dossier 1 Quelles sont les sources de la croissance économique ?
Dossier 1.1 Comment mesure t-on la croissance économique et le niveau de vie ?
Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un économiste.
Kenneth Boulding
On obtient le produit intérieur brut (PIB) en sommant les valeurs ajoutées. ( exercices en ligne )Le PIB intègre la production marchande, évaluée aux prix de marché, et la production non marchande des administrations. Un problème se pose pour mesurer l’activité non marchande car elle n’est pas vendue ou son prix est sans rapport avec son coût. Les comptables nationaux l’estiment par les coûts de production (rémunération des salariés + amortissements). La croissance économique est l’augmentation de la production sur longue période.
Si elle est supérieure à la croissance démographique, elle permet d’élever le niveau de vie moyen, c’est-à-dire la quantité de biens et de services dont dispose en moyenne une société.
A. Intérêts et limites du PIB comme mesure de la production
ON peut mesure le PIB par la production, par les revenus qu'ils engendrent ou par les dépenses qu'il permet de réaliser.
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
|
Produit intérieur brut (approche production) |
2 059,3 |
2 086,9 |
2 115,3 |
2 147,6 |
2 194,2 |
2 228,9 |
Valeur ajoutée brute au prix de base |
1 849,5 |
1 873,5 |
1 897,9 |
1 925,1 |
1 963,3 |
1 992,3 |
+ Impôts sur les produits |
225,5 |
230,3 |
234,6 |
240,4 |
250,0 |
256,7 |
- Subventions sur les produits |
-15,7 |
-16,8 |
-17,3 |
-17,9 |
-19,1 |
-20,2 |
Produit intérieur brut (approche demande) |
2 059,3 |
2 086,9 |
2 115,3 |
2 147,6 |
2 194,2 |
2 228,9 |
Dépense de consommation finale |
1 634,1 |
1 659,3 |
1 683,2 |
1 701,8 |
1 727,4 |
1 759,6 |
+ Formation brute de capital |
478,0 |
472,6 |
471,9 |
488,2 |
499,9 |
512,6 |
+ Exportations de biens et de services |
572,6 |
595,2 |
605,1 |
620,9 |
651,1 |
652,2 |
- Importations de biens et de services |
625,3 |
640,2 |
645,0 |
663,2 |
684,2 |
695,6 |
Produit intérieur brut (approche revenus) |
2 059,3 |
2 086,9 |
2 115,3 |
2 147,6 |
2 194,2 |
2 228,9 |
Rémunération des salariés |
1 068,9 |
1 092,4 |
1 107,7 |
1 126,7 |
1 139,8 |
1 159,7 |
+ Excédent brut d'exploitation et revenu mixte brut |
721,2 |
718,0 |
721,7 |
737,3 |
769,4 |
777,4 |
+ Impôts sur la production et les importations |
312,8 |
321,7 |
330,8 |
339,1 |
349,6 |
357,7 |
- Subventions |
-43,7 |
-45,2 |
-45,0 |
-55,5 |
-64,6 |
-65,9 |
Milliards d'euros |
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Source : Comptes nationaux - Base 2010, Insee |
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Q1. Comment mesure t-on le PIB ?
Q2. Pourquoi faut-il retirer la hausse des prix pour mesurer la croissance de la richesse économique ?
Q3. Que font les comptables nationaux ?
Q4. A quoi sert le PIB ?
Q5. Quelles sont les limites du PIB ?
Le PIB permet de mettre en évidence la création de valeur dans une économie, c’est un indicateur de dynamisme de l’économie. Il permet aussi de comparer les économies des diverses régions du mondes, ou bien les régions à l’intérieur d’un pays. Il est cependant très critiqué :
Il mesure mal le niveau de vie et la qualité de vie. Le niveau de vie correspond à la quantité et à la qualité des biens et services dont dispose un ménage ou un individu. On a l’habitude de prendre le PIB par tête pour mesurer le niveau de vie mais ceci est contestable car le PIB par tête ne correspond pas aux revenus par tête, une partie de ce PIB servant à amortir le capital usé ou obsolète. On obtient le Produit Intérieur Net en ôtant du PIB les amortissements, ce dernier est cependant insuffisant car il ne prend pas en compte les revenus qui sont versés à des non-résidents par les résidents et les revenus des non-résidents qui sont versés aux résidents. Il faut donc passer du PIN par tête au Revenu National Brut par tête. Le RNB par tête est lui aussi un indicateur imparfait du niveau de vie car la totalité du revenu ne sert pas pour acheter des biens et des services.
