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littérature et société


Comment rédiger une critique de film

Rédiger une critique de film

 

 

 1.           Commencez avec un point de vue ou une information accrocheuse afin que votre lecteur ait envie de lire la suite.  

 

2.           Donnez rapidement votre opinion. Ne laissez pas le lecteur se demander si vous avez aimé ou non le film. Vous aurez le temps de développer les raisons de votre opinion par la suite.

 

 3.           Développez vos arguments à partir de preuves tangibles récoltées lors du visionnage du film. Revisionner le film ou des parties qui vous intéressent. Personne ne se souciera de votre opinion si vous ne cherchez pas à l'argumenter.

 

4.           Ne vous contentez pas d'analyser l'intrigue principale. L'intrigue ne permet pas de juger un film dans sa globalité. Il est donc important que vous vous intéressiez aux éléments suivants : le ton, l’ambiance du film, la musique et les sons, le jeu d'acteur etc…

 

 5.           Collectez des informations sur le film. Vous pouvez le faire après avoir vu le film, mais surtout avant de commencer à rédiger votre critique. Il vous faudra chercher les éléments suivants : le titre du film et l'année de sa sortie, le nom du r éalisateur, les acteurs principaux, le genre cinématographique 

 

6.           Analysez la mécanique du film. Prenez les différents éléments séparément puis analysez la façon dont ils s'imbriquent dans le film. Cherchez à restituer l'impression que vous a laissée le film sur les points suivants.

- les choix du réalisateur - techniques utilisées - le montage - les costumes - les décors -  la bande originale

 

7.           Créez une thèse originale fondée sur votre analyse. Quel point de vue pouvez-vous apporter à l'analyse du film ? Votre idée centrale doit être fondée sur vos observations et développée dans le premier paragraphe de votre critique. C'est l'élément central qui permettra de transformer votre article d'un simple résumé du film à une réelle critique cinématographique. Posez-vous les questions suivantes afin de trouver votre thèse :

-               Le film repose-t-il sur un évènement contemporain ? Cela permettrait au réalisateur de créer un débat plus général. Cherchez des éléments connectant son film à l'actualité.

-               Le film porte-t-il un message ou cherche-t-il à créer une émotion chez le spectateur ? Déterminez si le réalisateur a oui ou non atteint son objectif.

-               Le film a-t-il une signification particulière pour vous ? Vous pouvez vous baser sur vos propres sentiments et expériences pour intéresser le lecteur.

 

8.           Utilisez de nombreux exemples afin d'appuyer votre thèse. Décrivez une scène ou le jeu d'un acteur, l'angle de la caméra, etc. Vous pouvez également citer des dialogues afin de donner à votre lecteur un aperçu du film et exprimer votre avis.

 

9.           Passez à votre analyse du film. Discutez des éléments pertinents du film soutenant votre thèse. Parlez du jeu des acteurs, de la réalisation, de la cinématographie, du décor, etc.

 

10.      Résumez votre critique à la fin de l'article. Concluez votre article en reprenant votre accroche. Votre lecteur souhaite savoir s'il doit oui ou non, aller voir ce film. Votre conclusion doit lui permettre de prendre sa décision.

 

11.      Exprimez votre personnalité. Il ne s'agit pas d'une dissertation et vous devez donc imprimer votre marque dans cette critique. Si votre style d'écriture est plutôt enlevé, votre article doit également l'être. Si vous êtes plutôt sérieux et dramatique, utilisez également ce ton. Votre style doit refléter votre personnalité, car c'est ce qui plaira au lecteur.

 

12.      Éditez votre critique. Une fois que vous aurez fini votre brouillon, relisez-le et changez la structure si cela est nécessaire. Vous pouvez effacer certaines phrases ou intervertir des paragraphes par exemple. Relisez votre critique à plusieurs reprises avant de passer à la suite.

◦                              Votre critique est-elle pertinente et se réfère-t-elle à votre thèse ? La conclusion reprend-elle votre accroche ?

◦                              Assurez-vous que votre critique contienne suffisamment de détails. Si nécessaire, ajoutez plus de descriptions afin de donner un meilleur aperçu du film à votre lecteur.

◦                              Votre critique est-elle intéressante en elle-même ? Avez-vous contribué au débat entourant le film ? Que pourront en tirer vos lecteurs qu'ils n'auraient pas trouvés dans le seul visionnage du film ?

