dossier 6. Comment analyser la structure sociale ?
4.2. Une société sans classe ?
A. Les approches théoriques des classes sociales
La structure sociale représente la façon dont les individus d’une société sont inégalitairement regroupés. Selon K.Marx, "l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte des classes". Dans le mode de production capitaliste, mode de production qui suit et résout les contradictions du féodalisme, les capitalistes possèdent les moyens de production et exploitent les prolétaires qui ne possèdent que leur force de travail en ne leur rémunérant qu'une partie des heures travaillées. En achetant la valeur du produit de leur travail à un prix inférieur à ce qu'il leur rapporte, les capitalistes dégagent une plus-value, celle-ci permet l'accumulation du capital et ainsi la perpétuation de la domination de la classe des propriétaires des moyens de production sur la classe des prolétaires-salariés. Ce système est voué cependant à disparaître quand les prolétaires, constituant une "classe en soi "par des conditions d'existence semblables et des intérêts communs deviendront conscients de l'exploitation dont ils sont victimes et s'organiseront collectivement pour résister. La conscience de classe est centrale dans le processus révolutionnaire, elle permet de passer de la "classe en soi" à la "classe pour soi", de la virtualité d'une mobilisation à la mobilisation réelle sous forme de conflit de classe.
Selon Max Weber, la stratification de la société ne peut reposer uniquement sur l'ordre économique, le sociologue doit aussi analyser la façon dont les individus se positionnent dans l'ordre social et l'ordre politique. Il développe une approche multidimensionnelle, nominaliste et subjective de la stratification sociale.
- Dans l'ordre économique, la différenciation des individus s’opère en fonction des « chances d’accéder aux biens » des individus. Il y a des classes sociales, mais celles-ci ne sont pas nécessairement antagonistes. La position sur cette échelle n’est qu’un élément de la position sociale des individus.
- Dans l'ordre social, les individus se classent à partir de leur prestige défini comme honneur social ou distinction symbolique attaché à telle ou telle position sociale. A chaque position est associé un « style de vie », c'est-à-dire un ensemble de pratiques économiques, sociales et culturelles cohérentes fondées sur un système de valeurs et de normes intériorisées par les individus (éthos). La consommation au sens large, et plus particulièrement la consommation ostentatoire est une façon de se distinguer et d'affirmer son statut social en montrant son appartenance à un groupe de statut.
- Dans l’ordre politique, la différenciation des individus repose sur le niveau de pouvoir qu'ils peuvent mobiliser notamment au sein des partis politiques.
Ces trois ordres sont profondément liés, bien que distincts. La position dans un ordre ne détermine pas celle dans un autre : ainsi la noblesse désargentée peut elle compenser son déclassement dans l’ordre économique par une affirmation statutaire. De plus, si les groupes de statut forment des communautés, conscientes de leurs intérêts, marquées par des liens sociaux forts et largement endogames, les classes ne partagent pas ces caractéristiques. Une enquête conduite auprès d’ouvriers américains montre que ceux-ci se définissent comme des travailleurs pour ce qui est du travail, comme des classes moyennes dans l’ordre de la consommation, et comme le peuple sur la scène politique, sans compter qu’ils se perçoivent aussi comme des Chicanos ou comme des Noirs. Les trois dimensions demeurent néanmoins souvent connectées : l’ordre politique est ainsi fréquemment lié aux deux autres ordres, les membres de l’élite économique sont souvent au sommet de l’échelle politique et statutaire.
L'analyse des classes sociales fondée sur l'analyse de Marx s'est développée en France dans les années 50-60 et s’est prolongée dans les années 70 avec notamment les travaux de Pierre Bourdieu qui synthétise les deux approches précédentes. Les classes sociales sont fondées comme chez Marx sur le capital économique, mais il reprend de Weber une analyse multidimensionnelle en accordant une grande importance au capital culturel ainsi qu’au capital social et au capital symbolique. Dans le champ social, la position sociale est définie par le volume et la structure du capital global dont disposent les individus. Il définit ainsi trois grandes classes liées à la possession de ces capitaux et à des habitus et styles de vie spécifiques. Les agents fortement dotés de toutes les formes de capitaux constituent les classes dominantes et les moins dotées les classes dominées, mais les formes de domination intermédiaires dépendent de la composition de ces différents capitaux.