Il prend mal en compte les activités de l’économie souterraine ou informelle, qui regroupe toutes les activités productrices qui échappent aux comptables nationaux comme les activités productrices légales non déclarés (fraude, travail au noir... ainsi que les activités illicites (drogue, prostitution ...). En France en 2014, l’Insee estime cette économie souterraine - à 4% du PIB. Il sous-évalue les activités non marchandes comme l’auto consommation des ménages (élaboration des vêtements, production des jardins...) et il ne prend pas en compte la production non marchande, réalisée par les femmes au foyer (ménage, cuisine...), par les maris bricoleurs, par les bénévoles...En France, cette production non-marchande a pourtant été évaluée, par une enquête de l’INSEE de mars 2011 dans laquelle les heures de travail domestique des français ( selon la définition entre 15 et 32h par semaine) sont valorisées au SMIC jusqu’à 26% du PIB.
On ne sait pas comment est réparti le PIB à l’intérieur d’une population : Le PIB/h permet de tenir compte des facteurs démographiques : si la croissance de la population est supérieure à la hausse de la production, la croissance ne se traduira pas par une amélioration du niveau de vie des populations. Mais le PIB par tête n’est qu’une moyenne qui peut masquer des évolutions dans la répartition des revenus. Le PIB ne tient pas compte des inégalités dans l’accès aux services publics, à l’éducation, à la culture ...
Il ne prend en compte ni les externalités positives ni les externalités négatives. Une production qui pollue beaucoup est prise en compte de la même manière qu’une production qui amène des avancées en terme de santé ou des avantages sociaux-culturels ( construction de bibliothèque ou d’école)
Cependant, le PIB reste le moyen le plus simple pour connaitre la croissance économique d’un pays.
B. Evolution du PIB sur courte et longue période
La croissance est un phénomène de long terme alors que l'expansion correspond à une augmentation à court terme. Entre 1950 et aujourd'hui, le PIB a été multiplié par 6. Si l'on regarde les taux de croissance des différentes régions calculés par A.Maddison, on peut noter que la croissance est un phénomène récent, irrégulier et inégalement réparti. Avant la révolution industrielle, la croissance dans les différentes régions du monde était faible, elle s'est accélérée à partir de 1820, mais certaines périodes comme les 30 glorieuses ont connu une croissance très forte tandis que d'autres ont connu un ralentissement. C'est aussi un phénomène inégalement réparti dans la mesure où la croissance forte des pays avancés pendant la première et la deuxième révolution industrielle ont laissé la place au décollage actuel de pays émergents tandis que la croissance des pays avancés se ralentit.
doc 1
Q1. Lire les chiffres entourés
Q2. Comment calcule t-on un taux de croissance ?
Q3. Qu'apporte le PIB en volume par rapport au PIB en valeur ?
doc 2
doc 3
Q4. Doc 2. Caractériser l'évolution du PIB sur longue période
Q5. Doc3. Rédiger 3 paragraphes (AEI) à partir de ce documents
doc 4
Doc 5 La croissance sur le long terme par Maddison
C. Quels indicateurs au-delà du PIB ?
Le PIB/h est l’indicateur le plus utilisé pour évaluer le niveau de vie d’une population. Pour pouvoir comparer dans le temps on mesure le PIB en volume ou à prix constant en corrigeant de l’inflation le PIB en valeur. Pour comparer les pays entre eux on utilise le PIB/H/PPA. Si l’approche fondée sur le PIB donne des informations sur le niveau de vie, elle reste insuffisante et trop réductrice. En effet le niveau de vie peut se définir comme la quantité de biens et de services auxquels peuvent accéder les individus en moyenne. Les approches en terme de PIB ne permettant pas de prendre en compte les consommations socialisées, les inégalités et d’une manière générale la qualité de vie, il est nécessaire de recourir à d’autres indicateurs.
Mis au point sous l’influence d’A. Sen au sein du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’indice de développement humain (IDH) est un indicateur composite qui a pour objectif de compléter l’approche en termes de PIB en combinant trois éléments : la longévité et la santé, l’instruction et l’accès au savoir, le niveau de vie. La comparaison du classement des pays en fonction du seul PIB par tête et en fonction de l’IDH permet de souligner que le développement humain ne se limite pas à la croissance de la production, les richesses ne sont pas toujours utilisées pour améliorer le sort des populations.