Rédiger une critique de film

 

Source wiki how 12 étapes


30/11/2016
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La démocratie des crédules par gérald bronner

 

Pour la suite, aller sur le lien suivant : france inter 


20/11/2016
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LA VIE D’APRÈS POUR LES FAMILLES ENDEUILLÉES LE 13-NOVEMBRE

 

Des proches de victimes des attentats racontent un quotidien de douleur, de colère et de petits pas vers un retour à un semblant de normalité.

LE MONDE |  • Mis à jour le  | Par 

 

image: http://s2.lemde.fr/image/2016/11/12/534x0/5029946_6_d1f9_hommage-aux-victimes-du-bataclan-le-25_5c75a4c74d6d52bbaccb4d501b7bfeab.jpg

Hommage aux victimes du Bataclan, le 25 novembre 2015.

Sans elle. Sans lui. Sans eux. Il a bien fallu vivre. Cruelle, que cette année de l’« après », pour les familles endeuillées. Douze mois suffisent pour prendre la pleine mesure du manque. Mais ils n’offrent pas encore la certitude qu’avec le temps, viendra une forme d’apaisement.

Elisabeth Boissinot, écrasée de douleur, d’impuissance, de colère et d’une irrationnelle culpabilité, n’est pas prête à croire tous ces « psys » que le malheur a épargnés. Leurs livres mentent, les mois n’y changent rien. La mère de Chloë, qui eut le malheur de s’attabler en terrasse du Carillon, est aussi épouse, mère de cinq autres enfants, pierre angulaire d’une petite tribu désormais « de guingois ».

« Un an après, on parle de Chloë à chaque repas, on se rappelle un souvenir, une bêtise, et il y en a toujours un qui pleure. Moi je dis “Allez, allez ! On parle d’autre chose”. J’essaie de compenser, d’organiser une petite sortie restau, pour qu’on ait l’impression d’être normaux. Mais on ne l’est pas. On est amputés. »

Lire aussi :   Un an après, que reste-t-il du 13-Novembre ?

Tout est compliqué, dans la vie d’après. Ecouter de la musique en voiture ? C’est risquer d’avoir envie de fredonner. On ne chante pas quand sa fille de 25 ans est morte. Regarder une série télé ? Pour se retrouver avec une séquence à la morgue, hors de question… Allumer les infos ? Et tomber sur Nice, d’autres attentats, encore plus monstrueux, « sur ces familles qui cherchent leurs proches, comme nous, pendant deux jours, dans tous les hôpitaux ». Vite, vite, éteindre.

Deuil impossible

Même recevoir de l’argent pose problème. Elisabeth Boissinot et son mari, Bernard, ont perçu une indemnité de 50 000 euros. Leurs cinq enfants, 7 000 euros chacun. Personne, pourtant, ne songe à dépenser « l’argent du sang de Chloë ». Lorsqu’il a fallu changer la voiture, le couple a pris un crédit. Tous ces sous seront pour les petits-enfants, sans doute, quand on pourra rendre grâce à « tata Chloë » sans trop de pleurs.

Inimaginable, pour l’instant. Chaque 13 du mois, Elisabeth revit le drame. « Je ne la reverrai pasje ne verrai pas la nouvelle coupe de cheveux, ni les bottines pour l’hiver » qu’aurait choisis sa petite vendeuse en épicerie de fille, coquette et avenante.

Si ce n’est l’hypothétique œuvre du temps, reste à espérer ce rapport d’autopsie dont la transmission tarde. Ses enfants ont beau lui dire qu’elle se complaît dans son malheur, Elisabeth veut savoir. « Laquelle des trois balles l’a tuée en premier ? A-t-elle souffert ? Quand Nicolas, son petit ami, nous a appelés pour dire qu’ils étaient dans les attentats, qu’il avait perdu Chloë, elle devait déjà être morte. Et moi je n’ai rien senti. Je m’en veux. »

Lire aussi :   Chloë Boissinot, 25 ans, #EnMémoire

Brutal, dénué de sens, connu de tous, ce deuil transforme le quotidien en autant d’épreuves à affronter. Pour Pierre-Michel Sailhan, l’année 2016 a commencé par la dispersion des cendres de sa compagne, Madeleine Sadin, tuée au Bataclan alors qu’elle assistait avec lui au concert des Eagles of Death Metal.