Il existe des rapports de domination et des luttes, notamment pour le contrôle du capital culturel, enjeu majeur selon Bourdieu. La lutte de classe a cependant été remplacée par des luttes de classement. Les classes dominantes cherchent à imposer leur modèle culturel et leur vision du monde aux autres classes par le biais de pratiques de distinction, pour cela elles contrôlent les institutions productrices de légitimité comme l’école ou l’État. Il y a chez elles une stratégie consciente de reproduction qui repose sur la méconnaissance de leurs dominations.
B. La nomenclature des PCS aboutit à une représentation d'une structure sociale sans lutte de classes
En France, la nomenclature des PCS est l’outil utilisé depuis 1954 dans toutes les enquêtes statistiques. Modifiée en 1982 et actualisée en 2003, cette classification place la profession au centre de la définition de la position sociale, en opérant des distinctions selon la situation d’activité ou d’inactivité, et pour les actifs selon la nature du revenu (salariés/indépendants), de l’organisation productive (secteur d’activité, public/privé), du niveau de qualification et de la responsabilité hiérarchique. Dans aucun autre pays, on ne trouve un instrument de mesure standardisé, accepté par l’ensemble des instituts nationaux, stable sur plusieurs décennies, permettant de suivre sur la longue durée des groupes sociaux définis. Une tentative harmonisation est cependant en cours en Europe.
La nomenclature des PCS assemble des individus qui ont des perspectives comparables et des caractéristiques sociales reconnues comme proches, elle s'inspire de la notion de styles de vie et de groupe de statut de Max Weber. Elles prennent néanmoins un peu en compte le point de vue de Karl Marx sur le rôle de la mobilisation sociale puisqu'elles intègrent les conventions collectives et les grilles de classification de chaque branche, produites des luttes de chaque groupe professionnel. C'est donc un outil théorique mixte.
Les ouvriers ne constituent plus le premier groupe, on constate une augmentation des catégories les plus qualifiées et du secteur des services qui peuvent s’expliquer par la tertiarisation de l’économie et la progression des qualification. Ces évolutions entraînent une moindre visibilité de la classe ouvrière en France, une importance numérique plus forte de catégories sociales à l’identité moins forte.
Les PCS constituent un outil d’analyse qui a été contraint d’évoluer avec les mutations de la société contemporaine et qui est contesté du fait de la mise en lumière d’autres formes de clivages comme le genre, l’âge ou les formes d’emploi. Il peut aussi être considéré comme étant daté et mal adapté à la réalité sociale. Ainsi, le dualisme du marché du travail remet en cause l’homogénéité sociale à l’intérieur d’une même PCS. Par exemple, le statut de cadre cache des diversités importantes en termes de rémunération, prestige et stabilité de l’emploi.
C. Vers une société sans classes ?
La contestation théorique de la réalité de l’existence des classes sociales s'est amplifiée avec les modifications profondes de la société depuis la fin des Trente Glorieuses. L'Etat-Providence, en redistribuant les richesses a limité les inégalités. La salarisation généralisée (90% de la population), la tertiarisation des emplois et la forte progression des salariés intermédiaires (cadres, professions intermédiaires, employés de bureau) ont favorisé l'apparition d'une classe moyenne importante d'autant plus que l'augmentation du niveau de vie, fruit de la croissance a généralisé la consommation de masse tout en uniformisant les modes de vie. La démocratisation de l'école a permis par ailleurs de diffuser une culture commune tout en favorisant la mobilité sociale. Les individus modernes ont de plus en plus de mal à s’identifier à un groupe social particulier. Ils revendiquent leur « singularité » à l’intérieur de la multiplicité des réseaux sociaux auquel ils appartiennent. Dans les années 80, le sentiment d'appartenir à une classe sociale diminue, les groupes de référence ne sont plus nécessairement reliés aux groupes d'appartenance. Le déclin de la conscience de classe a été renforcé par la montée des inégalités intra-catégorielles liées au chômage et à la précarité.
