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partie 6 Les processus de socialisation et la construction des identités sociales


dossier 6.3. Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?

Dossier 6.3. Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?

prezzi réseau social

A. Combien d’amis avons-nous dans le lycée ?

 Combien « d’amis » avez-vous sur Facebook ? Ou de suiveurs sur Twitter ? A combien de personnes, vous ou vos parents, peuvent-ils téléphoner pour trouver un job d’été ? Quelle est la nature des liens que nous entretenons avec notre famille, nos voisins, nos professeurs, etc. ?

 

Un réseau social est « un ensemble de relations entre un ensemble d’acteurs » (Michel Forsé). Ce concept inclut les réseaux sociaux numériques qui l'ont popularisé mais il est plus large dans la mesure où il englobe toutes les formes d'interdépendance. Pour le sociologue allemand Georg Simmel (1858-1918), la société est « constituée d’êtres qui souhaitent établir exclusivement entre eux des actions réciproques ».

 Ainsi, les individus ne se caractérisent pas seulement par leurs appartenances à des groupes sociaux (sexe, âge, statut, groupe socioprofessionnel, lieux de résidence, nationalité, etc.) mais aussi par des relations. Le concept de « réseau social » permet donc de décrire et d’expliquer ces interactions sociales ou actions réciproques entre les individus et leurs régularités. La sociabilité est définie comme une aptitude à engager des relations sociales avec autrui, mais pour le sociologue, c’est l’ensemble des relations qu’un individu (ou un groupe) entretient avec d’autres. La sociabilité est l’expression élémentaire du lien social, c’est aussi une des mesures de l’intégration sociale.

 

B. les réseaux sociaux en ligne constituent de nouvelles formes de coordination et de sociabilité

La sociabilité est une propension à développer et à entretenir des relations avec autrui. Ces relations dépassent les interactions car elles se répètent, perdurent et acquièrent une histoire, s’inscrivent dans le temps ; elles deviennent singulières dans la mesure où les acteurs ne sont plus substituables.

 

On peut distinguer différentes formes de sociabilité :

· la sociabilité formelle est le résultat d’une organisation préalable

· la sociabilité informelle émerge plus spontanément des interactions.

  

Les relations professionnelles et les pratiques associatives relèvent de la sociabilité formelle ; les rencontres et discussions entre d’amis correspondent à la sociabilité informelle. On peut aussi mettre l’accent sur le caractère collectif ou individuel de la sociabilité. Mark Granovetter propose de différencier les relations de sociabilité par la force du lien, c’est-à-dire de l’intensité ou de la qualité des relations interpersonnelles. On peut encore opposer des relations de proximité (géographique, sociales, ethniques, affinitaires) ou d’éloignement. La sociabilité peut être « contrainte » ou obligatoire,  affinitaire ou élective. Les liens forts sont des liens plus intimes où la sociabilité informelle joue un rôle important, en particulier les liens familiaux et amicaux. Les liens faibles sont des liens plus distendus reposant davantage sur une sociabilité formelle.

 

dyade.PNGtriade signée.PNGreseau orienté.PNG

 


La représentation graphique des relations (ou graphes) est un outil qui permet de mettre en exergue des structures sociales et les configurations. Les graphiques proposés sont formés de la combinaison de deux éléments : les sommets et les arcs. La dyade désigne la relation entre deux unités. C’est la figure la plus simple de l’interaction. La triade est l’unité pertinente de l’analyse des réseaux. Cette forme permet de comprendre que le réseau sépare et relie à la fois.

 

L’analyse empirique des pratiques de sociabilité, notamment celles donnant lieu à des conversations par enquêtes permet de mesurer le temps et le nombre de contacts liés aux différentes formes de sociabilité (visites familiales, fréquentation des cafés, pratique d’une activité associative, communication téléphonique, etc.). Les études distinguent souvent six ensembles de relations concrètes entre les individus : la parenté, les amis, les voisins, les relations de travail, les relations de services et enfin l’ensemble des autres relations (vie associative, pratiques religieuses, rencontres d’inconnus).

