Mondialisation des inégalités
Mondialisation des inégalités
Analyser les relations entre mondialisation et inégalités exige tout d'abord de préciser les deux concepts. Ils ont en commun d'être tous deux larges et relativement imprécis. Une première approche du concept de mondialisation permet de souligner son caractère multidimensionnel. En termes économiques, la mondialisation s'inscrit dans les évolutions de long terme du capitalisme ; elle se manifeste par l'extension du champ de la régulation marchande et la dissolution progressive des marchés nationaux dans un marché qui tend à se globaliser.
Constate-t-on, depuis le début des années 1980, une augmentation des inégalités ? Le concept d'inégalité est largement utilisé en sociologie et en science politique : il peut alors prendre des formes multiples : inégalités des conditions, inégalités des chances, inégalités devant les risques sociaux, inégalités de consommation… Les économistes abordent cette question à travers l'étude de la répartition des richesses. Dans les deux cas, le concept d'inégalités renvoie aux conceptions de la justice sociale. L'analyse des relations entre mondialisation et inégalités exige de distinguer trois types d'inégalités :
Inégalités entre pays ou inégalités internationales : on observera alors par exemple l'évolution des inégalités entre les pays riches (PIB par tête supérieur à 10 000 $ en 2000) et les pays pauvres (PIB par tête inférieur à 2 000 $ en 2000).
Inégalités entre individus (ou ménages) à l'intérieur des pays ou inégalités internes : on observera alors, par exemple, l'évolution des inégalités en France entre les 10% de ménages les plus riches et les 10% les plus pauvres.
Inégalités entre individus (ou ménages) à l'échelle du monde ou inégalités mondiales ; ces inégalités apparaissent comme le cumul des deux inégalités précédentes : on observera alors, par exemple, l'évolution des inégalités entre les 20% les plus riches et les 20% les plus pauvres sur la planète.
Distinguer ces inégalités est d'autant plus difficile que se posent des problèmes statistiques. D'une part les données, nombreuses pour les pays riches, sont souvent manquantes ou peu fiables dans les pays les plus pauvres. D'autre part, pour être comparables, ces données sont converties en dollars, ce qui pose le problème du taux de change à utiliser. Malgré ces difficultés, on peut mettre en évidence une corrélation entre mondialisation et inégalités internationales et mondiales ; le phénomène est beaucoup moins clair en ce qui concerne les inégalités internes. Cependant, corrélation n'est pas synonyme de causalité : seule une étude systématique permettra d'apprécier l'influence de la mondialisation sur les inégalités.
Mondialisation et inégalités internationales (entre pays)
Depuis 30 ans environ, la mondialisation ne semble pas conduire à une réduction générale des inégalités entre pays. En effet, si la croissance des pays en développement a été globalement forte, elle a été également très inégale, selon les pays et les continents. L'évolution des pays asiatiques, et notamment de la Chine, suffit à influencer les statistiques internationales. Il ne faut cependant pas oublier les autres pays, en particulier les Pays les moins avancés (PMA).
Comment analyser ces évolutions, dans une certaine mesure contradictoires. Les inégalités entre pays sont pour partie liées à la mondialisation : les relations économiques internationales ne profitent pas de façon égale à tous les pays, certains gagnant plus que d'autres. Les gains de l'échange sont donc inégalement répartis entre pays. De même, les pays sont inégalement attractifs pour les Investissements directs à l'étranger (IDE). Enfin, les élites et les gouvernement des pays ont aussi leur part de responsabilité.
Mondialisation et inégalités internes (intérieures aux pays)
Jusqu'au début des années 1980, les inégalités internes des PDEM semblent suivre une évolution analysée par S. Kuznets : les inégalités de revenu se creusent lors du démarrage des économies, puis se resserrent progressivement en raison de l'élévation générale des revenus et de la redistribution ; à long terme, les inégalités suivent donc une courbe en U renversé. Pourtant, depuis le début des années 1980, ce processus semble interrompu : les inégalité économiques de revenu et de patrimoine s'accroissent aux États-Unis. Cependant, tous les pays de l'OCDE ne connaissent pas un accroissement des inégalités économiques. En France, les inégalités de revenu semblent plutôt se maintenir que s'aggraver. Cependant, de nouvelles inégalités segmentent la société. Enfin, les inégalités internes de revenu dans les pays en développement varient très fortement d'un pays à l'autre ; elles semblent donc être davantage liées au modèle de développement suivi qu'à la seule mondialisation.
Comment expliquer l'interruption de la tendance séculaire à la réduction des inégalités internes, plus particulièrement dans les PDEM ? La mondialisation constitue pour les PDEM un choc d'offre, qui conduit à des transformations de l'appareil productif, sources d'inégalités. Au-delà des entreprises, les salariés sont soumis à la concurrence internationale. L'augmentation des inégalités internes pourrait apparaître comme une contrepartie à la réduction des inégalités internationales entre PDEM et pays émergents. La mesure des inégalités est cependant difficile ; celles-ci sont généralement appréciées en comparant les plus pauvres aux plus riches, ce qui occulte l'évolution des revenus de la classe moyenne. Pourtant, pour P. Krugman, la mondialisation n'est pas coupable. Il semble finalement que les inégalités s'inscrivent dans le développement d'un nouveau capitalisme, qui ne se limite pas à la mondialisation. Face à la concurrence des pays du Sud et du Nord, l'évolution des revenus et des inégalités dépend également de l'efficacité des politiques publiques, économiques et sociales.
Mondialisation et inégalités mondiales
Le cumul des évolutions internes et internationales entraîne une augmentation des inégalités mondiales, entre les plus pauvres et les plus riches à l'échelle mondiale. Les mécanismes de marché qui structurent la mondialisation rejettent en dehors du processus les pays les plus pauvres. Les inégalités mondiales sont liées aux différences de productivité entre actifs. Mais elles résultent également du manque de volonté des pays riches pour les réduire et des insuffisances de la régulation mondiale.
Au-delà du constat : les enjeux d'une mondialisation inégale
Les inégalités ne sont pas une fatalité, ni dans les pays du Nord, ni dans ceux du Sud. Les relations entre inégalités et mondialisation renvoient les sociétés à un triple défi, social, économique et politique ; il ne pourra être relevé que par une extension de la régulation globale, contrepoids à l'extension de la régulation marchande .
On ne peut attendre des mécanismes économiques à l'œuvre derrière la mondialisation qu'ils réduisent spontanément les inégalités. Ainsi, les pays d'Asie qui ont le plus profité de la mondialisation ne l'ont pas subie passivement : ils l'ont intégrée dans leur modèle de développement. De même, dans les PDEM, la tolérance envers l'inégalité relève de choix sociaux et politiques. Face aux effets pervers de la mondialisation, l'Union européenne doit développer son " modèle social " pour atteindre ses objectifs : " … promouvoir le progrès économique et social ainsi qu'un niveau d'emploi élevé, notamment par la création d'un espace sans frontières intérieures [et] par le renforcement de la cohésion économique et sociale … " (Traité de l'Union européenne, article 2).
Q1. Réaliser une carte mentale permettant de présenter les différentes formes d’inégalités liées à la mondialisation et leurs évolutions (définition, évolutions, causes)
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Q2. Quelles solutions pour limiter la mondialisation des inégalités ? ( activité de Forum)
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