Cependant, l’IDH apparaissant lui-même comme insuffisant pour rendre compte du bien-être, d’autres indicateurs ont été construits pour mesurer notamment la pauvreté (Indicateur de Pauvreté Humaine : IPH1, IPH2; IPM ), ou la situation spécifique des femmes (Indicateur Sexo-spécifique de Développement Humain, indice de participation des femmes).
Par ailleurs la croissance se fait aussi au détriment de la qualité de vie dans le cas où la dégradation du capital naturel est irréversible. Pour essayer de prendre en compte cette dégradation, la conférence de Rio a préconisé la mise en place d'un PIB vert qui retranche du PIB les diminution de capital naturel. Malheureusement, la difficulté de mesurer ce capital naturel explique la faible utilisation de cet indicateur.
Q1. Faîtes un schéma avec production marchande, PIB, production non marchande, Valeur ajoutée, évalué aux coûts de production
Q2. Résumez les limites du PIB par un schéma
Q3. Qu’est-ce que le niveau de vie ? Comment le mesure-t-on ?
Q4. Comment calcule-t-on le revenu national brut ?
Q5. Que nous apprennent les calculs d’A.Maddison sur la croissance depuis 2 siècles ?
Q6. Comment est construit l’IDH ? En quoi permet-il de dépasser le PIB ?
Q7. L’IDH a-t-il lui aussi des limites ?
1.2. Quels sont les facteurs de la croissance économqiue ?
1.2. Quels sont les facteurs de la croissance économique ?
Dissertation : Comment le progrès technique contribue t-il à la croissance ?
La croissance résulte de la hausse de la quantité de facteurs utilisée, travail et capital, et de la hausse de l’efficacité de leur combinaison productive, ce qu’on appelle l’amélioration de la productivité globale des facteurs (PGF)
On peut schématiquement représenter cette relation par l’expression de la fonction de production, qui associe la quantité maximale produite à diverses quantités de travail et de capital utilisées, et qui s’écrit, d’une manière générale, Q = f(K,L). Selon R. Solow (1956), ce qui, dans la hausse de la quantité produite, n’est explicable ni par l’augmentation de la quantité de travail utilisé, ni par l’augmentation de la quantité de capital utilisé, et qu’il nomme le «résidu», mesure l’accroissement de la PGF attribuable au progrès technique.
La croissance extensive repose sur l’augmentation du travail et du capital, tandis que la croissance intensive repose sur une amélioration de la productivité des facteurs.
exercice lecture facteurs de la croissance
A. Le rôle du travail
L'augmentation de la quantité de travail peut se faire par l'augmentation de la population active ou par l'augmentation de la durée annuelle du travail. Cette dernière ayant tendance à baisser dans les pays développés, l'augmentation de la quantité de travail ne peut provenir que de l'augmentation de la population active, elle même liée aux soldes démographiques et aux modifications des taux d'activité. Dans les pays développés la population active augmente faiblement, en revanche dans les pays émergents, l'augmentation de la population active contribue à favoriser la croissance extensive.
L'augmentation de la population permet l'augmentation de la population active occupée (quantité de travail rémunéré) mais aussi de la demande globale, ces deux éléments favorisent la croissance.
B. Le rôle de l’accumulation du capital
Le capital technique (ens des biens et services servant à la production) comprend le capital circulant : stock de biens et de services détruits ou transformés au cours de la production ( consommations intermédiaires) et le capital fixe (stock de biens d'équipement durables, de bâtiment et de logiciels utilisé plus d’un an dans le processus de production). Pour analyser la croissance d’un pays, on s'intéresse essentiellement au rôle du capital fixe dans la production. La quantité de capital au sens strict correspond au stock de capital fixe que possèdent les agents économiques d’un pays. Ce stock comprend des biens d’équipement durable (durée de vie est supérieure à 1 an), des bâtiments (bureaux, usines, établissements scolaires…), des logiciels.