 

Le développement des réseaux techniques (téléphone, accès à Internet) a permis l'avènement d'un lien numérique sur les réseaux sociaux en ligne : Copains d’avant, Facebook, Linked In, Myspace, Trombi, Viadeo, … Ces sites Internet ont des particularités différentes mais partagent tous la même finalité : mettre leurs membres en relation. Ces services de réseautage social invitent repenser le sens des mots « amis » ou « contacts » et, plus largement, les relations sociales lorsque les liens augmentent de façon exponentielle.  Viadéo, par exemple, indique à ses membres ses contacts directs et ses contacts indirects. Une personne ayant 20 contacts directs peut avoir 300 contacts de second niveau et 10000 contacts de 3ème niveau … 

 Ce lien numérique permet la mise en place de nouvelles formes de coopérations productives ( blog, forum, mooc, sites de campagnes de candidats, vidéo etc. ) ainsi que de nouvelles  pratiques politiques (cyberactivisme, cybercitoyenneté, cybermobilisation, cyberprotestation). Les réseaux numériques sont mobilisés pour véhiculer les messages électoraux, soulever des fonds, mobiliser le jour du vote, étayant les utopies d’une « cyberdémocratie » ou d’une « e-democracy ».Ils ont été très actifs pendant la campagne présidentielle française de 2007 et américaine de 2008. Ils ont été au cœur des révolutions dans le monde arabe en 2011.

 

Le développement du lien numérique modifie les oppositions traditionnelles entre sociabilité privée (intime, familiale et amicale) et sociabilité publique (tournée vers l’extérieur) et amplifie les possibilités d'appartenance multiples des individus. Certaines études insistent sur les dimensions pathologiques de ce lien ( désocialisation, réification, enfermement sur les communautés, amplification des rumeurs etc.

 

Réseaux sociaux Tisseron

B. Comment trouver un emploi ?

 

Q1. Quelle fonction sociale peut avoir les concours de dégustation de vin ? 

Q2. Comment le réseau social de la famille est-il activé lors du week end des jardiniers ? 


 "Le capital humain se situe dans les points et le capital social dans les lignes qui relient les points". Coleman

Le capital social est l’ensemble des ressources que mobilisent les individus grâce aux réseaux de relations dont il dispose. La mobilisation de connaissances (parents, amis, collègues de travail, voisins, etc.) est souvent nécessaire pour obtenir un emploi stable, voire pour un emploi saisonnier, pour bénéficier d’une priorité (invitation à une soirée), contourner une règle bureaucratique (obtenir un appartement dans HLM « bien situé », une place en crèche, ne pas payer une amende, etc.) ou simplement bénéficier d’un soutien affectif ou partager une bonne nouvelle (permis de conduire, baccalauréat, naissance d’un enfant).

 

Les réseaux offrent des ressources à leurs membres. Les réseaux familiaux sont des sources d’entraide (dons, caution, prêts, garde d’enfants), les réseaux migratoires permettent aux étrangers de s’intégrer plus rapidement dans la société d’accueil par l’aide au logement ou à l’emploi, les réseaux d’anciens élèves des grandes écoles (Polytechnique, ENA, HEC, etc.) ou les réseaux professionnels offrent à la fois des soutiens matériels mais aussi des opportunités d’emplois, un « carnet d’adresses » nécessaire pour mener une carrière prestigieuse, occuper des postes bien rémunérés. La constitution de réseaux informels peut être aussi déterminante pour la compétitivité des entreprises, notamment lorsque les réseaux professionnels offrent des ressources (personnels qualifiés, confiance, partenariat, capitaux) qui sont nécessaires au développement de l’activité.

 

 

 Le politologue américain Robert Putnam souligne l’importance des contacts réguliers entre les personnes, notamment dans le cadre associatif pour mesurer le capital social. La participation à des groupes a des effets bénéfiques pour les individus et pour la collectivité.

 

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Le capital social apparaît comme une externalité positive. La baisse de la participation associative dans les classes populaires (baisse du syndicalisme, bals et sociabilité de quartier) et dans les classes moyennes (stratégies individualistes) témoignerait d’un déclin du capital social.  Le sociologie P. Bourdieu insiste quant à lui sur le fait que le capital social renforce les inégalités économiques et culturelles dans la mesure où les stratégies dans les classes dominantes sont orientées vers la constitution d'un capital social ( ex  rallyes + activité,  club automobile de France, Rotary Club, bottin mondain etc.) qui, converti en position sociale dominante donne accès aux postes prestigieux et aux rémunérations élevées. La mesure du capital social est cependant encore sujette à controverse.

