douaniers liés aux accords du GATT et de l'OMC n'ont pas empêché la mise en place d'un néo-protectionnisme reposant sur des mesures non tarifaires : quotas, normes, subventions, sous-évaluation de la monnaie.
- Les quotas consistent à limiter la quantité de produits importés en fixant des contingents ou quotas.
- Les normes de différentes natures, techniques et sanitaires notamment, peuvent constituer d’autres moyens de protéger le marché intérieur de la concurrence étrangère. Il convient cependant d’insister sur le fait que les normes techniques ne sont pas par nature protectionnistes. La fixation de telles normes par l’Etat est légitime dans la perspective de la protection du consommateur. Seules les normes qui seraient discriminatoires à l’égard de l’offre étrangère peuvent être considérées comme protectionnistes.
- Les subventions aux exportations et le dumping (pratique consistant à vendre moins cher à l’étranger que sur son marché national) peuvent également être assimilés à des formes de protectionnisme ex Boeing airbus
- Il en est de même de la sous-évaluation de la monnaie nationale qui augmente la compétitivité-prix des produits exportés. C'est le cas de la Chine.
Après l'échec des accords de Doha, les accords multilatéraux peinent à se mettre en place, ils sont peu à peu remplacés par des accords bilatéraux entre pays ou entre régions. L’accord Tafta entre les Etats-Unis et l’Europe appelé de ses vœux par Obama n’a pas vu le jour du fait de son impopularité en France et en Allemagne et de l’arrivée de Trump au pouvoir en 2016. Néanmoins, l'accord CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) entre l'Union européenne et le Canada a été mis en place, ce traité réduit drastiquement les barrières tarifaires et non-tarifaires, et traite également de la mise en place d'un cadre d'investissement stable et favorable aux entreprises européennes et canadiennes.
Les critiques contre ce type de traité sont aujourd’hui très fortes et, depuis la crise de 2008 de nombreuses voix protectionnistes se font entendre. C’est bien sûr le cas avec Trump aux Etats-Unis avec son slogan América first, avec les partisans du Brexit en Angleterre, mais aussi en France où l’on voit de nombreux partis politiques de toutes obédiences, comme le Rassemblement National de Marine Lepen, La France Insoumise de Jean Luc Mélanchon, porter les idées d’un retour du protectionnisme en défendant les catégories sociales populaires et moyennes perdantes de la mondialisation. Même Les Républicains de Laurent Wauquiez sont sensibles aujourd’hui aux sirènes du protectionnisme.
Le débat sur le protectionnisme restera présent tant qu’il y aura des gagnants et des perdants de la mondialisation. Pour l’instant les grands gagnants de cette mondialisation sont les catégories supérieures des pays développés qui ont toujours utilisé le protectionnisme quand cela les arrangeait et le libre-échange quand ils étaient sûr d’y gagner, même si toutes les catégories sociales ont pu bénéficier de gains de pouvoir d’achat. Ces cinquante dernières années, les pays riches se sont arrangés pour organiser le commerce en faveur de leurs entreprises dominantes, en acceptant de sacrifier des pans entiers de leur industrie. De leur côté, de nombreux pays pauvres, en se spécialisant (conformément à la théorie), se sont enfermés dans le sous-développement. Les grands gagnants du libre-échange sont les multinationales qui peuvent désormais produire là où le coût de la main-d’œuvre est le moins cher, vendre là où il y a du pouvoir d’achat et payer leurs impôts là où la fiscalité est la plus faible.
Q1. Définir : oligopole, économie d’échelle, compétitivité-prix, compétitivité hors-prix, dumping, quota, remontée de filière
Q2. Faîtes un schéma expliquant les effets attendus du libre-échange : effet de dimension, effet de concurrence, effet de diversification, baisse des prix, libre-échange, spécialisation, gains liés à la spécialisation, commerce inter-branche, commerce intra branche, gains liés au commerce intra-branche, variété, baisse des prix, innovation, croissance.
Q3. Donnez quatre arguments en faveur du protectionnisme
Q4. Pourquoi est-il difficile de lutter contre le dumping social ?
Q5. Faire un schéma sur les limites du protectionnisme : limites du protectionnisme, mauvaise spécialisation, hausse des prix, baisse du pouvoir d’achat, de rétorsion, de récession et d'inflation importée, guerre économique, effondrement des débouchés, appauvrissement des pays partenaires, faible élasticité-prix des importations
Q6. Qu’est ce que le néo-protectionnisme ? Chercher des exemples contemporains.
Q7. En quoi peut-on dire que le multilatéralisme est remis en question ?
Q8. Qui sont les gagnants et les perdants du libre-échange ?
Q1. En quoi le NAFTA est-il inquiétant ?
Q2. Les agriculteurs européens ont-ils à craindre de ce traité ?
Q3. Quels sont les objectifs de ce traité ?
Q4. Les multinationales ont-elles besoin de tribunaux arbitraux ? Quels sont les risques de ces cours privées ?
Q5. Citer 2 exemples de conflits entre multinationales et Etats.
