4.3. La mondialisation de la production
Q1.Quel est le problème lié au transport mondial du jean ?
Q2. Combien de composants ? énumérez les. Combien de pays ?
Q3. Quelles sont les activités les plus polluantes liés à la fabrication du jean ?
Q4. Les stratégies de localisation sont elles liées à une compétitivité prix ou hors prix ?
Q5. Dans quels pays sont réalisés les tâches polluantes ?
A. L'essor des multinationales accroît les Investissements Directs à l'Etranger
Une firme transnationale peut se définir comme une entreprise qui exerce une partie de son activité à l’étranger : elle réalise donc son activité de production dans au moins deux pays. Une FTN comprend une maison-mère (dans un pays) et au moins une filiale (dans un autre pays). Une filiale est une entreprise dont le capital est contrôlé par une autre société, appelée la société-mère (le contrôle du capital est en général compris comme la possession d’au moins 10 % du capital). En 1977, il y avait 11 000 sociétés mères et 82 000 filiales internationales ; aujourd'hui on estime leur nombre à 80 000 et 840 000 filiales. Les firmes multinationales ont réalisé une production d’environ 16 000 milliards de dollars en 2010, soit environ le quart du PIB mondial ; la même année, la valeur ajoutée par les filiales implantées à l’étranger représentait environ 6 600 milliards de dollars et ces filiales faisaient travailler environ 68 millions de personnes.
L’internationalisation peut passer par différentes opérations. La première catégorie d’opération suppose un transfert de capitaux entre les pays : il s’agit de la création de filiales étrangères (nouvellement créées), d’opérations de fusions-acquisitions (opérations par laquelle deux entreprises fusionnent pour n’en constituer plus qu’une), ou encore d'alliances avec des participations croisées.
L’autre grande catégorie d’opération permettant l’internationalisation n’implique pas de transfert de capitaux : il s’agit du recours à la sous-traitance, à la franchise et à la licence. On parle alors de firmes-réseaux pour désigner les multinationales qui se recentrent sur leur coeur de métier tout en s'organisant autour d'un réseau complexe de sous-traitants (ex Nike, Airbus, Apple etc.).
Les IDE correspondent à un flux de capitaux entre deux pays afin de créer, de racheter ou de prendre le contrôle d’une entreprise (la prise de contrôle d’une entreprise se définit comme une prise de participation supérieure à 10 % du capital de l’entreprise). Les flux d’IDE entrants correspondent à des "importations" de capitaux, les IDE sortants à des "exportations" de capitaux. Contrairement aux investissements de portefeuille, les IDE ont avant tout une logique productive. Les investissements de portefeuille sont des prises de participation inférieures à 10 % du capital. Ils ont une logique de placement, le but est de bénéficier de revenus via le versement de dividendes ou d'intérêt si ce sont des prêts.
Les IDE sont étroitement liés aux FTN puisque ce sont ces dernières qui réalisent ces investissements. On constate d’ailleurs une explosion des IDE qui accompagne le processus d’internationalisation des entreprises. Cet essor des IDE est en grande partie lié à l’essor des opérations de fusion-acquisition (opération par laquelle deux entreprises disparaissent pour créer une nouvelle entreprise). Pour augmenter leur taille, les entreprises choisissent de prendre le contrôle ou de s’allier à l’un de leurs concurrents (croissance externe). Alcatel-Lucent (2006) est devenu l’un des principaux équipementiers en télécommunication, leader sur le marché de la fibre optique. Sanofi-Aventis (2004), dans l’industrie pharceutique. Mittal-Arcelor (2006) : leader sur les principaux marchés sidérurgiques (automobile, électroménager, construction, emballage). Mais aussi GDF-Suez (2008) ou BNP-Paribas (2008).
Les IDE ont considérablement augmenté depuis les années 1980. Ils ont été multiplié par près de 40 pour arriver à 1524 milliards de $ en 2011. Les IDE concernent essentiellement les pays développés du Nord, qui sont à l’origine de 73 % des IDE en 2011, et qui en reçoivent 49 %. Le poids des pays émergents (Chine, Inde, Brésil, ...) augmente fortement depuis les années 2000, on peut le voir dans l'évolution des flux entrants dans les économies en développement qui reçoivent désormais en 2011 51% des flux d'IDE et émettent 27% des flux sortants. Mis à part quelques pays émergents comme les BRICS, une grande partie des pays en développement reste en marge de cette division internationale des processus productifs (DIPP).