Pierre-Michel, qui s’en est sorti vivant, quoique blessé au bras, a ensuite dû reprendre le travail dans ce collège Adolphe-Chérioux de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) où tous deux s’étaient rencontrés. Arpenter ces lieux vides de la présence de Madeleine, mais emplis de la curiosité de quatre cent cinquante jeunes et de trente collègues.

Et répondre à une curiosité dénuée de tout filtre – comment cela s’est passé, comment Madeleine est-elle morte, depuis combien de temps étiez-vous ensemble ? « J’ai tâché de dispenser une parole raisonnée, une parole d’ouverture, en dépit de la peine, indique le jeune enseignant. J’ai de nouveau expliqué que la religion, ce n’était pas tuer des gens… Je leur avais déjà dit cela après Charlie. »

Tenir son poste

A l’époque, Pierre-Michel Sailhan avait eu bien du mal à dialoguer avec l’un de ses élèves. Face à son professeur touché de plein fouet, il s’est cette fois « montré beaucoup plus attentif et affectueux ». Ses camarades aussi se sont inquiétés de la santé de leur enseignant. « Ils ont essayé de me protéger, constate celui-ci. Puis ils sont vite redevenus ce qu’ils sont : les bavards se sont remis à papoter ; les timides le sont restés. Ils sont passés à autre chose. »

La vie, à petits pas, impose son cours, ses routines anesthésiantes. « Salutaire », pour Pierre-Michel Sailhan, que de tenir coûte que coûte son poste toute l’année. « Même s’il était très difficile de travailler dans un établissement où j’avais rencontré Madeleine. »

Il n’a été absent qu’une seule fois, lors de sa convocation à l’Ecole militaire avec les victimes et les familles de victimes. « On ne m’a rien épargné, et c’est ce que je souhaitais. J’ai même demandé à être inspecté. »Pierre-Michel enseigne aujourd’hui dans un lycée de la région parisienne. Anonyme, ou presque. « On a parfois envie de ne pas être reconnu », confie-t-il.

Le jeune homme redouble d’attention pour son fils, issu d’une précédente union, qui avait 3 ans et demi au moment des faits. Un pédopsychiatre aide à panser les plaies. Le petit garçon se débat avec une réalité qui le dépasse. « On ne comprend pas ce qu’est la mort à son âge. Il est très endolori, en colère parfois, frustré d’avoir été dépossédé d’elle », explique ce père pourtant conscient de lui devoir son « salut ».

« Il a voulu me protéger. Il a été tendre, et j’ai essayé de lui faire plaisir. Je ne peux pas dire que cela m’a rendu heureux, mais cela m’a procuré des moments de satisfaction. »

Continuer, comme aux temps de l’insouciance, alors que personne n’est dupe, ce temps-là ne reviendra pas. Mais continuer pour ne pas tomber. Et culpabiliser si l’on y parvient trop bien. « Cela fait aujourd’hui 365 jours que je suis “prems” à la douche, que je suis toujours devant dans la voiture, que j’ai la télécommande sans la cacher, qu’il n’y a plus d’enjeu pour le dernier Kinder Bueno, qu’on ne m’appelle plus Esclaire” », énumère Claire Rouat, dans un très beau courrier adressé au Monde.

Estelle, sa sœur de 25 ans, qui démarrait à peine sa carrière de professeur d’anglais, a perdu la vie au Bataclan. « Le plus dur, explique Claire, c’est de réussir. Réussir à rigoler, réussir à faire la fête, réussir à vivre. Je sais ce que pensent les autres. Elle y arrive, la petite sœur, c’est super”. Mais moi je m’en veux presque de réussir. Ça me fait mal au bide. »

Continuer sa vie

La tribu de Chloë Boissinot fera semblant de fêter Noël à la neige. Une maison est réservée pour dix-sept personnes. En attendant, Nicolas, le petit copain qui a échappé de peu à la mort, a ramené toutes les affaires de son amoureuse dans le garage parental, devenu une sorte de sanctuaire. Il voit souvent les frères et sœurs de Chloë tandis qu’Elisabeth, la maman, préfère éviter de se rappeler à lui. « Je veux qu’il continue sa vie. »

Les filles de la maison ont commencé à piocher dans les malles de la jeune défunte. Julie, sa sœur jumelle – que sa mère a vue « devenir plus dure à force de prendre sur elle » s’est emparé d’une robe, Lucie d’un blouson. « Ses affaires ne restent pas figées, je les lave, je continue à voir ses robes bouger sur des petites fesses », dit en souriant Elisabeth, qui veille sur un bébé en attente d’adoption. Lorsque l’un de ses cinq petits-enfants lui a demandé de l’accompagner chaque jeudi au roller, elle n’imaginait pas lui répondre « Mamie reste au lit à pleurer ». Elle va donc au roller.

