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les partis politiques français

L'élection présidentielle, qui est devenue l'élection clef du système politique français, contraint les partis politiques à présenter un candidat qui leur permette d'exister politiquement. Bien que la France reste l'un des pays de l'Union européenne où le pourcentage d'adhérents dans les partis politiques est le plus réduit, l'élection présidentielle est néanmoins largement contrôlée par ces derniers, ce qui n'était pas l'objectif initial du père de la Constitution ("les petits partis qui cuisent leur petite soupe au coin de leur petit feu" disait d'eux le général de Gaulle).

 

« Les partis se sont présidentialisés, ce qui veut dire qu'ils vivent de plus en plus en fonction de ce grand rendez-vous et que leur leader est en position forte pour être désigné comme candidat présidentiel. (…) D'une part, le candidat qui veut être élu doit rassembler au premier tour le noyau dur de ses partisans puis, au second tour, un électorat nettement plus large que celui de son parti, il doit donc penser à des propositions susceptibles d'attirer au-delà de son cœur de cible. (…) La "monarchie républicaine" qui s'est mise en place depuis cinquante ans n'a cependant pas abouti à laminer les partis politiques. Ceux-ci se sont au contraire plutôt renforcés et transformés en machines électorales, au service de leur leader. » (Pierre Bréchon, "La revanche des partis", in "La Constitution de la Ve République, réflexions pour un cinquantenaire", Les Etudes de la Documentation française, 2008, épuisé).

 

De 2007 à 2012, les partis en campagne

L'ouvrage dirigé par Pierre Bréchon, "Les partis politiques français" Les Etudes de la Documentation française, édition 2011), analyse notamment la stratégie des partis pour l'élection présidentielle de 2012.

 

L'Union pour un mouvement populaire (UMP), parti unique de la droite ? « En 2007, après une campagne électorale très animée, Nicolas Sarkozy est élu Président de la République (31,2 % au premier tour, 53,1 % au second contre Ségolène Royal). Aux législatives de juin, l'UMP recueille 39,5 % au premier tour (45,6 % pour la majorité présidentielle). Contrairement aux attentes, le second tour est moins favorable que prévu, l'UMP obtient la majorité absolue avec 319 sièges, mais en perd environ 45 par rapport à 2002. (…) A l'automne 2011, les batailles électorales de 2012 restent très ouvertes, mais le pouvoir aura du mal à rassembler, ne serait-ce qu'au second tour de l'élection présidentielle, les forces qui gravitaient autour de lui ces dernières années. L'un des atouts importants de la majorité - surtout en période de crise économique mondiale - reste la stature internationale du Président de la République, qui compte défendre son mandat en essayant de convaincre sur l'importance des réformes. Mais la perte de la majorité sénatoriale lors du renouvellement partiel de la Chambre haute en septembre 2011 est un nouveau revers pour le Président et le parti présidentiel. Conséquence des échecs successifs aux élections locales, le passage du Sénat à gauche témoigne d'un mécontentement perceptible chez les élus ruraux et de l'incapacité de l'UMP à empêcher les candidatures dissidentes issues de ses rangs. » (Pierre Bréchon).

 

Le Parti socialiste, la longue marche de la présidentialisation« En 2008, le Parti socialiste renforce son implantation locale lors des élections municipales et cantonales. Jean-Luc Mélenchon quitte le Parti socialiste pour créer le Parti de gauche. Au congrès de Reims, Martine Aubry l'emporte sur Ségolène Royal et prend la tête du parti.
2009. Défaite du PS aux élections européennes avec 16,5 % des suffrages.
2010. Victoire du PS aux élections régionales.
2011. Organisation de primaires "citoyennes", ouvertes aux sympathisants, pour désigner le candidat socialiste à l'élection présidentielle de 2012. François Hollande est investi avec 56,6 % des suffrages au second tour face à Martine Aubry 43,4 %.
La gauche devient majoritaire au Sénat, présidé pour la première fois par un socialiste. 
(…) Cette forme de cohabitation - le pouvoir national à droite, le pouvoir local à gauche - est-elle irrévocable ? Le tropisme local du PS lui a permis de survivre aux aléas électoraux et à la labilité de sa base sociologique, mais il a peut être aussi limité sa capacité à conquérir le pouvoir suprême. (…) Une victoire à l'élection présidentielle de 2012, qui lui donnerait la mainmise sur tous les leviers du pouvoir - national et local, exécutif et législatif -, parachèverait dans les urnes son processus de présidentialisation. Une quatrième défaite consécutive pourrait au contraire mettre à l'épreuve la plasticité d'un objet politique qui a jusqu'ici réussi à surmonter ses tendances centrifuges malgré ses nombreux rendez-vous ratés avec l'élection présidentielle. »
( Carole Bachelot in "Les partis politiques français", op. cit.)