B. Choix de localisation et stratégies des firmes multinationales
Les multinationales mettent en place une Décomposition Internationale des Processus Productifs (D.I.P.P),basée sur le principe d’une production modulaire.
Elles cherchent à tirer parti au maximum des avantages comparatifs et des spécialisations des différents territoires mondiaux : faible coût de main-d’œuvre (activités d’assemblage), maîtrise de savoir-faire spécifique (motorisation, chimie, plasturgie...), proximité des sites d’extraction des matières premières... Les stratégies de localisation de la production des modules et de leur assemblage peuvent se comprendre à travers une logique d'offre.
Les firmes peuvent réaliser des IDE verticaux, dits de délocalisation dans des pays où les coûts salariaux, sociaux et fiscaux sont faibles, tout en tenant compte des différentiels de productivité. Elles peuvent réaliser certains modules dans les pays où les coûts sont plus élevés si la production nécessite une main d'oeuvre de qualité, des services publics ( transport, communication) et des pôles de recherche performants. Ces stratégies de compétitivité prix et hors-prix aboutissent à une mise en concurrence fiscale, sociale et salariales des différents pays.
La compétitivité prix dépend notamment du taux de change : exercice SESwebclass
Q1. Pourquoi ces entreprises Chinoises s'installent-elle en Ethiopie ?
Q2. Quelle est la raison principale de l'installation de cette usine en Chine? Et comment appelle-t-on alors cette stratégie de FTN ?
La mise en place de cette production modulaire donne naissance à des flux de commerce intra-firme qui deviennent très importants, ces derniers représentent en 2012 près d’un tiers des échanges de produits dans le monde. Le commerce intra-firme désigne les flux de produits (biens et services) qui se font au sein d’un même groupe, entre filiales ou entre la maison-mère et les filiales. Ils sont comptabilisés de la même manière que des échanges entre entreprises indépendantes, mais ces flux ne sont pas régis par la même logique. En particulier parce que le prix auquel sont facturées ces marchandises (le prix de transfert) ne correspond pas à un prix de marché, mais résultent d’un calcul d’"optimisation" au niveau international, qui permet aux groupes de minimiser leur imposition, voire de ne pas payer du tout d’impôt. C'est comme cela que les GAFA ne payent que très peu d'impôt.
Les firmes multinationales ont aussi des stratégies de marché répondant à une logique de demande. Les entreprises cherchent à s’implanter à proximité des consommateurs pour mieux connaître les goûts de la clientèle locale et conquérir des marchés locaux ; de même, lorsque les coûts de transport restent élevés (par exemple pour la production d’automobiles), les entreprises ont intérêt à aller s’implanter là où elles écouleront la production. Elles s'installent aussi directement sur place quand il s'agit de conquérir de nouveaux marchés tout en contournant les barrières douanières.
Q1. Quelle prévision est établie par Danone quant à la vente de biscuits en Chine à l'avenir ?
Q2. Quelle stratégie est suivie par Danone lorsque cette entreprise installe un site de production en Chine ?
C. Conséquences sur les pays d’accueil
L’implantation des firmes multinationales est favorable à la croissance des pays d’accueil :
Les FMN créent des activités et apportent des technologies nouvelles qui accroissent la productivité globale des facteurs et accélère l’accumulation de capital. L’accroissement de la concurrence stimule la croissance économique, du fait de l’incitation à innover et à investir pour les entreprises locales.
Les salaires peuvent être plus élevés dans la firme multinationale qui s’implante que dans les entreprises locales, ce qui augmente le pouvoir d'achat général mais accroît les disparités et peut engendrer des tensions sociales ; l’augmentation de la demande qui résulte de l’augmentation des salaires peut engendrer un cercle vertueux de croissance favorable aux créations d’emplois.
