2.2. Quel est l'impact du mode de scrutin sur la compétition politique ?
A. Pluralisme des partis et démocratie représentative
Dans le cadre de la démocratie représentative, la multiplicité des partis permet une représentation de toutes les sensibilités politiques. La Constitution française insiste sur l’importance des partis dans l’expression de la souveraineté (premier alinéa de l’article 4 de la constitution). La loi constitutionnelle du 23 juillet 2008 de modernisation des institutions de la Ve République a d’ailleurs ajouté à l’article 4 l’alinéa suivant : « La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation. »
Le pluralisme politique est un système d'organisation qui reconnaît et accepte la diversité des courants d'opinion, de leurs représentants et des partis politiques. Il va au-delà du multipartisme car il suppose la liberté d’opinion, la liberté d’expression et le respect des opinions des autres. La compétition électorale ouverte et non violente permet une critique de la majorité par les partis d'opposition.
Le multipartisme et le pluralisme politique obligent l’Etat de droit à garantir un certain nombre de droits :
- l’Etat doit garantir la liberté d’opinion et la liberté d’expression notamment l’égalité d’accès aux médias pendant la campagne électorale. En France, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) tout au long de chaque campagne électorale s'assure de l'égalité de traitement dans les médias de chaque parti en garantissant un temps d’antenne équitable. La liberté d'expression connaît certaines restrictions qui sont fixées par la loi et qui sont jugées nécessaires au respect des droits et de la réputation d'autrui. Ainsi, en France, l'insulte publique et de la diffamation sont réprimées. La loi lutte contre les discriminations raciales et le négationnisme (Loi Gayssot de 1990).
Q1. Quelle règle applique le CSA pour les temps de parole après l'ouverture officelle de la campagne ?
Q2. Pour quelle raison l'interdiction de publier les sonadges a-t-elle été aménagée après 2002 ?
exercice 1
- Ensuite, l’Etat doit s’assurer que tous les partis, toutes les expressions politiques, aient les moyens financiers pour se faire entendre et puissent concourir de manière équitable à la campagne électorale. En France, la loi du 15 janvier 1990 sur le financement des partis permet aux partis de bénéficier de financements privés, dans la limite d'un plafond annuel de 74 626 euros par donateur.
- De plus, l’Etat doit offrir un statut et des protections à l’opposition. On désigne par opposition, les partis politiques ou les mouvements n’appartenant pas à la majorité parlementaire et donc s’y opposant. L’opposition est un contre-pouvoir qui dispose en France de différents moyens : la mise en cause de la responsabilité gouvernementale devant l’Assemblée nationale par la motion de censure, la saisine du Conseil constitutionnel, les questions posées au gouvernement… En France, depuis la réforme constitutionnelle de 2008, la Constitution prévoit que les groupes parlementaires d’opposition, ainsi que les groupes minoritaires, bénéficient de « droits spécifiques » (art. 51-1). Ainsi, un jour de séance par mois est réservé à un ordre du jour fixé à l’initiative des groupes d’opposition et minoritaires. Des postes de rapporteurs ou de présidents reviennent à l’opposition dans les organes parlementaires d’évaluation et de contrôle (commissions d’enquête, Comité d’évaluation et de contrôle...). L’opposition bénéficie d’une égalité de temps de parole lors des questions au Gouvernement notamment. En pratique, depuis 2007, la présidence de la commission des Finances de l’Assemblée nationale est confiée à un parlementaire de l’opposition. C’est également le cas au Sénat depuis 2011.
- Enfin, l’Etat doit s’assurer que toutes les expressions politiques soient représentées dans les assemblées élues. Les élus doivent être le plus représentatifs possible de la diversité des opinions des citoyens. Ceci pose le problème du choix du mode de scrutin.
B. Le mode de scrutin affecte l'offre politique
Le système électoral ou mode de scrutin désigne le processus permettant la désignation de représentants par un corps électoral donné, où des candidats sont élus pour exercer un mandat public. Le mode de scrutin permet le passage du décompte des voix à la désignation des élus. Les citoyens sont consultés et donnent leur suffrage, c'est-à-dire expriment un choix lors d'un vote entre des candidats (élections), ou sur une question précise (référendum). Selon le deuxième alinéa de la Constitution française : « Le suffrage peut être direct ou indirect (…). Il est toujours universel, égal et secret ».