L’ennui, c’est que chaque fois qu’elle sort de chez elle, à Château-Larcher (Vienne), la sexagénaire croise le chemin d’une bonne âme qui s’apitoie, « Ah ma pauvre, comment vous faites, moi je ne pourrais pas ! »Elle se dit qu’elle n’a pas trop le choix. Agaçant, bien sûr. « En même temps, ma hantise, c’est qu’on ne m’en parle plus, qu’on ne pense plus à elle. »

Une ambivalence dont témoigne également Pierre-Michel Sailhan. Famille, élèves, amis l’ont aidé, comme ils ont pu. Trop, suffisamment ou pas assez. « Il y a eu une période où j’étais accablé de SMS… Puis, on voit vite qui arrive à parler et qui n’y parvient pas, qui sait garder la distance nécessaire et qui dépasse les bornes. Devant des amis qui me disaient “Je souffre, je souffre énormément’’, j’ai parfois eu l’impression qu’on me volait mon chagrin. »

« J’ASPIRE DE NOUVEAU À L’ÊTRE, MAIS CELA NE S’OBTIENT PAS AU FORCEPS. J’AURAI CETTE TRISTESSE TOUTE MA VIE »

Le jeune professeur observe le changement qui s’est opéré en lui. Il se sent plus ouvert aux autres, témoigne plus facilement de son affection. « Je n’hésite pas à dire “mon amour”, à prendre les gens dans mes bras. » Le 13 novembre 2015, cela faisait tout juste quinze jours qu’il s’était fiancé à Madeleine. Les billets du voyage de noces étaient achetés. « Enfin », il était heureux. « J’aspire de nouveau à l’être, mais cela ne s’obtient pas au forceps. J’aurai cette tristesse toute ma vie », craint-il, sans pour autant en vouloir à quiconque. Sauf aux terroristes.

« Je n’éprouve rien vis-à-vis d’eux, assure-t-il. Je ne pense pas à eux. J’ai accepté de ne pas accepter parce que je ne comprends pas. Mais je leur en veux, bien sûr, d’avoir tué ma compagne, d’avoir en partie détruit ma vie, et d’avoir bouleversé celle de mon fils. »

Au jour du procès de Salah Abdeslam, Elisabeth Boissinot entend « regarder l’homme qui a décidé d’anéantir toute une famille », lui faire sentir la douleur d’une mère. « Il a organisé la mort de 130 personnes mais ça ne veut rien dire pour lui. Il ne sait pas que Chloë voulait se marier. Il ne sait pas qu’elle voulait des enfants. »

Cet espoir de face-à-face est sûrement vain, se doute-t-elle, mais elle se lève avec lui chaque matin. Par trois fois, elle a écrit à François Hollande. « Si l’un de vos fils était mort ce soir-là, est-ce que vous auriez géré les choses de la même façon, pas plus sévèrement ? » Elle a reçu des « réponses toutes faites » qui l’ont déçue. « Je voterai Marine Le Pen. Je n’y aurais jamais pensé avant, mais j’ai quoi, moi, pour me rebeller ? Je veux leur faire payer. »

Renouer avec son quotidien

Michel Delplace aussi s’est tourné vers l’Elysée. Sa fille de 35 ans, Elsa, ainsi que sa première épouse, Patricia San Martin, 61 ans, ont été « tuées » au Bataclan – un participe passé choisi avec soin par cet ancien directeur de la maison des jeunes et de la culture du Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis. Seul son petit-fils de 6 ans est ressorti vivant du concert où sa mère et sa grand-mère l’avaient accompagné. Michel a dû réapprendre à lire le journal qui, depuis un an, s’entassait par piles entières chez lui. Trop douloureux.

