En Allemagne, on l’appelle déjà le « scandale des émissions polluantes ». Les manipulations du groupe Volkswagen (VW) pour contourner la législation américaine sur les émissions de gaz polluants de ses véhicules ont provoqué une onde de choc sans précédent, lundi 21 septembre. Il faut dire qu’outre-Rhin, le constructeur automobile est une fierté nationale, qui plus est considéré comme une entreprise modèle.
Que Volkswagen ait pu se rendre coupable d’une aussi vaste escroquerie dépasse l’entendement et suscite une très large et très forte désapprobation. Politiques, associations écologistes et de consommateurs ont condamné, lundi, à l’unisson les agissements de l’entreprise. Les critiques sont si dures que la démission de Martin Winterkorn, le PDG du groupe, qui avait réalisé un quasi sans-faute jusqu’ici, est ouvertement évoquée.
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Dimanche 20 septembre, le groupe Volkswagen, premier constructeur européen et devenu numéro un mondial au premier semestre devant le japonais Toyota, a reconnu avoir trompé les contrôleurs américains sur les niveaux d’émissions polluantes de ses véhicules diesel produits aux Etats-Unis, confirmant les accusations portées vendredi par l’Agence de protection de l’environnement américaine (EPA).
Le constructeur allemand a admis avoir utilisé un logiciel interdit et très sophistiqué pour contourner la législation et manipuler les données indiquant les émissions réelles de ses véhicules. « Nous avons reconnu les faits devant les autorités. Les accusations sont justifiées. Nous collaborons activement », a déclaré un porte-parole du groupe.
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« Beaucoup de soucis pour la réputation de l’industrie allemande »
Le ministre-président du Land de Basse-Saxe, Stephan Weil, qui siège également au conseil de surveillance du groupe VW, n’a rien fait pour ménager l’entreprise phare de sa région : « Une manipulation des émissions lors des tests officiels est totalement inacceptable et ne peut être justifiée par rien. Il est évident que le groupe VW se doit de respecter la législation », a-t-il déclaré à Hanovre.
Au ministère de l’économie, on n’est pas plus tendre : le ministre et vice-chancelier Sigmar Gabriel a déclaré lundi : « Il s’agit d’un incident très grave. Chacun peut comprendre que nous nous faisons beaucoup de soucis pour la réputation de toute l’industrie automobile allemande, considérée avec raison comme excellente. » « Nous sommes devant un cas de tromperie manifeste du consommateur et de dommage à l’environnement », a déclaré le secrétaire d’Etat à l’environnement, Jochen Flasbarth. Le gouvernement allemand a ordonné des « tests approfondis » sur tous les modèles diesel de Volkswagen.
Enquête du parquet
Le parquet de Brunswick, dont dépend la ville de Wolfsburg, en Basse-Saxe, siège de l’entreprise, examine actuellement si les faits reprochés à Volkswagen peuvent être considérés comme un délit en droit allemand. Le procureur général Klaus Ziehe, interrogé par le quotidien Handelsblatt, a déclaré suivre la situation avec attention, car il ne semble pas « invraisemblable » que la fraude trouve ses racines à Wolfsburg.
« C’est un dommage énorme pour l’industrie allemande. La perte de prestige est une catastrophe pour l’entreprise comme pour l’ensemble de l’industrie automobile », a déclaré le président du groupe parlementaire CSU au Bundestag, Max Straubinger.
« Comment peut-on être stupide au point de mettre en danger d’un coup de plume la réputation des constructeurs automobiles allemands ? », a lancé Klaus Müller, directeur de la fédération des associations de consommateurs.
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« Pointe émergée de l’iceberg »
Les autres constructeurs, eux, sont en l’occurrence restés jusqu’ici très discrets sur la question, alors même que le salon automobile de Francfort, grand-messe du secteur, bat son plein. L’autorité fédérale de contrôle des véhicules doit maintenant vérifier si les contrôleurs allemands ont également été dupés par les constructeurs.
Selon l’association pour le transport écologiste VCD, la manipulation chez VW ne serait que « la pointe émergée de l’iceberg ». L’association a demandé, dès 2013, des analyses complémentaires sur les émissions, nourrissant le soupçon qu’elles seraient en réalité beaucoup moins élevées lors des tests que dans le trafic normal. « Il faut s’attendre à ce que d’autres constructeurs manipulent leurs émissions, et pas seulement aux États-Unis », a déclaré le porte-parole de l’association Gerd Lottsiepen.
L’agence fédérale de protection de l’environnement américaine a déclaré lundi soir avoir étendu à d’autres constructeurs automobiles ses investigations « pour détecter la présence de possibles “logiciels trompeurs” ».
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