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17/07/2017
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01/07/2017
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"Le bavardage, parlons-en enfin"

Enseignante de philosophie, Florence Ehnuel, dans son livre "Le bavardage, parlons-en enfin", dénonce les méfaits de ce dernier sur la qualité de l'enseignement et le moral du professeur. Elle propose ici quelques pistes pour y remédier.

Florence Ehnuel

Florence Ehnuel © Jean-Marc Gourdon

Désagrément quotidien subi par les enseignants de tous niveaux, le bavardage est pourtant rarement évoqué dans les médias ou dans la littérature spécialisée. Enseignante de philosophie, Florence Ehnuel y consacre un ouvrage pour lever le voile sur la souffrance des enseignants qui y sont confrontés et propose quelques solutions pour y mettre fin.

Votre livre s’appelle Le bavardage, parlons-en enfin. Vous déplorez dès le titre le manque de communication autour du bavardage, même entre enseignants. Pourquoi ce tabou ?

Le bavardage n’est pas un phénomène nouveau, il remonte à 30 ou 40 ans. Et pourtant, nous autres professeurs, nous croyons encore que si les élèves bavardent dans les classes, c’est notre faute, c’est parce que nous ne sommes pas bons. Soit parce que nous n’avons pas d’autorité naturelle, soit parce que nous ne faisons pas de cours d’assez bonne qualité, assez captivants ou assez vivants. Donc nous avons honte, et nous n’en parlons pas. Cela reviendrait à avouer que nous sommes de mauvais professeurs. J’ai l’impression que la situation s’améliore depuis un ou deux ans : nous commençons à évoquer le sujet pendant les conseils de classe, nous l’écrivons parfois sur les bulletins scolaires. Il est important que les enseignants prennent conscience que ce n’est pas de leur faute ; même s’il y a des cas particuliers, le bavardage ne relève pas du professeur, c’est un phénomène de société.

Un blog pour témoigner

 

Florence Ehnuel a également ouvert un blog pour recueillir les témoignages d’enseignants, d’élèves ou de parents sur le bavardage : bavardageparlonsen.fr

Vous-même, en tant qu’ « enseignante bavardée », comme vous vous définissez, vous avez expérimenté plusieurs méthodes pour rétablir l’écoute de vos élèves. Quelle attitude est typiquement inutile face à une classe bavarde ?

Il est totalement inutile de débattre du bavardage avec les élèves, de les raisonner, tant qu’ils ne savent pas se taire, qu’ils ont le réflexe de parler. On peut dialoguer de beaucoup de choses avec eux, mais pour le bavardage cela ne sert à rien. L’école doit avant tout leur apprendre à écouter. Attention également à ne pas trop exiger des élèves. Ils ne peuvent pas être attentifs et concentrés 8h par jour. Il faut instaurer une variété d’exercices, avec des moments où l’on écoute et des moments où l’on peut dialoguer avec les voisins, lors d’activités en groupe par exemple. Enfin, la mise en place d’un cadre très strict, avec un système de sanctions, pour leur faire comprendre qu’en classe on ne bavarde pas, est essentielle. Ce sont les trois grands axes qui pourraient changer les choses. Après, il y a de petites méthodes qui permettent d’obtenir de bons résultats.

Pouvez-vous m’en citer une ?

Il n’y a pas de règles universelles. Le plus important est d’adapter la méthode à sa classe. Dans la mienne, pour l’instant, ce qui marche le mieux, en plus de varier les exercices, est d’appliquer une gradation dans les sanctions. Au premier avertissement, j’indique à l’élève que je le changerai de place s’il continue à bavarder. Au deuxième rappel, je le déplace, au troisième, je lui donne un devoir à faire sur place et au quatrième, je l’exclus.

Il est important d’être strict, mais pas trop non plus. Un petit conseil donné par mes élèves eux-mêmes : il faut définir des règles dès le début de l’année et constamment les rappeler et s’y tenir. Effectuer par exemple un rappel après chaque période de vacances. Maintenir son autorité est en effet l’une des tâches les plus difficiles. Ce n’est pas ce qu’on a envie de vivre avec nos élèves, mais c’est essentiel.

Vous parlez dans votre livre de faire intervenir les parents. Comment peuvent-ils collaborer avec l’enseignant pour résoudre ce problème de bavardage ?

Si un élève est signalé comme bavard par l’enseignant, les parents doivent absolument faire le point avec lui. Il faut savoir que les professeurs ne mentionnent la tendance au bavardage que si celle-ci est particulièrement gênante, toujours à cause de ce problème de honte. Cela signifie que l’élève n’a aucune maîtrise de l’écoute. Il faut aussi en discuter régulièrement avec l’enfant, ne pas l’évoquer qu’une fois. Je crois que les parents pensent que le bavardage est anodin, mais c’est grave. C’est grave justement parce que ça se fait dans l’impunité. Si un élève injurie un professeur, il s’expose, il sait qu’il va être sanctionné. Lorsqu’il bavarde, il ne le sera pas forcément.