Voilà seulement deux mois qu’il a recommencé à s’informer chaque jour, mais aussi « à rattraper le retard par le début », parcourant enfin les pages de novembre 2015. Ce fidèle abonné de L’Humanité a vécu une « Fête de L’Huma » bien différente des précédentes. « Chaque dimanche qui précède la Fête, on se retrouve pour manger avec les animateurs des stands de notre circonscription. L’an passé, je mangeais avec Elsa à mes côtés. Cette fois, j’ai préféré éviter le repas. » Le cœur lourd, il a toutefois gagné son stand : celui de Dugny, dans le « 93 », section locale du Parti communiste (PCF).

Il a aussi repris place au conseil municipal de la ville. Souvent le regard dans le vague. « Je ne peux pas, je ne veux pas partager cette souffrance. » Dans sa poche, un petit papier avec ces vers d’un poète persan : « Souffre seul, sans que l’on puisse, ô victime, te traiter de bourreau ». Un temps, Michel a songé à partir n’importe où, loin du souvenir d’Elsa. S’il est finalement resté, c’est pour agir.

Il a écrit au président, lui suggérant de se pencher sur les racines du terrorisme, à l’étranger comme en France, plutôt que de « répondre aux enjeux de ce monde par les Rafale et les missiles ». Il verrait bien aussi une journée de réflexion à l’Assemblée nationale, avec des philosophes, des penseurs et des écrivains. De grands esprits pour de lourdes questions : « Pourquoi nos sociétés européennes produisent-elles tant de jeunes djihadistes ? Quels moyens pour la sécurité ? Que faut-il changer ici et là-bas ? »

Denis Trichet, le compagnon d’Elsa, a revu « Monsieur Delplace » pour l’anniversaire de son petit-fils. Il lui a offert « un tee-shirt trop grand, une casquette trop grande, des bonbons sans doute trop sucrés. » Mais « l’idée était là », ajoute le graphiste, invité pour l’occasion par le père de l’enfant né d’une première union, un 15 juillet. Sa mère était du 13.

Incompréhension des amis

Treize. Le nombre figure désormais sur le bras gauche de Denis (« pour l’anniversaire, pas pour le 13 novembre »). De même qu’un hippocampe (« Elsa en avait un ») et des fleurs chiliennes, référence aux origines maternelles de la jeune femme. Ultime élément du motif, une guitare rappelle la passion commune du couple.

Ce « féru de musique » est retourné à un concert deux mois après l’enfer du Bataclan auquel il a survécu. Comme Elsa, il appréciait le groupe de rock islandais Agent Fresco. « Je les ai contactés sur Internet. Ils ont chanté un morceau en hommage à Elsa. » Ce soir-là, à La Maroquinerie, à Paris, une amie l’a accompagné, oubliant qu’elle préférait la musique classique.

Mais d’autres l’ont déçu. « Un bon ami m’a dit : “Oh, non, ce concert-là, ça ne me tente pas”. II n’avait rien compris. Je lui demandais de venir pour moi… » Après avoir « fait le tri » dans son entourage, appris rapidement à se passer d’anxiolytiques, Denis s’est remis « activement » à chercher du travail. Et pour retrouver de l’allant, il s’est inspiré de « figures positives » comme Caroline Langlade, cocréatrice de « Life for Paris », l’une des associations de soutien aux victimes et à leurs proches. Denis s’escrime aussi à réveiller son espagnol. Objectif Chili, afin de retrouver une partie de la famille d’Elsa. Un voyage qu’il effectuera seul.

Du 11 au 14 novembre, en revanche, Denis visitera les Pays-Bas avec une proche. A l’écart du « torrent » médiatique qui submergera le 13 novembre.

« Elsa aura toujours une place dans mon cœur, mais pas comme un fantôme qui me hante. Bien davantage comme une présence bienveillante dont j’honorerai la mémoire du mieux possible. Avec résilience. Avec ses valeurs. »

Elle n’est jamais sortie du Bataclan. Lui fait tout pour.


 


13/11/2016
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ATTENTATS DE PARIS ET BRUXELLES : UN COMMANDO BELGE SOUS L’EMPRISE DU PRÉDICATEUR KHALID ZERKANI

 

Ce Marocain de 43 ans, aujourd’hui en prison, avait tout sauf l’air d’un gourou charismatique. Mais son empreinte a été considérable sur tous ses affidés qui l’avaient surnommé « Papa Noël ».