L’arrivée d’IDE entraîne des créations d’emplois sur le site ainsi que des créations d’emplois indirects chez les sous-traitants, les artisans, les commerçants de la zone, du fait des revenus supplémentaires distribués. Elles peuvent cependant détruire des emplois chez les concurrents locaux.
L’arrivée d’IDE peut aussi permettre une hausse des recettes fiscales, ce qui permet de financer des politiques publiques favorables au développement et à la croissance : redistribution, formation de la population, santé publique, recherche publique..
Enfin, le plus souvent, l’arrivée d’IDE s’accompagnent d’investissements publics, notamment en termes d’infrastructures de communication et de transports qui bénéficient à l’ensemble des acteurs économiques (externalités positives).
Mais les effets bénéfiques ont des limites :
Les IDE se dirigent vers quelques pôles de développement, et une grande majorité des pays restent à l'écart de cette mondialisation de la production. Les flux sélectifs d'IDE contribuent à accroitre la mondialisation des inégalités.
Il y a un risque pour les pays qui accueillent les IDE de rester cantonnés dans certaines activités (à faible VA, polluantes, ...) ou bien être soumises à la volonté des FTN. Dans les pays du Sud, les IDE et les FTN participent à la mise en place d’économies extraverties, et entretiennent une spécialisation dans les produits primaires. Les IDE contribuent à asseoir la logique de domination des pays développés ou émergents sur les pays en développement. Ainsi, en Afrique, les IDE se dirigent vers l’exploitation des richesses du sous-sol, l’extraction de matières premières, et aucune activité de transformation ne se développe sur place. De ce fait, il n’y a pas d’effet d’entraînement sur le tissu économique local (pas de recours à des sous-traitants par exemple), et pas de transferts de technologie, pas d’incitation non plus à former la main-d’œuvre et à investir dans l’éducation.
Les PED attirent surtout les filiales-ateliers où les conditions de travail ne respectent pas les droits élémentaires (travail des enfants, droit syndical, temps de travail etc.). On peut considérer ces multinationales comme des prédateurs qui cherchent à exploiter une main d'oeuvre bon marché pour maximiser leur profit.
Les stratégies fiscales d’implantation des entreprises sont à l’origine d’un manque à gagner fiscal pour certains pays. La mise en concurrence des Etats pour attirer les IDE sur leur territoire à partir d’allègements fiscaux ou de versements de subventions et aides diverses contribue à vider les caisses de certains Etats. De plus les firmes multinationales peuvent atteindre une taille telle qu’elles peuvent exercer des pressions sur les Etats des territoires où elle s’implante. Le Mexique a utilisé les allègements fiscaux pour attirer des maquiladoras à capitaux états-uniens très volatiles, et ne parvient pas à lever les ressources fiscales capables d’engendrer un véritable développement.
Les FMN, de par leur stratégies d'optimisation fiscale contribuent à la mise en place et à la perpétuation des paradis fiscaux.
Q1. Faîtes un schéma représentant une maison mère ayant plusieurs filiales dans plusieurs pays. Elle possède 100% de la filiale A en France, 30%de sa filiale B en Allemagne et 70% de sa filiale-atelier en Indonésie
Q2. Faîtes un schéma présentant les différentes manières d'internationaliser la production : internationalisation, transfert de capitaux, fusion-acquisition, participation croisée, alliance, firme-réseau, sous-traitants, franchise, licence
Q3. Quelle différence peut-on faire entre investissement de portefeuille et investissement direct à l'étranger ?
Q4. Quelle différence peut-on faire entre une stratégie de Décomposition Internationale des Processus Productifs (D.I.P.P) et une stratégie de marché ?
Q5. Quelles sont les déterminants de la compétitivité-prix ? De la compétitivité hors-prix ? ( cf carte mentale sur le blog)
Q6. Quels pays ne profitent pas de la mondialisation de la production ?
Q7. Faîtes un tableau dans lequel vous présenterez les avantages et les inconvénients de la mondialisation de la production pour les pays d'accueil.
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- 4.2. Le commerce international doit-il s'accroître ?
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