 

 

 

 Lorsque les individus entretiennent des liens interpersonnels, ceux-ci peuvent être « forts » ou « faibles ». Le lien est d’autant plus fort que les personnes ont passé du temps ensemble, ont de l’affection l’un pour l’autre, se font mutuellement confiance et se rendent des services réciproques. Les « liens forts » sont généralement les relations avec les membres de la  famille, les amis proches, les collègues de travail, et les liens faibles,  sont les relations plus occasionnelles et espacées.

 

liens forts liens faibles.PNG

 

 

 Le travail du sociologue américain Mark Granovetter sur le processus d’embauche de cadres dans la région de Boston (États-Unis) permet de souligner l’importance des contacts personnels dans les flux d’information. Il démontre alors « la force des liens faibles » pour obtenir un emploi. Les relations peu intenses et peu fréquentes (ou « liens faibles ») peuvent être plus efficaces, dans certains milieux sociaux, que les « liens forts », pour obtenir un poste. Pour les personnes qui recherchent un emploi, les « liens faibles », qui permettent de rencontrer des personnes à l’extérieur du groupe de fréquentation habituel, sont plus efficaces que les « liens forts » puisqu’ils permettent d’avoir accès à des informations nouvelles.

 

 Ainsi, pour Mark Granovetter, la compréhension du marché du travail ne doit pas se limiter à une analyse en termes d’offre et de demande. Les offreurs (candidats) et les demandeurs (employeurs) ne prospectent au hasard. Avant la signature du contrat de travail, il y a l’ensemble des relations qui ont permis de devenir salarié : conseils de proches (parents ou non), connaissances ou reconnaissances entre pairs, recommandations d’amis ou « d’amis d’amis », etc. Il invite donc à intégrer dans l’analyse du marché du travail les réseaux sociaux mobilisés avant l’embauche. Mais surtout, il précise que l’efficacité des acteurs, et donc leur insertion dans l’entreprise, ne repose pas seulement sur leur seule productivité mais aussi sur la qualité et la diversité de leur réseau, sur « la force des liens faibles ».  Cette analyse a été nuancée dans le cas de la France. En effet, dans les milieux populaires (employés, ouvriers), il semble que se sont plutôt les « liens forts » (conjoints ou parents) qui sont souvent les plus efficaces pour trouver un emploi que les relations indirectes. Par ailleurs le développement du lien numérique invite à repenser la force des liens. Les "amis" de Facebook ou de Viadeo  sont aussi des proches (camarades de classe, voisins) et des membres de la famille. Le développement de ces réseaux amplifie le nombre de liens faibles. 

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L'analyse de la force des liens faible peut être complétée par une analyse des trous structuraux. Un trou structural est une configuration ou un individu rejoint deux cliques. les individus intermédiaires se trouvent dans une relation de pouvoir favorable, ils peuvent arbitrer dans la relation, retenir ou donner des informations, attiser ou utiliser les conflits.

 

trous structuraux.PNG

 

Q1. Définir réseau social, sociabilité, lien faible, graphe, externalité positive, capital social

Q2. Pourquoi la notion de réseau social ne doit pas être confondu avec celle de réseau numérique ?

Q3. Quels sont les effets des réseaux sociaux numériques ? Fâites un schéma en arborescence.

Q4. Comment peut-on mesure le capital social ?

Q5. Le capital social a t-il des effets équivalents dans tous les milieux sociaux ?

Q6 Pourquoi Mark Grannovetter parle t-il de la force des liens faibles ?

Q7. Quel avantage peut-on avoir de se retrouver entre 2 cliques ?

 


04/05/2015
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6.2. Comment les individus s'associent-ils pour former des groupes sociaux ?

6.2. Comment les individus s'associent-ils pour former des groupes sociaux ? 

Les individus sont des êtres sociaux, ils naissent, grandissent, se socialisent et meurent au sein de groupes sociaux. Ils commencent leur vie dans une famille, évolue au sein de groupe de pairs, sont intégrés dans des organisations diverses où ils travaillent, s'engagent ou pratiquent des activités culturelles diverses. La sociologie peut être définie comme l'analyse de la façon dont ces groupes sociaux se forment. 