 

LE MONDE |  • Mis à jour le  | Par 

 

image: http://s2.lemde.fr/image/2016/11/12/534x0/5029949_6_b954_les-ambualances-apres-l-exposion-de_431182091259eb5f201c72e07dfb0cfe.jpg

Les ambualances après l’exposion de l’aéroport de Bruxelles, le 22 mars.

Une trentaine d’individus, sur la cinquantaine impliquée à divers degrés dans les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 22 mars 2016 à Bruxelles, sont belges et issus des mêmes quartiers. Un certain nombre d’entre eux, maillons-clés de l’organisation, sont passés dans la sphère d’influence d’un seul et même prédicateur bruxellois : Khalid Zerkani. Ce Marocain de 43 ans, aujourd’hui en prison, petit, trapu, irascible, avait tout sauf l’air d’un gourou charismatique, mais son empreinte a été considérable sur tous ses affidés. Ces derniers avaient pris l’habitude de le surnommer, par souci de discrétion, « Papa Noël ».

Le plus connu de ses disciples était l’un des coordinateurs en Europe du 13-Novembre : Abdelhamid Abaaoud, 28 ans, le leader du commando des terrasses, mort à Saint-Denis le 18 novembre. Il y avait aussi avec lui son acolyte, Chakib Akrouh, 25 ans, tué également dans l’assaut des forces d’intervention du RAID.

Les deux jeunes gens ont, comme d’autres, été très fortement encouragés au départ pour le djihad par Khalid Zerkani. En juillet 2015, ils se sont de fait retrouvés condamnés par contumace dans le cadre d’un dossier de filière d’acheminement de combattants vers la Syrie, où le prédicateur apparaissait comme le principal relais. C’était quelques mois seulement avant les tueries.

Dossier tentaculaire

Argent, faux papiers, mise en contact avec des passeurs, Khalid Zerkani aidait à toute la logistique des candidats au départ. C’est d’ailleurs moins pour ses conseils théologiques que pratiques que cette jeunesse bruxelloise s’en référait à lui.

Condamné en avril à quinze ans de réclusion par la cour d’appel de Bruxelles, l’homme incitait ses ouailles à la petite délinquance ou au détournement des allocations-chômage afin de financer la cause. Habile dissimulateur, peu loquace, se méfiant d’Internet, paranoïaque de la téléphonie, passé maître dans l’art de la contre-filature, il a donné du fil à retordre aux enquêteurs belges, qui ont mis du temps avant de l’« accrocher ».

Najim Laachraoui, 24 ans, artificier des tueries de Paris et kamikaze de l’aéroport de Zaventem le 22 mars, s’est lui aussi retrouvé dans un dossier jugé en mai où l’ombre du prédicateur était très présente. Radicalisé depuis sa majorité, le jeune homme est parti en Syrie en 2013 avant de revenir clandestinement en Belgique en septembre 2015 par la route des migrants.

Dans ce dossier tentaculaire – trente et un suspects – où les faits reprochés à Khalid Zerkani avaient fini par être disjoints, apparaissait aussi Bilal E. M., 27 ans. Cet ancien du djihad en Syrie, interpellé en avril, est aujourd’hui placé en détention provisoire car soupçonné d’avoir fourni une aide logistique notamment à Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau » des attentats de Bruxelles.

Dans les mêmes katibas

Khalid Zerkani a aussi directement influencé le départ de plusieurs frères d’hommes mis en examen aujourd’hui pour complicité dans les attentats de Paris et de Bruxelles. Comme Othmane Bakkali, 38 ans, influent frère aîné de Mohamed Bakkali, 28 ans, un des principaux chauffeurs et loueurs des planques des djihadistes. Othmane Bakkali a effectué au moins deux allers-retours en Syrie entre 2012 et 2014, et il a été établi qu’il avait participé à des combats.

De même, « Papa Noël » a très clairement influencé le départ d’Ibrahim Abrini, le petit frère de Mohamed Abrini. Son départ pour la Syrie, suivi de son décès supposé au front en juillet 2014, a fortement joué sur la radicalisation de son aîné.

