«Il faut aussi que les faits soient saisis correctement, et ne fassent pas seulement l’objet d’une main courante», précise le responsable de l’ONDRP. Autre réserve : la mesure des faits constatés est «perturbée par des problèmes de rupture méthodologique». Depuis 2012 et 2013, la gendarmerie et la police ont mis en place de nouveaux outils statistiques, qui rendent difficiles les comparaisons dans le temps. Autant de biais qui peuvent poser des problèmes «d’instrumentalisation», remarque Cyril Rizk, qui recommande donc de privilégier l’enquête de victimation pour décrire les phénomènes de délinquance. Zoom sur trois indicateurs clés du rapport annuel.

LES ATTEINTES AUX BIENS : UNE STABILITÉ GÉNÉRALE… QUI CACHE DES DISPARITÉS

En 2013, l’ONDRP évalue à 7,2 millions le nombre d’atteintes aux biens subies par les Français, un chiffre stable depuis trois ans. Si les cambriolages ou tentatives de cambriolages (600 000) et les vols de voiture  (ou tentatives de vols- 300 000) épousent cette tendance, l’ONDRP remarque une nette augmentation pour d’autres biens. Notamment les vélos (400 000 vols et tentatives en 2013, soit 100 000 de plus que l’année précédente) : «C’est la première fois qu’on constate une telle hausse», explique Cyril Rizk, qui la rapproche «de l’usage croissant» de ce moyen de transport écologique. «On peut associer à une pratique sociale une évolution de la délinquance», souligne-t-il. Le phénomène est identique concernant les vols d’effets personnels, notamment «les téléphones portables haut de gamme», dont sont particulièrement victimes les femmes jeunes. En revanche, les actes de vandalisme déclinent. 2,8% des ménages français disaient en avoir subi dans leur logement en 2012, ils n’étaient plus que 2,5% en 2013.

LES VIOLENCES PHYSIQUES OU SEXUELLES: STABILITÉ CONFIRMÉE

Loin de l’image d’une France à feu et à sang, parfois propagée par certains responsables politiques, l’ONDRP remarque la «stabilité» des violences physiques et sexuelles envers les personnes de 18 à 75 ans pour la quatrième année consécutive. Près de 2 millions d’entre elles disent en avoir été victimes en 2013, bien loin des pics de 2008 et 2009 (2,2 millions de personnes). Cyril Rizk ne se hasarde pas à fournir une explication :«Autant, on peut avancer certains facteurs pour des actes rationnels comme les vols, par exemple le fait de rechercher de l’or dans les maisons, autant pour les violences, c’est très difficile de donner une motivation.» Il note cependant de grandes disparités en ce qui concerne les femmes. Elles ne sont que 42,3% à subir des violences physiques hors ménage, mais 81% à subir des violences sexuelles hors ménage.

LE SENTIMENT D’INSÉCURITÉ : LA FUITE EN AVANT A ÉTÉ STOPPÉE

Alors que 13,3% des Français disaient se sentir en insécurité à leur domicile en 2008, ils étaient 17,4% en 2014. Une nette augmentation, mais qui s’est néanmoins stoppée cette année. L’évolution 2013-2014 est «non significative», selon l’ONDRP (+0,3 point). En ce qui concerne l’insécurité dans le quartier, on assiste même à une légère diminution : 22,1% des Français disaient la ressentir en 2013, ils sont 21,2% cette année. «Souvent, ces gens n’ont pas été victimes eux-mêmes, mais ils ont entendu parler de quelque chose près de chez eux», explique Cyril Rizk, qui illustre : «En 2008, 30% des ménages avaient entendu parler d’un cambriolage près de leur domicile, ils sont 45% aujourd’hui.»

Rapport de l’observatoire national de la délinquance et des réponses pénales