TAFTA (Transatlantic Free Trade Agreement), TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership), GMT (grand marché transatlantique)... est un accord de libre-échange entre les deux plus grandes zones économiques du monde, l'Europe et les États-Unis qui avait pour but d'abaisser le plus possible les barrières du commerce - qu'elles soient tarifaires (droits de douane) ou non tarifaires (normes) - pour que les entreprises trouvent des débouchés supplémentaires, produisent plus de biens et donc plus d’emplois. Et que les consommateurs obtiennent des biens moins chers et plus diversifiés.
Des critiques venant de la société civile contestent fortement ce traité qui n'a pas vu le jour mais qui pourrait bien revenir sur le tapis :
- L'Europe et les États-Unis font dans la grande majorité des cas du commerce intra-branche, c'est-à-dire qu'ils échangent des biens de même type, ce qui pourrait augmenter la concurrence et affecter certaines entreprises. L'agriculture européenne peut craindre la concurrence des agriculteurs nord-américains très productivistes.
- Il y a de fortes craintes sur l'imposition de normes nord-américaines. La fabrication des biens européens se fait en fonction de normes (interdiction des OGM, du poulet au chlore, du boeuf aux hormones etc.) plus contraignantes que la production nord-américaine.
- Le traité prévoit la mise en place de tribunaux arbitraux- appelés ISDS- qui permettrait aux multinationales d'attaquer les Etats qui porte atteinte à la souveraineté des États et à la possibilité de mettre en place des politiques publiques (service public, politiques salariales, politiques écologiques, réglementations etc.)
Q1. Quels sont les avantages attendus de TAFTA ?
Q2. Qui conseillent les commissions ?
Q3. A qui peuvent servir les tribunaux arbitraux ?
Un pays développé doit-il s’interdire tout recours à des mesures protectionnistes ?
4.1. les grandes évolutions du commerce international
A. Progression et transformations des échanges
Source : CEPII, L’économie mondiale 2017, La Découverte, coll. Repères, 2016.
Après une première internationalisation des échanges qui s'étend du milieu du XIXème siècle au début de la première guerre mondiale, le commerce international s'est effondré. Le protectionnisme des années suivantes, période de repli propice au déclenchement de la guerre a laissé place à partir de 1945 à un essor du commerce international sous l'égide des institutions internationales dites de Bretton Wood que sont le FMI (Fond Monétaire International, 1944), la Banque Mondiale (1945) et le GATT (général agreement on tarif and Trade, 1947). Ces institutions ont permis de reconstruire les Etats dévastés et ont favorisé l'expansion du libre-échange entre Etats ainsi que la multinationalisation des firmes.
Depuis 1945, les échanges ont progressé en moyenne deux fois plus vite que la production mondiale. Par exemple entre 1996 et 2000, la production mondiale a augmenté en moyenne de 3.4% chaque année tandis que le commerce internationale s'accroissait de 8.2% en moyenne annuelle selon le GATT et l'OMC.
Pad moodle
À partir des années 1960, le développement des firmes multinationales (FMN) a accompagné et accéléré l'essor des échanges commerciaux, tout comme cela avait déjà été le cas à la fin du XIXe siècle ; aujourd’hui la place des FMN dans les échanges commerciaux internationaux est prépondérante : un tiers d’entre eux correspond à des échanges entre sociétés mères et filiales, commerce intra-firme au sens strict, et un autre tiers à des échanges entre filiales de FMN, du même groupe ou non, donc tantôt intra, tantôt extra-firmes.
Alors que les échanges de produits primaires représentaient près de 2/3 du commerce international de marchandises avant 1914, le poids des produits manufacturés est devenu majoritaire depuis les années 1950 ; ils en constituent aujourd’hui plus de 50%. Les échanges de services se sont développés plus tardivement que les échanges de biens sous l’effet des progrès des techniques d’information et de communication ; ils représentent aujourd’hui environ 20% des échanges et, progressent à peu près au même rythme que l’ensemble du commerce mondial. Du fait de leur importance, et bien que certains services restent difficilement exportables, les échanges de services font désormais l’objet de négociations internationales.
Taux d'ouverture = (Exportations + Importations)/2/PIB x 100
Dans la seconde moitié du XXe siècle, le commerce international a progressé plus vite à l’intérieur du groupe des pays développés qu’entre pays développés et pays pauvres. Il y a eu une tripolarisation des échanges. L'Amérique du Nord, l'Europe occidentale et l'Asie concentrent à elles seules 80% des échanges de marchandises.
Le commerce intra-branche, c'est-à-dire le commerce entre pays produits similaires a beaucoup plus progressé que le commerce inter-branche portant sur des produits issus de branches différentes. Le commerce international devient ainsi de plus en plus un commerce entre pays développés, dont la spécialisation est comparable, si ce n’est identique. Il est aussi en grande partie à partir des années 1970 un commerce intra-firme de composants de produits : les spécialisations ne portent plus seulement sur des produits ou des groupes de produits mais aussi sur des segments de la chaîne de production.
B. Les déterminants des échanges internationaux et de la spécialisation
Les progrès des moyens de communication et l’abaissement des coûts de transport, notamment le développement de porte-containers géants et standardisés ont joué un rôle important dans la mise en place de la globalisation. Les technologies de l'information et de la communication ont favorisé aussi les mouvements de capitaux accompagnant ainsi la globalisation financière.