A. Du groupe primaire au groupe secondaire

On peut distinguer les groupes sociaux selon le degré d'intimité d'une part, le type de relation en jeu (directes ou indirectes) d'autre part :

Les groupes primaires sont caractérisés par un fort degré d'intimité et des relations directes (de face-à-face) : il s'agit de la famille, du groupe d'amis, etc. De ce fait, ils sont relativement stables dans le temps.

Dans les groupes secondaires, au contraire, les relations sont plus souvent indirectes et ont un plus faible degré d'intimité : il s'agit aussi bien des foules que des organisations ou encore des « nations ». À noter qu'il s'agit là d'une différence de degré : il n'existe pas de frontières nettes entre ces deux types de groupes. Cependant, les différences de degré finissent par devenir des différences de nature : groupes primaires et secondaires se différencient tant par le mode de fonctionnement que par le contrôle social qu'ils peuvent exercer sur les individus.

 

Un expérience de fonctionnement dans les groupes secondaires étudié par S.Millgram illustré par le film I comme Icare

1. Décrire l'expérience ( rôle du moniteur, de l'élève, du scientifique)

2. Pourquoi cette expérience est elle appelée soumission à l'autorité ?

3. Quelles sont les causes de cette soumission à l'autorité selon vous ?

Pour aller plus loin :

B. Du groupe de référence au groupe d'appartenance

Le groupe d'appartenance est celui qui détermine les rôles sociaux, c'est-à-dire le rôle que les autres peuvent attendre de l'individu : on s'attend à ce qu'un médecin se comporte comme médecin dans sa fonction de médecin mais aussi au delà de sa fonction dans ses rapports avec les autres catégories sociales. Le groupe de référence est celui auquel l'individu souhaite appartenir et sur lequel il aligne donc subjectivement son rôle : un ouvrier peut ainsi aspirer à devenir un ingénieur, et par conséquent agir comme tel ou du moins adopter des comportements socio-culturels proches de cette catégorie sociale. Le groupe d'appartenance peut avoir une dimension objective et potentiellement imposée, tandis que le groupe de référence est, pour sa part, beaucoup plus électif. 

On peut relier les notions de groupe d'appartenance et de groupe de référence à celle de frustration relative. S'appuyant sur la fameuse enquête de Samuel A.Stouffer sur les soldats américains durant la seconde Guerre Mondiale, Robert Merton souligne que les soldats de l'aviation, où les promotions sont rapides, sont moins satisfaits que ceux de la garde nationale, où les promotions sont rares (Éléments de méthode sociologique, Armand Colin , 1998). C'est que les premiers s'identifient plus facilement au groupe des officiers et jugent donc leur situation présente comme plus insatisfaisante que les seconds qui n'ont pas les mêmes espérances. Cette situation peut déboucher sur des mécanismes de « frustration relative »

Généralement, le groupe de référence est un groupe de statut plus élevé que celui de l'individu. On peut cependant souligner des cas où ce point est moins évident. Les travaux de Dominique Pasquier (notamment Cultures lycéennes, Autrement, coll. « Mutations », 2005) soulignent ainsi que le rap, le R'n'B ou le rock sont dominants chez les adolescents et amènent ceux-ci à s'identifier aux groupes populaires dont ces musiques sont issues. Elle précise ainsi que la culture populaire  est devenue dominante chez les jeunes.  

C. Un groupe social est une construction sociale différent d'une catégorie statistique

 Selon la sociologie, un groupes social est différent d'une catégorie statistique. L'ensemble des personnes qui portent des lunettes ne forme pas un groupe social, de même que l'ensemble des personnes d'une même couleur de peau ou des personnes réunies dans une file d'attente. Un groupe social est donc avant tout une construction sociale dont la réussite dépend de plusieurs facteurs :

 

 

 

 

 

- Pour qu'il y ait groupe social au sens sociologique, il faut qu’il existe des interactions entre les individus. Ces interactions ne sont pas nécessairement "directes": il n'est pas utile qu'ils se soient tous rencontrés pour être un groupe social. Il suffit que les individus soient en interrelations par un sentiment d'appartenance fondé sur un critère : la nation, la profession, le genre, l'âge etc..