Q1. Comment se caratérise le scrutin des élections présidentielles ?
Q2. Qui compose le corps électoral ?
Q3. Comment se déroulait l'élection présidentielle avant 1965 ?
Q4. La réforme de 1965 a été mise en oeuvre par De Gaule pour quel motif ?
Q1. Comment sont désignés les candidats à la présidentielle ?
Q2. Quel est le type de scrutin ?
Q3. Quel est le rôle des grands électeurs ?
Q4. recherche : Combien y a t-il de grands électeurs en Pennsylvanie ?
Le mode de scrutin se caractérise par le type de scrutin et par le mode d’attribution des sièges :
- Pour les types de scrutin, on oppose le plus souvent le scrutin uninominal (élections présidentielles et législatives en France) et le scrutin de liste. Dans ce deuxième cas les listes peuvent être « bloquées » ou bien laisser aux électeurs la possibilité de « panacher » les candidats de différentes listes ou d’exprimer un « vote préférentiel », par exemple en modifiant l’ordre des candidats d’une liste ou en affichant son soutien pour un ou plusieurs candidats de la liste (en France l’élection des conseillers municipaux dans les communes de moins de 2 500 habitants laisse cette marge de choix aux électeurs mais cela est pratiqué au niveau national dans différents pays comme l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique, etc.).
- Pour le mode d’attribution des sièges, on distingue principalement le scrutin majoritaire et la représentation proportionnelle. Il existe cependant des modes de scrutin mixtes, associant ces deux techniques.
Avec le scrutin majoritaire, qui peut être à un tour comme en Grande-Bretagne, ou à deux tours comme en France, est proclamé élu le candidat ou la liste de candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix. En France pour les élections législatives, pour être élu dès le premier tour, il faut obtenir la majorité absolue. Pour être élu au second tour, la majorité relative suffit.
Q1. Quel est le type de scrutin pour les législatives ?
Q2. Qu'est ce que la majorité absolue ?
Q3. Qu'est ce qu'une triangulaire ?
Q4. A quel tour prévaut la majorité relative ?
Le mode de scrutin majoritaire a l’avantage de favoriser l’émergence de majorités stables (caractéristique recherchée par la Constitution de la Ve République, en France) mais n’offre pas nécessairement une représentation aussi fine que possible de la diversité des opinions des électeurs. La représentation proportionnelle, qui consiste à répartir les sièges en fonction du nombre de voix obtenues par les différentes listes de candidats en présence peut corriger ce défaut. Chaque parti politique présente une liste de candidats au suffrage. Les sièges sont attribués à chacune des listes en divisant le nombre de voix obtenues par le quotient électoral (nombre de voix nécessaires pour obtenir un siège). Les sièges restant à pourvoir sont déterminés selon une méthode préalablement fixée. (Ex : méthode du plus fort reste, méthode de la plus forte moyenne). Pour éviter une trop forte dispersion de la représentation politique, ce système peut s’accompagner de « seuils minimum » : par exemple, pour les élections au Parlement européen, seules les listes ayant obtenu plus de 5 % des suffrages exprimés peuvent disposer d'élus.
Ex fictif :
20 sièges à pourvoir au scrutin proportionnel : 1 seul tour. La liste 1 obtient 50% des suffrages et donc 50 % des 20 sièges : 10 sièges La liste 2 obtient 30% des suffrages et donc 30 % des 20 sièges : 6 sièges La liste 3 obtient 15% des suffrages et donc 15 % des 20 sièges : 3sièges La liste 4 obtient 5% des suffrages et donc 5 % des 20 sièges : 1 siège
(Si il s’agissait d’un mode de scrutin majoritaire : la liste 1 aurait remporté les 20 sièges. Cf élections des grands électeurs aux EU)
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Ex concret :
Au total, le mode de scrutin choisi affecte assez largement la structure de l’offre politique et, plus largement la sélection des gouvernants.
On peut citer par exemple la « loi de Duverger » selon laquelle le scrutin majoritaire à un tour favorise le bipartisme alors que la représentation proportionnelle tend à la multiplication de petits partis. Le scrutin majoritaire à un tour favorise donc la bipolarisation de la vie politique voire le bipartisme avec des majorités stables et une alternance relativement régulière entre les deux partis majoritaires.