Le développement des accords commerciaux multilatéraux mis en place après la seconde guerre mondiale au sein du G.A.T.T. a été un deuxième facteur essentiel de cette globalisation. L'objectif de ces accords a été de diminuer progressivement les droits de douane, d'interdire les quotas tout en favorisant le multilatéralisme par la clause de la nation la plus favorisée ; selon cette clause, un avantage accordé à un pays ne peut être refusé à un autre pays partenaire. En 1994 le GATT est remplacé par l’Organisation Mondiale du Commerce (O.M.C), instance qui devient permanente et à laquelle 153 pays adhèrent en 2011. Le bilan de ce processus est positif : on assiste à une réduction importante des barrières tarifaires, le niveau moyen des droits de douanes passant d’environ 40 % en 1947 à 16,5% en 1960 et à environ 4% dans les années 2000.
Q1. Pourquoi l'OMC a t-elle été créée ?
Q2. Quelles sont les avantages et les inconvénients que l'on a pu faire du GATT ?
Q3. Qu'est ce que l'organe de règlements des différents ?
Q4. Quels sont les principes de l'OMC ?
Q5. Qu'est ce que la clause de la nation la plus favorisée ?
Q6. Quelles sont les exceptions des accords de l'OMC ?
Q7. Comment fonctionne l'organe des réglements des différents ?
Q8.. Comment a évolué le différend sur le boeuf aux hormones ?
Q9. Quelles sont les raisons de l'échec des accords de Doha ?
Les échecs des accords de Doha se traduisent par une multiplication des accords bilatéraux : accords trans-pacifiques, CETA, TAFTA.
La diffusion des théories du libre-échange ont contribué aussi fortement à imposer le libéralisme économique tout en remisant le protectionnisme au rang des doctrines dépassées. Les doctrines du libre-échange se sont constituées à partir des théories de l'échange classique défendue par A.Smith et D.Ricardo :
- Pour Smith et sa théorie de l'avantage absolu, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les activités pour lesquelles il dispose d'un avantage absolu (une plus grande performance) par rapport à ses partenaires, et à acheter à ces derniers les produits pour lesquels il est moins performant. La richesse des nations provient de la division du travail entre individus mais aussi entre nations, on parle alors de division internationale du travail (DIT).
- Ricardo perçoit une limite à la logique de Smith : comment faire en sorte que les pays qui ne disposent d'aucun avantage absolu puissent être malgré tout, intégrés aux échanges ? Il cherche donc à démontrer que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les activités pour lesquelles il dispose de l'avantage relatif le plus élevé ou du désavantage relatif le moins important. Ainsi, même si l'Angleterre du début du XIX siècle avait alors une productivité plus élevée que ses principaux partenaires dans l'agriculture et dans l'industrie, elle avait intérêt à se spécialiser dans l'industrie, où son avantage relatif était le plus important, et à laisser ses partenaires commerciaux se spécialiser dans l'agriculture, où leur désavantage relatif était moins grand.
1. Qui est David Ricardo ?
2. Qu'est ce que le libre-échange ?
3. Quel est le pays le plus productif ?
4. Pourquoi le Portugal doit-il se spécialiser dans la production de vin ? et L'Angleterre dans le drap ?
5. Quel est l'avantage de la spécialisation ?
6. D'où vient la valeur des biens ?
- Heckscher, Ohlin et Samuelson (HOS) ont quant à eux expliqué que l'origine de la spécialisation de chaque pays provenait de leurs dotations factorielles (travail, capital) relatives. Les pays doivent se spécialiser dans les productions utilisant le plus intensément leur facteur relativement le plus abondant. Par conséquent les pays développés utilisent plus de capital et de travail qualifié tandis que les pays en développement utilisent plus de facteur travail. Le commerce aboutit selon une conclusion de ces théories à une convergence de la rémunération des facteurs de production (salaire et intérêt) à un niveau mondial.
- Les théories néo-libérales modernes ont été défendues par M.Friedman et l'école de Chicago. Elles ont constitué le consensus de Washington selon lequel la seule voie du développement passait par l'expansion du commerce extérieur et la privatisation de l'économie publique.
Q1. Faites une frise sur laquelle vous placerez les périodes de protectionnisme et de libre-échange, FMI, Banque mondiale, GATT et OMC.
Q2. La production mondiale a t-elle augmenté plus vite que les échanges commerciaux ?
Q3 Qu’est-ce que le commerce intra-firme ? Comment a-t-il évolué ?
Q4. Quelles sont les caractéristiques du commerce mondial actuel ? intra-firme, extra firme, intra branche extrabranche, polarisé, bien réparti, de biens primaires, de services, de biens manufacturés
Q5. Faites un schéma qui synthétise les déterminants du commerce international depuis 1945
Q6. Pourquoi la théorie de Ricardo est-elle encore plus favorable au libre-échange que celle de Smith ?
Q7. Qu’est ce que le consensus de Washington ? Faites une recherche pour compléter votre réponse.