Dissertation sur les conflits sociaux
Quels rôles jouent les conflits sociaux dans le changement social ?
DOCUMENT 1
Chronologie concernant les droits des femmes
1907: La loi du 13 juillet autorise les femmes mariées à exercer une profession séparée, sauf opposition de leur mari et à disposer librement de leur salaire.
1960 : Création du Mouvement français pour le planning familial1.
1965 : La loi du 13 juillet portant réforme des régimes matrimoniaux modifie le régime légal du mariage du couple se mariant sans contrat : les femmes peuvent gérer leurs biens propres et exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.
1967 : Loi Neuwirth du 28 décembre : la contraception est autorisée. La publicité, interdite par la loi de 1920, n’est toujours pas autorisée en dehors des revues médicales.
1974: La loi du 4 décembre instaurera la gratuité et l’anonymat de la contraception dans les centres de planification pour les mineures.
1975: La loi dite Veil du 17 janvier autorise l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) pour une période probatoire de 5 ans.
La loi du 11 juillet instaure le divorce par consentement mutuel.
1980: La loi du 17 juillet prolonge le congé de maternité à 16 semaines et interdit le licenciement des femmes enceintes.
1982: La loi du 31 décembre permet le remboursement, par la Sécurité sociale, de l’IVG.
1987: La loi du 22 juillet instaure l’égalité des parents dans l’exercice de l’autorité parentale.
1993: La loi Neiertz du 27 janvier dépénalise l’auto-avortement et crée le délit d’entrave à l’IVG, suite aux attaques répétées de centres d’IVG par des commandos qui y sont hostiles.
2000: La loi du 13 décembre relative à la contraception d’urgence autorise la délivrance sans ordonnance des contraceptifs d’urgence non susceptibles de présenter un danger pour la santé.
2002: La loi du 4 mars relative au nom de famille et à l’autorité parentale permet aux parents de choisir le nom de leur enfant par déclaration écrite conjointe remise à l’officier de l’état civil. Ce nom peut être soit le nom du père, soit le nom de la mère, soit leurs deux noms accolés dans l’ordre qu’ils déterminent librement, dans la limite d’un nom pour chacun d’eux.
1 Planning familial : association française loi 1901 ayant pour objet l’éducation sexuelle et le contrôle des naissances par les femmes.
Source : d’après Chronologie thématique « vie personnelle et familiale », Observatoire de la Parité entre les hommes et les femmes, 2012.
DOCUMENT 2
Évolution des thèmes de conflits collectifs1
1 Conflits collectifs : désignent les arrêts de travail (grèves et débrayages) mais aussi d’autres formes d’actions collectives (pétition, manifestation, grève du zèle, etc.).
DOCUMENT 3
Politisation, souhait de changement et formes d’action protestataires des 18-29 ans en
1981, 1990, 1999, et 2008 (en %)
|
1981 |
1990 |
1999 |
2008 |
Politisation |
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Intérêt pour la politique |
||||
Très intéressé |
- |
5 |
6 |
12 |
Assez intéressé |
- |
27 |
22 |
29 |
Pas très intéressé |
- |
33 |
30 |
30 |
Pas du tout intéressé |
- |
34 |
42 |
29 |
Suivi de l’actualité politique |
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Tous les jours |
- |
- |
38 |
36 |
Plusieurs fois par semaine |
- |
- |
21 |
23 |
Une ou deux fois par semaine |
- |
- |
11 |
15 |
Moins souvent |
- |
- |
17 |
16 |
Jamais |
- |
- |
12 |
10 |
Souhait de changement dans l'organisation de la société |
||||
Il faut changer radicalement toute l’organisation de notre société par une action révolutionnaire |
11 |
6 |
- |
24 |
Il faut améliorer petit à petit notre société par des réformes |
66 |
66 |
- |
65 |
Il faut défendre courageusement notre société actuelle contre tous les changements |
15 |
23 |
- |
10 |
Ne sait pas / sans réponses |
8 |
5 |
- |
1 |
Formes d'action politique protestataires |
||||
Signer une pétition |
47 |
46 |
62 |
64 |
Participer à une manifestation autorisée |
34 |
30 |
41 |
48 |
Participer à un boycott |
14 |
9 |
9 |
16 |
Participer à une grève sauvage |
12 |
3 |
8 |
11 |
Occuper des bureaux ou des usines |
7 |
2 |
3 |
5 |
Enquêtes sur les Valeurs des Français, ARVAL-INJEP.