 

- Pour qu'il y ait groupe social, il faut que les membres se reconnaissent et soient reconnus par les autres comme membres d'un groupe particulier. Ainsi les jeunes forment un groupe social si les jeunes se définissent avant tout par l'âge et si les autres membres de la société définissent un individu principalement par son âge à partir d'un idéal-type de jeune. Le problème est que la réalité est complexe et que par conséquent il peut exister de nombreuses catégories de jeunes. De même, Luc Boltanski dans son étude sur les cadres a montré comment ce groupe s'est constitué peu à peu autour de l'image d'un cadre salarié d'une grande entreprise ( IBM) ayant fait une grande école (HEC) et travaillant à Paris alors que dans les faits les cadres forment un ensemble très disparates.  

 

 

Pour qu'il y ait groupe social, il faut  que les acteurs se mobilisent pour faire advenir le groupe sous forme d'associations culturelles, syndicales ou politiques et d'institutions qui contribuent à sa pérennité :

- Dans son analyse de la société en terme de classe sociale, Marx pose que les classes sociales deviennent des acteurs collectifs porteur d'un mouvement social ouvrier à partir d'une moment où les conditions objectives de l'appartenance au groupe des ouvriers ( classe en soi) sont doublés d'une conscience de classe révélateurs d'un sentiment d'appartenance ( classe pour soi). Les syndicats ont porté le mouvement ouvrier.   prezzi classes sociales. 

 

 

 

- Les mouvements féministes ont contribué à construire le groupe femme à partir de l'image idéal-typique d'une femme libérée. La diversité de la condition féminine nous montre bien qu'un groupe social pour perdurer doit faire l'objet d'une construction sociale permanente. Celle-ci requiert notamment la mise en oeuvre d'action collective. 

- On pourrait imaginer que les personnes portant des lunettes dans une société partagent un certain sentiment d'appartenance dans le cas où ils voudraient créer une action collective dans l'intention d'augmenter les remboursements de la sécurité sociale.

- Dans le cas du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, le groupe des afro-américains s'est fédéré autour de la figure de Martin Luther King. La couleur de peau est devenu un signe de reconnaissance d'autant plus significatif que cette identité était assignée par les institutions américaines en place ainsi que par de nombreux américains blancs et racistes. 

D. Les professions et catégories socio-professionnelles : une représentation de la structure sociale

Les  PCS sont des groupes sociaux construits par l'INSEE pour rendre compte de la structure socialeLes personnes appartenant à une même catégorie sont susceptibles d'entretenir des relations personnelles entre elles, d’avoir souvent des comportements et des opinions analogues, de se considérer elles-mêmes comme appartenant à une même catégorie et d’être considérées par les autres comme appartenant à une même catégorie. Les critères utilisés sont entre autre le statut ( salarié ou indépendant), le niveau de qualification, la profession, la place dans la hiérarchie, la taille de l'entreprise etc. Elles sont le produit d'un travail historique très long. Certains groupes se mobilisent afin de modifier leur classement dans cette nomenclature et par conséquent leur place dans la hiérarchie sociale. 

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Les PCS ne forment pas une représentation hiérarchisée de la société française, mais il est est possible de positionner les groupes sociaux définis par l'INSEE dans une représentation qui permet de visualiser leur place dans la hiérarchie sociale.

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La variable CSP (catégorie socio-professionnelle)  ainsi construite permet d'expliquer de nombreux comportements décrits par l'observation statistique. 

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Q1. Expliquez en quoi la sociologie est la science des groupes sociaux ?

Q2. Faîtes un tableau permettant de classer groupe primaire et groupe secondaire

Q3. Que nous montre l’étude de Dominique Pasquier sur le groupe des jeunes ?

Q4. Est-il facile de délimiter les groupes sociaux ?

Q5. Utiliser les critères suivants : statut ; qualification forte, moyenne ou forte ; place dans la hiérarchie, secteur d’activité pour classer les

personnes suivantes : ouvrier qualifié du bâtiment, avocat, enseignant, infirmière, boucher.

Q6. Retrouver la catégorie à deux chiffres de ces professions dans la nomenclature Insee ( Blog)

statapprendre PCS 

 l'individualisme dans le football

 

 

 

 


23/01/2015
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dossier 6.1 Comment la socialisation de l'enfant s'effectue t-elle ?