Vous incriminez le développement des nouvelles technologies d’information et de communication, qui privilégient le « zapping », pour justifier la tendance des élèves à se disperser et à bavarder. Ne faudrait-il pas adapter les modes d’enseignement à l’évolution de la société, en proposant aux élèves de travailler avec Facebook et Twitter, comme le font déjà certains professeurs ?

J’ai effectivement essayé une année de créer un groupe sur Facebook pour la classe. Cela n’a rien donné, ils n’allaient jamais sur la page. Par contre, je ne l’utilisais pas en classe, car je trouve ça assez terrible d’utiliser Facebook ou Twitter pendant le cours. Lorsque je suis avec mes élèves, si je commence à mettre un ordinateur entre nous, j’aurais l’impression de devenir un poste de télévision !

Je pense que les nouvelles technologies peuvent être utiles, mais si elles ne sont pas accompagnées d’un apprentissage de l’écoute et de la concentration et associées à un système de sanctions, elles ne serviront à rien.

Dans les commentaires d’un article du Figaro parlant de mon livre, beaucoup expriment l’idée qu’il est absurde de faire des cours en présence et préconisent d’envoyer les cours aux élèves par Internet. C’est significatif du fait que les gens croient que l’écoute est avant tout une affaire de medium. J’y vois une extrême naïveté des gens qui croient que l’ordinateur va donner à leurs enfants la capacité d’apprendre. Les nouvelles technologies permettent certes de varier les exercices, mais pas de régler le problème d’écoute. Il n’est pas absurde de dire que le bavardage peut-être le symptôme d’une école à réinventer, mais je pense qu’on ne fera jamais l’économie d’apprendre à écouter et à se concentrer.

Le bavardage, parlons-en enfinFlorence Ehnuel, Fayard, 25/01/2012.


31/05/2017
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Heiddeger et le bavardage

Être et temps : § 35. Le bavardage.

TRADUCTION PAR EMMANUEL MARTINEAU

vendredi 15 juillet 2011, par  Murilo Cardoso de Castro

L’expression « bavardage » ne doit pas être prise ici dans un sens dépréciatif. Elle signifie terminologiquement un phénomène positif qui constitue le moded’être du comprendre et de l’expliciter du Dasein quotidienLe parler, la plupart du temps, s’ex-prime et s’est toujours déjà ex-primé. Il est parole. Mais dans l’ex-primé sont alors à chaque fois déjà inclus la compréhension et l’explication. La langue comme être-ex-primé abrite en soi un être-explicité du Dasein. Cet être-explicité est tout aussi peu que la parole sans plus sous-la-main, au contraire son être est lui-même à la mesure du Dasein. Le Dasein, de prime abord et dans certaines limites, lui est constamment remis - il règle et distribue les possibilités du comprendre moyen et de l’affection qui lui appartient. L’être-ex-primé, dans la totalité de ses [168] complexes articulés de signification, préserve un comprendre du monde ouvert et, cooriginairement, de l’être-Là-avec d’autrui et de l’être-à à chaque fois propre. La compréhension déjà déposée ainsi dans l’être-ex-primé concerne aussi bien l’être-découvert de l’étant à chaque fois atteint et transmis que, aussi, la compréhension à chaque fois prise de l’être et les possibilités et horizons disponibles d’une explicitation et d’une articulation conceptuelle renouvelées. Cependant, au-delà de cette simple référence au fait de l’être-explicité du Dasein, il convient de s’enquérir du moded’être existential du parler ex-primé et s’ex-primant. S’il ne peut être conçu comme sous-la-main, quel est son être, et que nous dit fondamentalement cet être sur le mode d’être quotidien du Dasein ?

Le parler s’ex-primant est communication. La tendance d’être de celle-ci est de faire participer ceux qui écoutent à l’être ouvert pour ce dont le parler parle.

Conformément à la compréhensibilité moyenne qui est déjà incluse dans la langue que l’on parle en s’ex-primant, le parler communiqué peut être dans une large mesure compris sans que l’auditeur se transporte dans un être originairement compréhensif pour le ce-sur-quoi du parler. On comprend moins l’étant dont il est parlé que l’on n’entend seulement déjà le parlé comme tel. C’est celui-ci qui est compris, tandis que le ce-sur-quoi ne l’est qu’approximativement, et au passage ; si on vise la même chose, c’est parce qu’on comprend le dit en commun dans la même médiocrité.