Khalid Zerkani a été actif surtout autour des années 2010, notamment à partir du début de la guerre en Syrie, en 2011. Une période où le pouvoir politique et policier belge suivait de beaucoup moins près les questions de radicalisation. Une époque où des ressortissants belges ont pu multiplier les allers et venues entre la Belgique et la zone irako-syrienne sans jamais être entravés. Parfois même en voiture, « en quarante-cinq heures de route », raconte un prévenu au détour d’un des dossiers-clés de ces années-là. La plupart se sont retrouvés enrôlés dans les mêmes katibas. Ces expériences ont ensuite fait florès à Molenbeek et autour, dans ces quartiers de Bruxelles marqués par l’islam radical et la tentation djihadiste.

 

 


13/11/2016
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l'Etat d'urgence

 

 

 

Loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence. Version consolidée au 13 novembre 2016

 

 

Article 5 

La déclaration de l'état d'urgence donne pouvoir au préfet dont le département se trouve en tout ou partie compris dans une circonscription prévue à l'article 2 :

 

D'interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux et aux heures fixés par arrêté ;

 

2° D'instituer, par arrêté, des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé ;

 

D'interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l'action des pouvoirs publics.

 


Article 6 
  • Modifié par LOI n° 2015-1501 du 20 novembre 2015 - art. 4 

Le ministre de l'intérieur peut prononcer l'assignation à résidence, dans le lieu qu'il fixe, de toute personne résidant dans la zone fixée par le décret mentionné à l'article 2 et à l'égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre publics dans les circonscriptions territoriales mentionnées au même article 2. Le ministre de l'intérieur peut la faire conduire sur le lieu de l'assignation à résidence par les services de police ou les unités de gendarmerie. ....

 

Le ministre de l'intérieur peut prescrire à la personne assignée à résidence :

L'obligation de se présenter périodiquement aux services de police ou aux unités de gendarmerie, selon une fréquence qu'il détermine dans la limite de trois présentations par jour, en précisant si cette obligation s'applique y compris les dimanches et jours fériés ou chômés ;

La remise à ces services de son passeport ou de tout document justificatif de son identité. Il lui est délivré en échange un récépissé, valant justification de son identité en application de l'article 1er de la loi n° 2012-410 du 27 mars 2012 relative à la protection de l'identité, sur lequel sont mentionnées la date de retenue et les modalités de restitution du document retenu.

La personne astreinte à résider dans le lieu qui lui est fixé en application du premier alinéa du présent article peut se voir interdire par le ministre de l'intérieur de se trouver en relation, directement ou indirectement, avec certaines personnes, nommément désignées, dont il existe des raisons sérieuses de penser que leur comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre publics. Cette interdiction est levée dès qu'elle n'est plus nécessaire. ....

 

 

Article 8  
  • Modifié par LOI n°2016-987 du 21 juillet 2016 - art. 3 

Le ministre de l'intérieur, pour l'ensemble du territoire où est institué l'état d'urgence, et le préfet, dans le département, peuvent ordonner la fermeture provisoire des salles de spectacles, débits de boissons et lieux de réunion de toute nature, en particulier des lieux de culte au sein desquels sont tenus des propos constituant une provocation à la haine ou à la violence ou une provocation à la commission d'actes de terrorisme ou faisant l'apologie de tels actes, dans les zones déterminées par le décret prévu à l'article 2.

 

Peuvent être également interdites, à titre général ou particulier, les réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre.

Les cortèges, défilés et rassemblements de personnes sur la voie publique peuvent être interdits dès lors que l'autorité administrative justifie ne pas être en mesure d'en assurer la sécurité compte tenu des moyens dont elle dispose.

 

Article 11 
  • Modifié par LOI n°2016-987 du 21 juillet 2016 - art. 5 

I. - Le décret déclarant ou la loi prorogeant l'état d'urgence peut, par une disposition expresse, conférer aux autorités administratives mentionnées à l'article 8 le pouvoir d'ordonner des perquisitions en tout lieu, y compris un domicile, de jour et de nuit, sauf dans un lieu affecté à l'exercice d'un mandat parlementaire ou à l'activité professionnelle des avocats, des magistrats ou des journalistes, lorsqu'il existe des raisons sérieuses de penser que ce lieu est fréquenté par une personne dont le comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre publics.

La décision ordonnant une perquisition précise le lieu et le moment de la perquisition. Le procureur de la République territorialement compétent est informé sans délai de cette décision. La perquisition est conduite en présence d'un officier de police judiciaire territorialement compétent. Elle ne peut se dérouler qu'en présence de l'occupant ou, à défaut, de son représentant ou de deux témoins.


 

13/11/2016
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