6. Les processus de socialisation et la construction des identités sociales

Dossier 6.1. Comment la socialisation s'effectue t-elle ?

socialisation orléan

Padlet Sandra

A. La socialisation est le processus d'incorporation de la culture

La socialisation est le processus par lequel un individu apprend et intériorise les différents éléments de la culture de son groupe, ce qui lui permet de former sa propre personnalité sociale, son identité et de s'adapter au groupe dans lequel il vit. Il intériorise des manières de faire, de penser et d'être qui peuvent être approchées par les normes, les valeurs, les rôles sociaux de la culture dans laquelle il vit. Les normes sont des règles ou usages, les valeurs sont des idéaux. « Situées socialement », ces pratiques et croyances sont légitimes au sein d’une groupe social donné, mais pas forcément pour la société globale.

Exercice norme

 L’éducation est centrale dans ce processus de construction sociale des individus : la famille tient donc un rôle important dans cette transmission des savoirs, savoir-faire et savoir-être notamment par les fréquentes injonctions ( les parents donnent des ordres et transmettent ainsi les normes ). Mais la socialisation englobe aussi tous les mécanismes  d’imitation  ( des parents ou des pairs ). La socialisation se déroule aussi de manière  tacite, sans véritable usage de contraintes lors des interactions entre membres de la famille ou avec les amis ( discussions, jeux etc.)

Test moodle 

 Les activités socialisatrices auxquelles participe l’individu  réussissent  parfois au point que le socialisé ne perçoit plus ses actions ou pensées comme provenant de l’extérieur, mais les incorpore. C’est pourquoi les individus ont tendance à ne plus voir la trace laissée sur eux par certaines instances de socialisation (notamment, celles qui fonctionnent le plus par suggestion et non par imposition explicite). Pierre Bourdieu nomme habitus cet ensemble de dispositions intériorisées que l'individu a incorporé comme une seconde nature. 


 Gunz n' Rocé : Habitus

 La socialisation contribue à l’intégration de l’individu en le familiarisant avec les rôles sociaux qu’il devra investir au long de sa vie en fonction des statuts ( position sociale) qu'il occupera. Ces rôles sociaux sont des ensembles de comportements attendus d’une personne occupant une position sociale particulière (homme, père, époux, salarié, militant…). Par son action, la socialisation prépare l’individu à habiter ces rôles.

 

B. La socialisation se déroule tout au long de la vie et peut faire l'objet de dissonances

La socialisation n’est jamais achevée et évolue au gré des agents de socialisation que l'on peut définir comme un ensemble de personnes, d’institutions, avec lesquelles l’individu se trouve en contact direct ou non. La famille est le principal agent de socialisation, puis interviennent l'école, les groupes de pairs, les organisations productives et pour finir les médias. Toutes ces institutions à des moments divers, et parfois en même temps transmettent les normes et les valeurs.  Si l’école est un lieu privilégié d’éducation, il s’y passe aussi des moments socialisateurs hors éducatifs.

 

socialisation école inuit 

 

On peut distinguer deux grandes périodes de socialisation :

- la socialisation primaire aux premiers âges de la vie qui donne à la famille un rôle essentiel, ainsi qu'à l'école et aux professionnels de l'enfance. La famille transmet notamment  à l'enfant le langage et les codes sociaux les plus élémentaires ( apprendre à manger, la politesse etc.) Le socialisé dispose de peu de marge de manœuvre face aux instances de socialisation, qui le dominent soit par soumission volontaire et affective (auprès des parents par exemple), soit par la contrainte.  Cette socialisation a tendance à donner au socialisé des schèmes globaux de décryptage du monde.

- la socialisation secondaire qui s'inscrit tout au long de la vie et qui se réactive en particulier lorsque l'individu accède à un nouveau statut social. La socialisation secondaire met en jeu des instances de socialisation potentiellement beaucoup plus diverses que la socialisation primaire : le couple, la profession, les associations, les organisations militantes, les amis, l'Etat. Plus hétérogène, plus « choisie » et moins affective que la socialisation primaire, la socialisation secondaire est aussi moins « globalisante ». Elle inculque à l’individu un certain nombre de règles et de schémas de pensée qui vont lui permettre de se repérer et d’agir dans un univers donné ( professionnel, sportif, militant par exemple) mais sans constituer obligatoirement un principe général de décodage du monde.

 La socialisation primaire (notamment familiale) a des effets durables sur l’individu. Les sociologues ont pointé les mécanismes fondamentaux de la reproduction sociale induite par cette socialisation.  Les enfants ont tendance à exercer des professions proches de celles de leurs parents, notamment par le fait que la relation des parents à l’école va prédisposer les enfants à des attitudes et aptitudes spécifiques face aux exigences scolaires. 