L’investissement est l’acquisition de biens durables devant être utilisés pendant plus d’un an dans le processus de production Ce sont des biens d’équipement, des bâtiments et des logiciels qui viennent renouveler le stock de capital fixe déjà existant ou s’y ajoutent. L'INSEE mesure l’investissement par la FBCF (formation brute de capital fixe). Cet investissement est dit brut car il inclut les investissements de remplacement du capital technologiquement dépassé (obsolète). L'accumulation du capital correspond en fait à la formation nette de capital fixe, c'est-à-dire à la FBCF à laquelle on retranche les amortissements.
On peut analyser l’investissement par secteur institutionnel. I = I productif + I public + I ménages (achat de logements neufs).
On peut aussi analyser les investissement selon la destination, on distingue alors les investissements de capacité, de productivité et de remplacement. Les investissements de capacité désignent l'acquisition de biens d’équipement visant à accroître les capacités de production de l'entreprise ou le stock de capital fixe puisque, par exemple, de nouvelles machines viennent s'ajouter aux anciennes. On met en place de nouvelles machines, de nouveaux bâtiments pour répondre à l’augmentation de la demande. Dans ce cas, la croissance va être principalement extensive. Ils représentent moins d’un sixième du total des investissements mais leur part augmente lorsque la croissance du PIB est plus forte et régresse avec la récession. Des investissements de productivité (ou de rationalisation ou de modernisation) désignent l'achat d'un capital plus performant, plus efficace en raison du progrès technique. Ce capital permet de réaliser des gains de productivité et donc de réduire les coûts unitaires de production dans la mesure où il permet d'économiser de la main-d’œuvre par substitution du capital au travail. Dans ce cas la productivité augmente mais pas forcément la production. Ils représentent près d’un quart du total de la FBCF des entreprises françaises.
Cependant, dans la réalité, il est difficile de distinguer ces trois types d’investissements matériels car les nouveaux équipements ont intégré l’évolution du progrès technique ce qui fait que la production et la productivité augmentent à la fois.
L’investissement productif privé, qui permet l’accumulation du capital physique et la mise en œuvre de l’innovation technologique, modernise le stock de capital, ce qui en élève la productivité. Les dépenses de recherche et développement engagées pour innover, ainsi que les dépenses en formation considérées comme de l’investissement immatériel, contribuent aussi à accroître durablement le potentiel productif.
C. Le rôle du progrès technique
1) Quelles innovations sont ici présentées ?
2) En quoi cela a t-il des effets sur la croissance des pays bas ?
Si le progrès technique (ens des découvertes techniques et scientifiques qui permettent d’améliorer les moyens de productions et d’accroître leur efficacité) est une des sources essentielles de la croissance économique, l’accumulation du capital, sous toutes ses formes, contribue à long terme au progrès technique et participe à l’entretien de la croissance. C’est notamment par l’investissement que les innovations de procédés, les innovations organisationnelles et les innovations de produits se diffusent dans l’appareil productif.
Si R. Solow soulignait, en 1987, le paradoxe d’une accumulation de dépenses en nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) sans gains de productivité, ce paradoxe n’est plus d’actualité depuis le milieu des années 1990 : les entreprises étant parvenues à se réorganiser et les salariés à maîtriser ces technologies, la croissance de la productivité s’est dès lors accélérée aux Etats-Unis. Il peut donc y avoir un décalage temporel entre les dépenses d’investissements et leurs effets sur la productivité.
Les gains de productivité entraînent une accélération de la croissance effective. Ils agissent sur l’offre de produits puisqu’ils permettent d’en fabriquer plus avec autant de travailleurs et de machines. Ils agissent aussi sur la demande de produits à la fois par le pouvoir d’achat qu’ils permettent de distribuer et par l’investissement qu’ils ont permis de financer. Ils entretiennent donc un cercle vertueux de la croissance. En effet, en produisant davantage en moins de temps, on augmente les richesses produites par travailleurs tout en diminuant le coût de fabrication puisqu’il faut moins de temps pour les produire. Les gains de productivité vont alors être partagés entre profit, salaires et baisse des prix, le gain de pouvoir d'achat va permettre d'accroître la demande et la hausse des profits favorisera l'investissement et donc la production.