Le mode de scrutin majoritaire à deux tours a plusieurs avantages. D’une part, il permet aux électeurs de voter au premier tour pour des petits candidats sans avoir l’impression de perdre leur vote, ce système autorise une grande diversité des candidatures. Mais les scores de premier tour sont difficiles à interpréter car certains électeurs utilisent le premier tour pour faire passer une idée, quand d’autres l’utilisent pour qualifier un candidat pour le second tour. D’autre part, ce système favorise les alliances ou accords entre partis de sensibilité proche permettent cependant à de petits partis d'envoyer quelques députés siéger à la chambre basse, comme c'est le cas en France avec le Parti communiste français, qui jouit encore de ses alliances avec le Parti socialiste, et plus encore avec le Nouveau centre, qui ne doit la formation de son groupe parlementaire qu'à ses alliances avec l'UMP. Enfin, ce mode de scrutin permet de dégager une majorité parlementaire stable capable d'épauler l'action du pouvoir exécutif.
Ainsi, en France, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a recueilli 17,9 % des suffrages le 22 avril ; huit semaines plus tard, son parti n'est parvenu à faire élire que deux députés. De même, François Bayrou a recueilli plus de 9 % des suffrages ; son parti, le Modem, n'a obtenu que deux députés. Mme Le Pen et M. Bayrou ont attiré les faveurs de plus d'un électeur sur quatre ; leurs idées ne seront représentées à l'Assemblée que par quatre députés sur 577...Dans le même temps, les écologistes qui ont obtenu un plus de 5% des voix au premier tour ont 17 députés. Il y a donc là une distorsion du système représentatif. Fréquemment, une majorité de la population est représentée par quelqu’un pour qui elle n’a pas voté.
D’une part, la proportionnelle favorise la diversité de l’offre politique. Il s'agit en fait de répartir plusieurs mandats d'élus entre plusieurs formations politiques, proportionnellement à leur poids électoral. Cela suppose l'établissement de listes de candidats de la part de ces dernières, pour que les électeurs puissent les départager. D'autre part, la proportionnelle permet la formation de gouvernements de coalition, sur la base d'une majorité parlementaire pluri-partisane, plus modérée et plus consensuelles que des gouvernements mono-partisans
Ces systèmes, qui permettent même aux plus petits partis d'obtenir ne serait-ce qu'un élu, incitent forcément à l'émiettement des suffrages, voire à l'éclatement du paysage politique. Ce système a été aussi rendu responsable de l’instabilité gouvernementale. En effet, pour constituer une majorité, les partis sont obligés de former des coalitions qui peuvent se dissoudre à tout moment si un parti fait défaut pour soutenir le gouvernement sur un sujet précis.
Il faut enfin ajouter que l’élection concerne toujours un territoire donné (une circonscription électorale) et qu’en l’espèce le découpage électoral peut, au même titre que le mode de scrutin, jouer un rôle notable quant à l’issue du vote. Il faut enfin ajouter que l’élection concerne toujours un territoire donné (une circonscription électorale) et qu’en l’espèce le découpage électoral peut, au même titre que le mode de scrutin, jouer un rôle notable quant à l’issue du vote. Ce problème peut en outre être volontairement exploité pour biaiser les élections grâce à un découpage ad-hoc des circonscriptions : on parle de charcutage électoral
Q1. Quelle est la différence entre multipartisme et pluralisme politique ?
Q2. De quelle manière l'Etat garantit-il le pluralisme politique ?
Q3. Qu'est ce que le CSA ? Quel est son rôle pendant la campagne ^politique ?
Q4. Faîtes un schéma : type de scrutin, représentation proportionnelle, mode de scrutin, scrutin uninominal, scrutin de liste, scrutin de liste bloqué, scrutin majoritaire à un tour, scrutin à deux tours, représentation proportionnelle sans seuil, scrutin de liste panaché, mode d'attribution des sièges, scrutin majoritaire
Q5. Compléter ce schéma par des exemples d'élections : présidentielles françaises, législatives etc.
Q6. Faîtes un tableau dans lequel vous noterez les avantages et les inconvénients des scrutins majoritaires et de la représentation proportionnelle
Q7. Que signifie le charcutage électoral ?
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