 

 

La reproduction sociale est cependant atténuée par divers mécanismes : 

-  la multiplication des instances auxquelles l’enfant est exposé peut aboutir à ce que celui-ci reçoive des messages contradictoires. En effet, il peut arriver par exemple que les normes et valeurs prônées par la famille ne correspondent que peu ou partiellement aux normes et valeurs incarnées par l’école. Les dissonances culturelles induites par les exigences contradictoires des différentes instances de socialisation  peuvent favoriser l'échec scolaire des enfants de classes moyennes ou la réussite des enfants des clkkasses populaires. Tout dépendra u groupe auquel l'individu/élève s'identifie.

-  les individus motivés par le désir de changer de groupe social  peuvent mettre en place une socialisation anticipatrice en choisissant d'adhérer à des normes et des valeurs différentes de leur groupe d'appartenance mais proches du groupe de référence qu'ils se sont choisis. Les produits de la socialisation primaire peuvent être ainsi modifiés, infléchis par la socialisation secondaire.  Cette socialisation anticipatrice favorise la mobilité sociale ascendante.

C. La socialisation produit des inégalités de genre

webdocumentaire 

 

La socialisation primaire réalisée dans la famille et dans les lieux de garde concerne tous les enfants mais elle est différente selon qu'il s'agit d'un garçon ou d'une fille. On parle alors de socialisation différenciée pour comprendre comment les normes et les valeurs sont intégrées différemment selon le genre. Les rôles dans la famille sont fortement sexués : les femmes s'occupent de la plupart des tâches domestiques et les hommes se consacrent au bricolage.

 

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Les jeunes filles et les jeunes garçons s'identifient fortement à ces rôles et projettent souvent leur ambition sociale en fonction de cette répartition comme on peut le voir notamment dans la différenciation des jeux et des activités culturelles selon le genre. Le groupe de pairs va aussi fortement enraciner les stéréotypes nés dans la famille et relayés par les médias. Les stéréotypes fonctionnent comme des harmoniques qui se répondent entre elles et ne laissent pas la possibilité de penser autrement. Ainsi par exemple alors que les niveaux scolaires sont à peu près équivalents en mathématique entre les garçons et les filles, les stéréotypes selon lesquels les filles sont plus littéraires que les garçons parce qu'elles sont censées être plus du côté de l'émotion induisent le fait qu'elles vont plus souvent dans les filières littéraires et se consacrent moins souvent à des carrières prometteuses en terme de revenu et de prestige.

part de filles par filière.PNG

 

courir comme une fille

Q1. Quels sont les stéréotypes mis en avant par cette publicité ? 

Q2. En quoi ces stéréotypes sont-ils porteurs d'une socialisation différenciée ? 

la fabrique des garçons

Q3. Quels sont les effets négatifs de la socialisation des garçons ? de la socialisation des filles ?

Q4. Quels sont les deux systèmes normatifs entre lesquels sont pris les jeunes garçons ?

Q5. Qu’est ce que le plafond de verre ? la fabrique des garçons ? l’homophobie ?

Q6.  Selon vous doit-on changer la façon dont on socialise les filles et les garçons ? Et comment ?

D. La socialisation au coeur de l'inégalité des chances scolaires

Les jeunes issus des milieux populaires ( ouvriers, employés) réussissent beaucoup moins bien à l'école que les jeunes issus des milieux favorisés ( cadres, professions intermédiaires, chefs d'entreprise).

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Pourquoi ? Contrairement à l'idée reçue qui dit que cette inégalité des chances est liée aux différence de revenu des familles, les sociologues de l'éducation  ont montré que ces inégalités reposaient sur une inégale distribution sociale du capital culturel. Celui-ci se définit comme l'ensemble des ressources culturelles (langage, livres, connaissances des oeuvres du répertoire classique, tableau etc.) qui se transmettent principalement dans le cadre familial. Ainsi les jeunes qui grandissent dans un milieu social qui développe une culture proche de celle de l'école vont mieux réussir que ceux dont les parents sont très éloignés de la culture scolaire.

epreuve composée

 

schéma socialisation.PNG


21/03/2015
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