Q1. Lire les données pour la France
Q2. Pourquoi peut-on dire que le paradoxe de Solow n'est plus d'actualité pour les Etats-Unis?
répartition des gains de productivité en vidéo
D. L’Etat au cœur de la croissance endogène
Les théories de la croissance endogène visent à montrer que le progrès technique, principal moteur de la croissance repose sur une croissance antérieure auto-entretenue stimulée par des décisions publiques appropriées génératrices d’externalités positives. Les investissements en capital humain (ensemble des savoirs, savoir-faire des travailleurs), les investissements dans les infrastructures publiques, dans la recherche, dans la santé augmente la capacité des travailleurs et des entreprises à créer une valeur ajoutée plus élevée (productivité) et à innover. Une population en bonne santé et bien formée peut travailler davantage et de manière plus efficace, des entreprises bénéficiant d’infrastructures publiques de qualité et d’une recherche innovante sera plus compétitive. La croissance repose donc sur des investissements passés engendrant des biens publics.
La présence d’externalités positives et donc la qualité de bien public de certains investissements requiert souvent le financement public de ces investissements.
Q1. Définir : population active, investissement, progrès technique, innovations organisationnelle, productivité, pouvoir d’achat, amortissement
Q2.Faîtes un schéma sur les facteurs de la croissance : progrès technique, travail, capital, innovations de procédés, population, taux d’activité, innovation de produits, croissance, innovations organisationnelles, investissement
Q3. Réaliser le schéma qui permet de passer des gains de productivité à la croissance
Q4. Réaliser le schéma des différentes formes d’investissement
Q5. Qu’est-ce que le paradoxe de Solow ? En quoi est-il résolu ?
Q6. Comment la théorie de la croissance endogène explique-t-elle le résidu ?
Q7. Expliquez la dernière phrase.
1.3. Le rôle des institutions, des droits de propriété et des valeurs dans la croissance et le développement.
Venezuela : dans un pays en faillite
1) Quels sont les besoins non satisfaits ?
2) Peut-il y avoir de la croissance quand les services publics ne fonctionnent pas ? Pourquoi ?
A. les institutions créatrices de marché
Une institution est un ensemble de règles stables qui est reconnu dans une collectivité. Le marché est instable, myope à long terme et il est incapable de produire des biens publics porteurs d'externalités positives. Pour toutes ces raisons, l'Etat, institution particulière qui agit au nom de l'intérêt général va mettre en place des institutions créatrices de marché. On peut dire d'une certaine manière qu'il n'y a pas de marché sans Etat.
L'Etat garantit un cadre réglementaire et un système judiciaire qui permettent le respect des droits de propriété sur la production en luttant par exemple contre la contrefaçon.
Q1. Pourquoi déposer un brevet sur une rose ?
Q2. Combien de roses contrefaites viennent d'Inde ?
Q3. Que se passe t-il si les royalties ne sont pas payées ?
Sans droit de propriété reconnu et protégé par des tribunaux impartiaux, il n'y aurait pas d'échange marchand puisqu'on pourrait s’approprier les biens d'autrui sans les payer. Sans échange possible, ce sont toutes les activités productives qui seraient bloquées : on ne pourrait plus vendre et obtenir un revenu de sa production. L'Etat garantit le respect des contrats, il garantit notamment la propriété intellectuelle protégeant les innovations par des brevets. Un brevet est un titre de propriété intellectuelle qui confère à son titulaire non pas un droit d'exploitation, mais un droit d'interdiction de l'exploitation par un tiers. Ce titre a une durée limitée, généralement 20 ans, voire 25 ans dans le cas de certains produits pharmaceutiques. Protégée par le brevet, l’innovation va procurer un monopole technologique temporaire à l’entrepreneur à condition qu’il rende publique son invention. En effet, en l’absence de brevet, les innovateurs vont être enclins à garder secrètes leurs inventions et à les exploiter eux-mêmes afin de ne pas en perdre le bénéfice (Coca-Cola). La publication du brevet va donc accroître le stock de connaissances publiques qui pourra être librement utilisé lorsque le brevet tombera dans le domaine public. En contrepartie, I’ innovateur va pouvoir en tirer une « rente » ou un surprofit, c’est-à-dire un profit de monopole car il peut imposer un prix plus élevé que celui du marché concurrentiel. Cependant, cette protection est également susceptible de freiner la diffusion des innovations.
Q1. Pourquoi y a t-il des brevets ?
Q2 Combien de brevets ont-ils été déposés en 2012
Q3. Qu'est ce qu'une patent troll ? France brevet ? Que font ces entreprises ?
Q4. Qu'est ce qu'un générique ?