La classe ouvrière est devenu moins nombreuse avec la désindustrialisation et le parti communiste moins influent comme en témoigne la disparition progressive des banlieues rouges. Le groupe ouvrier est devenu moins homogène avec l'accession à la propriété d'une partie d'entre eux tandis que d'autres sombrent dans la précarité et le chômage, hétérogénéité observable dans un vote ouvrier qui oscille entre FN et partis de gauche. Le glissement sémantique de « classe ouvrière » à « classes populaires » traduit la dissolution de ce groupe dans un ensemble plus flou rassemblant les ouvriers et les employés.
Sondage IFOP pour l'humanité. Les Français et la lutte des classes, Janvier 2013
Certains sociologues comme H.Mendras ont proposé de représenter la société française comme une société en toupie, symbole de la moyennisation des styles de vie. La constellation populaire rejoindrait la constellation centrale pour former une grande classe moyenne.
La question de la fin des classes sociales ne peut être tranchée définitivement dans la mesure où l'apparition des classes sociales est liée à la question des inégalités. Louis Chauvel a représenté la dimension cyclique des classes sociales par une spirale qui évolue selon l'intensité des identités et des inégalités. En 1830, les inégalités sont très fortes, on peut donc parler de classe « en soi », mais la conscience de classe des ouvriers reste encore très faible. La lutte des classes au XIXème siècle va permettre de constituer la classe ouvrière en classe « pour soi », cette lutte de classe donnera lieu à de nombreuses avancées sociales permettant d'amorcer une diminution des inégalités. Pendant les 30 glorieuses, la « croissance fordiste » va permettre un partage des fruits de la croissance, une réduction des inégalités et une perte de conscience de classe. C'est à cette période que de nombreux sociologues diagnostiquent la fin des classes sociales. Mais depuis les années 80 aux Etats-Unis et plus récemment en Europe, la remontée des inégalités peut se concrétiser par un retour des classes sociales.
En effet, de nombreux signes permettent de penser une re-polarisation de la société. L'homogénéisation des niveaux de vie de la classe moyenne a pris fin dans les années 80 avec la stagnation du pouvoir d'achat. La crise de l'Etat-provdence ne permet plus d'assumer des transferts suffisants pour limiter les inégalités. Les ouvriers n'ont pas disparu, ils représentent encore un cinquième de la population active, de plus la situation des employés tend à se rapprocher de celle des ouvriers avec la taylorisation des services. Les classes populaires continuent à avoir des conditions de vie difficiles, des pratiques culturelles semblables, connaissent plus souvent que les autres la précarité et le chômage, ne partent que très peu en vacances et ont une plus faible espérance de vie que les autres groupes sociaux. La mobilité sociale s'est fortement ralentie avec la fin de la mobilité structurelle et la montée du déclassement scolaire (lié au fait que le nombre de diplômés a progressé plus vite que le nombre de postes de cadres).
La remontée des inégalités de revenus et de patrimoines rétablissent de nouvelles barrière de classe. A partir des études ethnographiques de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, on peut montrer que la grande bourgeoisie demeure fidèle à la définition classique de la classe sociale. Elle rassemble des individus ayant des conditions d'existence très proches en raison de leur style de vie liés à leur fort patrimoine économique et culturel, mais aussi des individus dont on peut présumer une forte conscience de classe par l'observation des stratégies d'entre-soi, qu'elles soit spatiales ou matrimoniales.