Source : d’après « Liens à la politique. Des jeunes davantage impliqués et plus protestataires » ROUDET Bernard, Jeunesses. Études et synthèses, Bulletin de l’Observatoire de la jeunesse, Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire (INJEP), n°2, 2010.
10.1. Les pouvoirs publics contribuent à la justice sociale
A. De l’égalité des droits à l’Etat-providence
La justice sociale est l'ensemble des principes qui définissent la répartition équitable des droits sociaux et des devoirs au sein d'une collectivité. Il existe une pluralité de critères qui permettent de définir ce qu’est une société juste. Ces critères dépendent de la conception de l'égalité privilégiée : égalité des droits, égalité des chances et égalité des situations.
L' égalité des droits est inscrite dans la déclaration des droits de l'homme de 1789 " Les hommes naissent libres et égaux en droits", qui se poursuit avec l'article 2 " ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression", il est cependant ajouté que "les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune". L'égalité devant la loi est largement garantie dans les sociétés démocratiques même si des débats subsistent (extension des droits de l’enfant, droits de vote pour les étrangers, citoyenneté européenne, etc.). Pour les auteurs libéraux comme F.Hayek, une fois cette égalité devant la loi assurée, il faut laisser le libre jeu du marché sanctionner les différentes contributions des individus : le marché peut alors tolérer de très fortes inégalités sociales.
A cette conception minimale de la justice sociale, de nombreuses sociétés ont enrichi leur conception de l'égalité des droits par une égalité des chances afin d'éviter que cette compétition entre individus ne soit pas faussée par des inégalités de départ. L'égalité des chances est centrale dans les sociétés méritocratiques dans lesquelles seules les différences de vertus ( talent, travail, effort, volonté etc.) peuvent légitimer la possibilité d'inégalités sociales. Une des limites d'une conception de la justice sociale fondée sur l'égalité des chances c'est qu'elle peut aussi permettre de tolérer des inégalités sociales très importantes, quand des individus n'ont pas su saisir leurs chances.
Les sociétés modernes dans des proportions variables ont adjoint une troisième conception de l'égalité : l'égalité des situations. La justice sociale est alors correctrice. Une société doit veiller à ce que les disparités entre les situations des individus (conditions de vie, logements, revenus etc.) ne soient pas trop élevées afin d'éviter de porter atteinte à la solidarité et à la dignité humaine. Pour éviter que les écarts ne soient trop grands entre les différents groupes sociaux, les Etats démocratiques se sont transformés en Etat-providence. L'objectif a été de contrecarrer les tendances inégalitaires de l'économie de marché par la mise en place de droits sociaux.
On peut aller encore plus loin dans la mise en place de l'égalité. Selon J.Rawls, la distribution des talents et des volontés est une des formes de l’arbitraire. Ce théoricien de la justice sociale préconise une conception de la justice sociale fondée sur l'équité. Celle-ci se fonde sur un choix éthique qui conduit à traiter de façon différente les membres de la société afin de réduire des inégalités constatées, qu'elles soient formelles ou réelles. Les groupes les plus démunies doivent être favorisés ( droits, politiques spécifiques) afin de compenser leurs désavantages, cette théorie de la justice ouvre la voie aux politiques de discrimination positive. La politique des ZEP consiste par exemple à allouer des moyens humains et matériels à des zones où les difficultés sociales et scolaires sont les plus criantes, pour réduire les écarts de destinées scolaires. Mais on retrouve aussi cette volonté d'équité dans l'obligation faite aux entreprises d'employer un quota de 6% de travailleurs handicapés.
B. Les mesures redistributives : fiscalité, prestations sociales et services collectifs
Les politiques de réduction des inégalités mises en place dans le cadre des Etats-providence après la seconde guerre mondiale ont utilisé 4 moyens : la fiscalité, la production de services collectifs, la protection sociale et les luttes contre les discriminations.