L’entendre et le comprendre s’est d’entrée de jeu attaché au parlé. Loin que la communication « partage » le rapport primaire d’être à l’étant dont il est parlé, l’être-l’un-avec-l’autre se meut dans un parler-l’un-avec-l’autre et une préoccupation pour ce qui est parlé. Et tout ce qui importe à celle-ci, c’est qu’on parle. L’être dit, le dictum, la profération se portent désormais garants de l’authenticité et de l’adéquation du parler et de la compréhension. Et comme le parler a perdu, ou qu’il n’a jamais trouvé son rapport primaire à l’étant dont il parle, il ne se communique pas selon la guise d’une appropriation originaire de cet étant, mais sur le mode de la relation et de la re-diteLe parler comme tel s’étend à des cercles plus larges, et il revêt un caractère d’autorité. La chose est ainsi, parce qu’on le dit.

Dans cette re-dite et cette relation où le défaut de solidité [du parler] se radicalise en une complète absence de sol, se constitue le bavardage. D’ailleurs, il ne demeure pas restreint à la [169] re-dite orale, mais il se diffuse dans l’écrit en tant que « littérature ». La re-dite, ici, ne se fonde pas tant dans un ouï-direqu’elle ne se repaît de ce qu’elle lit, c’est-à-dire récolte. La compréhensionmoyenne du lecteur ne pourra jamais décider ce qui est puisé et conquis à la source et ce qui est re-dit. Plus encore, la compréhension moyenne ne voudra même pas, n’aura même pas besoin d’une telle décision, puisqu’elle comprend tout.

L’absence de sol du bavardage ne lui barre pas l’accès à la publicité, mais au contraire la favorise. Le bavardage est la possibilité de tout comprendre sans appropriation préalable de la chose. D’emblée, il préserve du danger d’échouer dans une telle appropriation. Le bavardage, que tout un chacun peut saisir au vol, ne délie pas seulement de la tâche d’un comprendre véritable, mais encore il configure une compréhensivité indifférente à laquelle plus rien n’est fermé.

Le parler, qui appartient à la constitution d’être essentielle du Dasein et co-constitue son ouverture, a la possibilité de devenir bavardage, et, comme tel, de ne point tant tenir l’être-au-monde ouvert en une compréhension articulée que de le refermer, et de recouvrir l’étant intramondain. Pour cela, il n’est pas besoin d’une intention de tromper. Le bavardage, en son mode d’être, n’est nullement volonté consciente de faire passer quelque chose pour quelque chose. L’être-dit et l’être-rapporté dépourvus de fondement suffisent pour que l’ouvrir se pervertisse en un refermer. Car le dit est toujours de prime abord compris comme « disant », c’est-à-dire comme découvrant. Ainsi, en vertu de son omission propre de tout retour vers le sol de ce dont il est parlé, le bavardage est nativement une fermeture.

Fermeture encore aggravée par le fait que le bavardage, où soi-disant est atteinte la compréhension de ce dont il est parlé, retient, et même réprime et retarde de façon spécifique, sur la base de ce « soi-disant », tout questionnement et tout débat nouveaux.

Dans le Dasein, cet être-explicité du bavardage s’est à chaque fois déjà fixé. Il y a beaucoup de choses que nous apprenons d’abord de cette manière, et il y en a tout autant qui ne dépassent jamais une telle compréhension médiocre. À cet être-explicité où le Dasein est de prime abord engagé, jamais il ne peut se soustraire. C’est en lui, à partir de lui, contre lui que s’accomplit tout comprendre, tout expliciter, tout communiquer, toute redécouverte, toute réappropriation véritables. Jamais un Dasein n’est placé en soi, indemne de tout contact et de toute séduction de cet être-explicité, devant la terre vierge d’un « monde » pour regarder simplement ce qui y fait encontre. La souveraineté de l’être-explicité public a même déjà [170] décidé des possibilités de l’être-intoné, c’est-à-dire du mode fondamental en lequel le Dasein se laisse aborder par le mondeLe On prédessine l’affection, il détermine ce que l’on « voit », et comment.

Le bavardage, qui referme selon la guise qu’on a caractérisée, est le mode d’être de la compréhension déracinée du Dasein. Pourtant, il ne survient point comme un état sous-la-main d’un étant sous-la-main, mais il est lui-même existentialement déraciné selon la guise d’un déracinement constant. Ontologiquement : le Dasein qui se tient dans le bavardage est coupé, en tant qu’être-au-monde, des rapports d’être primaires et originaires au monde, à l’être-Là-avec, à l’être-à lui-même. Il se tient dans un suspens, et, en cette guise, il est pourtant toujours auprès du « monde », avec les autres et pour lui-même. Seul un étant dont l’ouverture est constituée par le bavardage affecté et compréhensif, autrement dit qui est en cette constitution ontologique son Là, le « au-monde », a la possibilité d’être d’un tel déracinement, lequel constitue moins un non-être du Dasein que sa « réalité » la plus quotidienne et la plus tenace.

Toutefois l’« évidence » et l’« assurance » de l’être-explicité médiocre implique que, sous sa protection, l’étrang(èr)eté du suspens où le Dasein est entraîné versune absence croissante de sol demeure à chaque fois en retrait pour ce Daseinmême.


31/05/2017
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face palm


23/11/2016
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