Q1. Définir plus value, conscience de classe, style de vie, groupe de statut, capital culturel, capital symbolique
Q2. Citez 2 conditions pour qu’un groupe social forme une classe sociale selon Marx
Q3. Réaliser un schéma dans lequel vous présenterez la stratification sociale selon Max Weber : parti politique, prestige, ordre politique, ordre économique, richesse, pouvoir, classe sociale, ordre social, groupe de statut, stratification sociale
Q4. Quels sont les caractéristiques des dominants selon P.Bourdieu ?
Q5. Quels sont les intérêts et les limites des PCS ?
Q6. Citez 4 arguments accompagnés d’exemple en faveur de la fin des classes sociales
Q7. Citez 4 arguments accompagnés d’exemple en faveur du retur des classes sociales
Q8. Pourquoi peut-on dire que la grande bourgeoisie est la dernière classe sociale ?
6.1. Des inégalités économiques et sociales en augmentation
Société : les oubliés de Grigny
A. Des inégalités multiformes et cumulatives
1. Quelle distinction peut-on faire entre « différence » et « inégalité sociale » ?
2. Faites une liste, la plus exhaustive possible, des critères sur lesquels reposent les inégalités sociales.
3. Quelles sont les deux principales sources d’inégalités économiques ?
4. Pourquoi peut-on dire que les inégalités sont "cumulatives" ?
Il existe des différences entre les individus : entre les entre les riches et les pauvres, entre les hommes et les femmes, entre les beaux et les laids par exemple. Certaines différences ne deviennent pas des inégalités. Elles ne le deviennent que si elles concernent un accès différencié à des ressources socialement valorisées comme l’accès aux ressources économiques (revenu, patrimoine…), aux ressources sociales ou politiques (conditions d’existence, éducation, santé, accès au pouvoir…) et symboliques (titres scolaires, pratiques langagières…).
Les inégalités spécifiquement économiques reposent sur un partage inégalitaire des richesses, elles correspondent à des différences de revenus et de patrimoine entre individus ou entre groupes sociaux. Elles jouent un rôle important dans la mesure où elles engendrent souvent les autres formes d'inégalités sociales. Par exemple, les inégalités de revenu et de patrimoine donnent naissance à des inégalités d’accès au logement, d’accès à la santé, etc. Elles sont liées entre elles par des processus cumulatifs qui alimentent la polarisation de la structure sociale : les avantages des uns s’additionnent pendant que les désavantages des autres se renforcent mutuellement. De plus ces inégalités économiques et sociales ont tendance, comme le montrent les études sur la mobilité sociale, à se reproduire d’une génération à l’autre.
On peut distinguer les inégalités traditionnelles (hiérarchies des revenus, inégalités de conditions de vie selon les catégories socioprofessionnelles par exemple) et les nouvelles formes d'inégalités intra-catégorielles qui se constituent à l'intérieur de chaque catégorie en fonction des conditions d’insertion professionnelle. La dégradation de la condition salariale a modifié en profondeur la perception subjective et objective des inégalités en mettant au jour des inégalités générationnelles, des inégalités spatiales ou encore des inégalités selon la nationalité et l’origine ethnique.
Q1. A l’aide du schéma :Montrez que des inégalités sociales peuvent engendrer des inégalités économiques.
Q2. Montrez que des inégalités économiques peuvent générer des inégalités sociales.