 

Le Front de gauche « Cherchant à retrouver une dynamique nationale, la direction du Parti communiste s'est rapprochée du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon - créé après le départ de ce dernier du Parti socialiste fin 2008, à la suite du congrès socialiste de Reims. L'ambition du Front de gauche est de rassembler les forces hostiles à une Europe dénoncée comme "néolibérale" ; elle est aussi de fédérer des partis situés à la gauche du PS, après une première tentative de "rassemblement antilibéral" lancée en 2006 à la suite du "non" au traité constitutionnel européen, qui avait échoué à désigner un candidat commun PCF/extrême gauche à la présidentielle de 2007. (…) Le Front de gauche a présenté des candidats aux élections européennes de juin 2009 (…) et lors des élections régionales de 2010 (…).
Cette stratégie se poursuit aux élections cantonales de mars 2011, qui voit le maintien des forces communistes (113 communistes élus ou réélus selon les chiffres officiels du PCF, pour 104 sortants ; 118 élus en tout pour le Front de gauche). Pierre Laurent, qui a remplacé Marie-George Buffet au poste de secrétaire national en 2010, soutient cette stratégie, ainsi que l'hypothèse d'une candidature commune du Front de gauche, celle de Jean-Luc Mélenchon, à l'élection présidentielle de 2012. Ce dernier a été officiellement désigné par les adhérents communistes comme candidat du Front de gauche en juin 2011, avec 59,1 % des voix. »
(Fabienne Greffet in "Les partis politiques français", op. cit.)

 

Les partis centristes « En 2007, François Bayrou obtient 18,6 % lors du premier tour de la présidentielle. Il crée le Mouvement démocrate (MoDem) juste avant les législatives de juin. De nombreux centristes ne le suivent cependant pas et constituent le Nouveau Centre. Hervé Morin, dirigeant de ce nouveau parti, André Santini et Valérie Létard entrent au gouvernement et soutiennent la majorité présidentielle. (…)
Au lendemain des élections cantonales de 2011, alors que se prépare déjà la présidentielle de 2012, les déclarations à droite se multiplient pour revendiquer les liens existants avec le centre et les centristes. (…) Plus que jamais, le centre redevient un espace de légitimité politique pour de nombreux partis et prétendants. Occuper le centre, comme une alternative possible à la droite…Mais est-on sûr de savoir de quel centre il s'agit et quel candidat serait le plus à même de le représenter ? »
( Stéphanie Abrial in "Les partis politiques français", op. cit.)

La transmutation d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) « En 2007, Dominique Voynet est la candidate des Verts à l'élection présidentielle, suite à la primaire avec Yves Cochet.
2008. Lancement d'Europe Ecologie. Suite à l'Assemblée fédérale de Lille, Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, est réélue en novembre dans ses fonctions.
2010. Naissance d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) en novembre.
2011. En juillet, Eva Joly est choisie comme candidate à la présidentielle par les adhérents d'EELV, avec 58,2 % des voix contre 41,3 % à Nicolas Hulot. (…)
La préparation de l'élection présidentielle de 2012 permet de tester la capacité de l'écologie politique à se revendiquer comme alternative politique désirable. La position d'EELV réaffirme l'existence de son projet autonome, son opposition résolue à la droite et à l'extrême-droite et la possibilité, non automatique, de passer des alliances avec la gauche. La présence des écologistes à cette élection se justifie, selon eux, par l'importance du débat national occasionné par la campagne. (…) Pour EELV, c'est un test décisif dans sa volonté de devenir le pôle de référence de l'écologie politique. »
(Bruno Villalba in "Les partis politiques français", op. cit.)