Q5. Doit-on breveter les gènes ?
L'Etat règlemente les marchés afin de favoriser la concurrence. Il protège ainsi les consommateurs en surveillant les concentrations et en interdisant les monopoles, les ententes, les entraves à l'accès au marché (lois anti-trust, accords de libre-échange, interdiction du refus de vente, interdiction du dumping...). Les institutions existent au niveau national : l ’autorité de la concurrence, au niveau européen : la commission européenne chargée de la concurrence, et au niveau mondial : l’organisation mondiale du commerce (OMC)
L'Etat stabilise les marchés et réduit au minimum l’instabilité macroéconomique en menant des politiques conjoncturelles, évitant l'inflation par exemple.
L'Etat légitime le marché en fournissant une protection et une assurance sociales, en organisent la redistribution et en gérant les conflits avec par exemple, les systèmes de retraite, les dispositifs d’assurance chômage et autres fonds sociaux.
Les institutions politiques et sociales qui favorisent la stabilité sociale et juridique sont nécessaires pour prendre des décisions économiques de production, d'investissement, de formation etc. et mesurer les conséquences possibles des choix faits à un moment donné avec le moins d'incertitudes possibles. Toutes les institutions qui favorisent donc les échanges et les calculs économiques à long terme sont nécessaires aux activités des agents économiques et à la croissance.
Q1. Comment la confiance peut-elle se construire ?
Q2. Qu'est ce qu'une institution ? Citez en deux
Q3. Comment le système bancaire peut-il faillir ? Quelle peut être la conséquence ?
A l’opposé, certains environnements institutionnels sont défavorables à la croissance économique. Dans les pays en guerre, instables politiquement, ou encore fortement gangrénés par la corruption, le cadre institutionnel devient un frein au développement économique. C’est le cas aussi de pays où l’activité économique est monopolisée par une minorité au pouvoir qui détourne les richesses à son profit et qui empêche l’existence d’un marché concurrentiel.
B. Les valeurs porteuses du capitalisme.
Le capitalisme est le mode de production dans lequel les propriétaires des moyens de productions engagent leur capitaux afin d'espérer en obtenir un profit. La logique de réinvestissement du profit afin d'obtenir une plus-value aboutit à une croissance de la production. Marx divise la société en 2 classes : les prolétaires et la bourgeoisie qui en conflit pour s'approprier la richesse produite. Pour Marx, la croissance repose sur une valeur d'appât du gain de la classe des propriétaire qui cherchent à accroître leur puissance. « La bourgeoisie (...) a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité à quatre sous dans les eaux glacées du calcul égoïste. » (Manifeste du Parti Communiste 1848)
L'approche de Max Weber dans l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ( 1902) permet de relativiser cette approche en posant que c'est le goût du travail qui explique l'essor du capitalisme dès le XVIème siècle. En effet il montre que l’on peut mettre en évidence une corrélation entre le développement du protestantisme à cette époque et celui du capitalisme. En effet la doctrine protestante ( notamment chez Calvin) se caractérise par une relation personnelle à Dieu et par une indétermination concernant le salut dans l'au delà. Cherchant des signes de Dieu dans leur réussite terrestre, les protestants vont travailler dur sans dépenser leur argent mais en le réinvestissant dans la production. La valeur accordée au travail, à l'individu et à la frugalité (ne pas dépenser) permet ainsi l’accumulation du capital nécessaire à l’essor du capitalisme.
Cette analyse permet de comprendre pourquoi le capitalisme s'est développé plus précocement dans les pays protestants ( Allemagne, pays anglo-saxons) et qu'il a eu du mal à se mettre en place dans les pays catholiques, musulmans, animistes ou confucéens.
1. Définir : institution, droit de propriété, brevet, rente, concurrence
2. Pourquoi peut-on dire qu'il n'y a pas de marché sans Etat?
3. Faire un schéma avec les termes suivants : croissance, Etat, droits de propriété, brevet, lutte contre la contrefaçon, lutte contre la corruption, droit de la concurrence, réduction de l'instabilité économique, marché, confiance, dispositif d'assurances sociales
4. Pourquoi l'absence de cadre institutionnel empêche t-il la croissance ?
5. Expliquer la phrase soulignée
6. Quelles sont les valeurs fondatrices du capitalismes selon Marx, selon Max weber ?