B. La mesure des inégalités économiques et sociales
Le choix des inégalités à étudier n’est jamais neutre. Privilégier l’examen de la distribution de telle ou telle ressource repose toujours sur un jugement normatif concernant les ressources rares que l'on juge bonnes à acquérir. Il y a de nombreux choix possibles sur le type d’inégalités et, donc sur la variable que l’on veut expliquer : par exemple sur les inégalités d'accès à la culture (aller à l'opéra/aller au stade), sur les inégalités de richesse (revenu/patrimoine) etc. Il y a aussi un choix sur les groupes à comparer : inégalités hommes/femmes, inégalités entre PCS, inégalités entre homosexuels et hétérosexuels, inégalités entre individus ou entre ménages etc. Le choix d’une variable ou d'un groupe par rapport à d'autres peut conduire à donner une représentation différente de l’évolution des inégalités. Ainsi, analyser les inégalités de revenu par unité de consommation (inégalité de niveau de vie) est une mesure plus pertinente que par ménage mais elle laisse de côté les inégalités entre famille classique et famille monoparentales. Mesurer les inégalités entre PCS est assez classique, mais cette mesure ne permet pas de percevoir les inégalités intra-catégorielles.
Comment mesurer les inégalités ? Les journaux comparent souvent les revenus des grands patrons par rapport au SMIC. En 2012, le PDG de Dassault a gagné 14,9 millions d'Euros soit 1112 années de Smic. Cette mesure spectaculaire des inégalités ne permet cependant pas de révéler les inégalités de manière précise. On retient classiquement deux grandes méthodes de mesure. La première consiste à raisonner en termes de disparité en partant de moyennes relatives aux groupes considérés.
Ainsi, selon l'INSEE en 2012, les femmes gagnaient 20% de moins que les hommes. Et les cadres gagnaient en moyenne 2,4 fois plus que les ouvriers.
Un autre exemple classique en sociologie, les enfants de cadres obtiennent plus souvent leur bac que les enfants d'ouvriers. Une des limites de ce type de mesure est lié au fait que l’interprétation d’indicateurs moyens ne reflète pas l’hétérogénéité de la catégorie à partir laquelle elle a été calculée.
La seconde méthode de mesure conduit à étudier la dispersion, c’est-à-dire faire une analyse de la façon dont les ressources étudiées se répartissent au sein d’une population donnée. Pour cela, on utilise les fractiles : quintile, décile, centile etc. Le rapport interdécile est l’indicateur de dispersion le plus fréquemment utilisé, il mesure le rapport entre le revenu minimum des 10% de la population la plus riche et le revenu maximum des 10% de la population la plus pauvre. L’intérêt de cet indicateur est de résumer en un chiffre la distribution de la variable étudiée. Selon le fractile choisi, la représentation des inégalités n'est pas la même, les études récentes montrent que les inégalités remontent quand on analyse au niveau des centiles, des millimes ou même des dix-millimes (les 0,1% les plus riches).
Exercice : trouver le salaire médian
A partir du cumul des fractile, on peut construire une courbe de Lorentz. Plus on s'éloigne, de la diagonale, plus les inégalités sont fortes. Le coefficient de Gini est construit à partir de la courbe de Lorentz.
Exercice : Vous présenterez le document puis vous caractériserez les inégalités qu’il met en évidence.
Il existe également des indicateurs synthétiques inégalités sociales comme le BIP40 en France (non mis à jour depuis 2004), l’Indicateur global de santé social (ISS) aux Etats-Unis ou l’Indicateur de pauvreté humaine élaboré par le PNUD mais ils sont difficile à mettre à jour, font l’objet de controverses et manquent de précision. En France
l’observatoire des inégalités est une association qui dresser un état des lieux le plus complet possible, compte tenu de leurs ressources, des formes d’inégalités actuelles, pour le rendre accessible à un large public.
C. Les inégalités économiques et sociales augmentent de nouveau
Sur le long terme, on observe un mouvement de réduction des inégalités économiques corrélé à une augmentation du niveau de vie moyen. Au cours du XXème siècle, les inégalités économiques se réduisent. La forte baisse de la part des revenus les plus élevés dans le revenu total font basculer la société française d’une « société de rentiers » à une « société de cadres ». Cette forte baisse du revenu des plus riches est liée à la destruction physique du capital lors des deux guerres mondiales, l’instauration d’une fiscalité plus progressive et à la taxation des successions.