 

Le Front national : sortir de l'isolement politique « En 2002, Jean-Marie Le Pen se place en seconde position au premier tour de l'élection présidentielle avec 16,9 % des suffrages exprimés. Il échoue face à Jacques Chirac au soir du second tour avec 17,8 % des voix, n'arrivant pas à élargir ses soutiens au-delà de son électorat de premier tour.
2007. Sévère recul du Front national : Jean-Marie Le Pen réunit 10,4 % des voix au premier tour de l'élection présidentielle d'avril; son mouvement s'effondre avec 4,2 % lors des législatives. (…)
2010. Poussée du FN aux élections régionales de mars avec 11,4 % des voix. (…)
2011. Marine Le Pen est élue présidente du Front national avec 67,7 % des voix des adhérents, face à Bruno Gollnisch. En mars, aux cantonales, le parti obtient 15 % des suffrages. (…)
Quelques mois après son accession à la tête du Front national, Marine Le Pen semble en mesure de réussir son pari d'élargir l'audience de son mouvement. La dynamique dont elle bénéficie atteste de son succès à transformer le FN en parti d'une "France d'en bas" profondément meurtrie par la crise économique et sociale, en capitalisant sur tous les ressentiments, toutes les inquiétudes et toutes les colères. Visible lors des cantonales de mars 2011, cette poussée se traduit dans la plupart des enquêtes d'opinion tandis que resurgit le spectre du 21 avril 2002. (…) Une interrogation fondamentale demeure quant à la capacité du Front national à s'extirper dans les années à venir de son isolement politique en dépit du score record que lui prédisent les sondages pour 2012. »
(Gilles Ivaldi in "Les partis politiques français", op. cit.)

 

Une extrême gauche divisée « En 2007, l'extrême gauche part divisée à l'élection présidentielle, avec trois candidats : Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire, LCR), Gérard Schivardi (Parti des travailleurs), et Arlette Laguiller (Lutte ouvrière, LO). José Bové se présente également.
En 2009, la LCR s'autodissout pour permettre la création du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) qui intervient lors du congrès fondateur en février. Aux élections européennes, l'extrême gauche se présente désunie, le NPA et Lutte ouvrière faisant listes séparées. 
[Nathalie Arthaud est désignée comme candidate par Lutte ouvrière le 5 décembre 2010.] Le 25 juin 2011, les délégués du NPA, réunis en conférence nationale, désignent Philippe Poutou comme le candidat du parti à l'élection présidentielle de 2012. (…) 
Cette présence lors des élections connaît des fortunes diverses, selon les élections et la conjoncture sociopolitique : alliances, absences de candidatures ou choix de candidatures isolées se succèdent en fonction de l'évaluation non seulement du coût (tant financier que politique) d'une participation électorale, mais aussi des possibilités de peser sur le marché politique. »
(Christine Pina in "Les partis politiques français", op. cit.)

Le financement des campagnes électorales

 

Si, comme l'analyse Pierre Bréchon, dans un autre ouvrage, "Les élections présidentielles en France" (Les Etudes de la Documentation française, 2007), « La campagne présidentielle est un temps fort du principal processus de décision démocratique en France et organise, au niveau national, la confrontation publique entre acteurs politiques, permettant ainsi aux gouvernés de se forger leur opinion avant d'exercer leur "pouvoir de suffrage". C'est une compétition démocratique entre les candidats dont l'intensité augmente dans les trois mois précédant la consultation », il importe d'en prévoir le financement. 
Des lois successives ont été adoptées en 1988, 1990, 1993 et 1995 afin de moraliser la vie politique et d'encadrer les dépenses électorales. L'aide de l'Etat s'est inscrite dans des financements publics couvrant une partie des frais de campagne. 
Le plafond de dépenses autorisées est pour 2012 de 16,85 millions d’euros pour le premier tour et 22,50 millions d’euros pour les candidats participant au second tour (dépenses du premier tour incluses). Les recettes inscrites sur le compte de campagne du candidat sont elles aussi sévèrement encadrées. Depuis 1995, les entreprises, collectivités ou associations ne peuvent plus participer au financement des campagnes électorales. Seuls les particuliers (dons ne pouvant pas dépasser 4 600 euros et versés par chèque au dessus de 150 euros), les partis et groupements politiques, et les candidats par un apport personnel, sont habilités à y contribuer. Dans le cadre du plan de retour à l’équilibre des finances publiques, le gouvernement a proposé, en novembre 2011, une réduction de 5 % du remboursement des dépenses de campagne électorale. La loi organique du 28 février 2012 prévoit ainsi que, pour les candidats ayant obtenu 5 % ou moins des suffrages exprimés, le taux de remboursement des dépenses passe de 5 % à 4,75 % ; et pour ceux ayant obtenu plus de 5 %, le taux de remboursement est abaissé de 50 à 47,5 %.

 

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000522-l-election-presidentielle-francaise-de-2012/le-role-des-partis-politiques-dans-le-choix-des-candidats-a-l-election-presidentielle



15/12/2015
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