Selon Simon Kuznet, la croissance du niveau de vie et le développement économique devait conduire inéluctablement à une diminution des inégalités. Mais comme l’avait montré Karl Marx au XIXeme siècle, cette réduction des inégalités sur le long terme n’a rien de mécanique. En effet depuis les années 80, on peut observer une remontée des inégalités dans les pays développés, plus marquée néanmoins dans les pays anglo-saxons. Les inégalités de revenu sont plus faibles parmi les pays nordiques et les pays d’Europe continentale mais plus élevées parmi les pays anglo-saxons et les pays du Sud de l’Europe.
Pour rendre compte de l’évolution des inégalités des niveaux de vie en France depuis la seconde guerre mondiale, on peut distinguer quatre phases principales :
- De 1950 à 1968, malgré la très forte augmentation du niveau de vie moyen, la dispersion des salaires s’est accrue dans la mesure où le SMIG était indexé sur l’évolution des prix (et non sur celle de la croissance) et que les retraités ne bénéficiaient que de pensions limitées.
- De 1968 et 1984, les inégalités se réduisent sous les effets de l’indexation du SMIC sur la croissance économique, de l’augmentation des pensions retraites et de la mise en place de minima sociaux.
- De 1984 au milieu des années 2000, les inégalités face à l'emploi et la montée du chômage ont contribué à un essoufflement du processus de réduction des inégalités économiques : le rapport interdécile (D9/D1) du revenu disponible des ménages décroît, mais à un rythme progressivement plus faible. La France fait malgré tout partie des rares pays dans lesquels les inégalités de revenu interdécile ont diminué contrairement à la plupart des pays de l’OCDE.
- Depuis les années 2000, on observe en France, en utilisant des fractiles plus faibles, une accentuation des inégalités de niveau de vie « par le haut » de la distribution. En effet, aux nombreuses causes des inégalités par le bas peuvent être ajoutées celles des inégalités par le haut. Les dispositifs de protection sociale comme les minimas sociaux ne sont pas toujours facilement accessibles et ne garantissent pas un pouvoir d’achat suffisant pour sortir de la pauvreté. D’une manière plus générale, les inégalités par le bas sont liées à l’accès différencié à l’emploi qui engendre des inégalités cumulatives et multiples. Les inégalités par le haut sont plus récentes : a) Les revenus du patrimoine, qui représentent une part importante des revenus des ménages les plus riches, ont fortement augmenté. b) Les très hauts revenus salariaux ont explosé (stock-options et bonus des cadres, intéressements, etc.) comparativement aux évolutions des revenus médians. c) La fiscalité est devenue moins redistributive du fait des niches fiscales et aucune réforme n’est en vue pour la rendre plus transparente.
Q1. A quelle condition une différence devient-elle une inégalité ?
Q2. Faîtes un tableau dans lequel vous définirez les différentes formes d’inégalités, en donnerez un exemple, et trouverez une statistique pertinente :
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Définition |
Exemple |
statistique |
Inégalités spatiales |
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Inégalités selon la nationalité ou l’origine l’origine ethnique |
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Inégalités générationnelles |
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Inégalités de genre |
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Inégalités intra-catégorielles (PCS) |
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Q3. Faîtes un schéma du choix des inégalités à observer et expliquer : choix des inégalités à observer , variable choisie, choix du groupes, type d’inégalité
Q4. Remplir le tableau suivant
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Indicateur |
exemple |
disparité |
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Dispersion |
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Q5. Les inégalités économiques sont-elles globalement censées diminuer avec l’augmentation du niveau de vie ?
Q6. A quoi est due la disparition des rentiers au cours du XX siècle ? Faîtes des recherches sur l’instauration de l’impôt sur le revenu et les droits sur les successions.
Q7. Les minimas sociaux suffisent-ils à réduire les inégalités ?
Q8. Sommes-nous revenus à une société de rentier ?
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