Les impôts et taxes peuvent porter sur le revenu, le patrimoine, les bénéfices, la consommation, l’héritage. Il existe des impôts proportionnel à l’assiette (cotisations sociales, impôt sur les sociétés), des impôts progressif quand le taux d’imposition augmente avec le montant imposé (impôt sur le revenu) et des impôts dégressif, (redevance télévisuelle, TVA). La fiscalité est d'autant plus redistributive que les impôts et taxes sont progressifs, en France, l'impôt sur le revenu et les taxes sur l'héritages ont permis de diminuer fortement les inégalités, mais aujourd'hui les différentes réformes de ces impôts ainsi que les niches fiscales ont rendu dégressif le système fiscal comme l'a montré T. Piketty.
Les prestations sociales permettent de réduire les inégalités. La logique de la protection sociale en France repose en grande partie sur une logique d'assurance. Les assurés sociaux cotisent et reçoivent des prestations selon l'importance des droits qu'ils se sont ouverts avec leurs cotisations. Mais la protection sociale repose aussi sur une logique d'assistance, elle offre sans cotisation préalable mais sous conditions de ressources des prestations universelles financées par l'impôt, comme les minimas sociaux, les bourses etc. Les systèmes de protection sociale assurent ainsi une redistribution horizontale entre malades et bien portants par exemple et une redistribution verticale des catégories favorisées vers les catégories qui le sont moins. Gosta Esping Andersen a dressé une typologie des régimes d'Etat-Providence.
La redistribution secondaire opère des prélèvements sur les revenus primaires et distribue des revenus de transfert pour réduire les inégalités de départ. Pour mesurer l’ampleur de ce mouvement de redistribution, on peut comparer la courbe de Lorenz des revenus (ou du patrimoine) avant et après redistribution ou bien l'évolution du rapport inter-décile ou inter-quintile avant et après distribution.
D’après l’INSEE, les prestations sociales (prestations familiales, minima sociaux et allocations logement) contribuent pour les deux tiers à la réduction des inégalités et les prélèvements pour un tiers, en grande partie par l’effet de l’impôt progressif sur le revenu. En vingt ans, l’impact redistributif du système socio-fiscal s’est légèrement réduit, sous l’effet des différentes mesures qui ont été prises. L’impôt sur le revenu est en 2010 à la fois moins progressif et d’un montant relativement plus faible qu’en 1990. Les prestations sociales apparaissent aussi moins redistributives qu’elles ne l’étaient en 1990. Elles ont été le plus souvent revalorisées en fonction de l’inflation et ont donc évolué moins vite que les revenus moyens de la population. L’érosion relative de leurs montants réduit leur capacité à réduire les inégalités. Elle a en partie été compensée par des politiques de ciblage des prestations sur les ménages les plus défavorisés, ce qui augmente mécaniquement la progressivité du système.
Les services collectifs non marchands financés par l’impôt ont aussi des effets positifs sur la réduction des inégalités de situation. Les ménages qui ont des revenus primaires faibles et qui contribuent peu ou pas au financement du service collectif en bénéficient dans des proportions au moins aussi importantes que les autres ménages. Cette forme de consommation collective vient augmenter les sommes disponibles pour d’autres usages, on peut calculer d’ailleurs le revenu disponible brut ajusté, pour tenir compte des effets redistributifs de ces services collectifs fournis gratuitement ou à un prix inférieur à leur coût de production.
Quand ce service collectif permet d’assurer l’égalité d’accès aux moyens de réussir comme l'école publique ou les services de bibliothèque, il assure en même temps une forme d’égalité des chances et contribue à l’égalité des situations.
C. Les mesures de lutte contre les discriminations
Une discrimination est définie comme une différence de traitement reposant sur un critère interdit par la loi : sexe, couleur de peau, handicap, maladie, origine sociale ou ethnique, orientation sexuelle, etc. La discrimination se traduit alors par des inégalités d’accès à certaines ressources en l’écartant à partir de critères cachés comme par exemple l'accès aux lieux publics, à l’emploi (préférer un homme à une femme au moment de l’embauche, promouvoir davantage les employés blancs que les employés noirs...), au logement (refuser un logement au prétexte de la couleur de la peau,...) ou encore à la consommation de certains services (regrouper les élèves en fonction de leur origine,...).
Pour mesurer la discrimination dont sont victimes les femmes ou les « minorités visibles » sur le marché du travail, on peut chercher à isoler la part des inégalités de salaires dont elles sont victimes et qui reste inexpliquée par des facteurs liés à la productivité, par exemple, le type de poste ou le niveau de diplôme. Dans le cadre de l’accès à un logement ou à un emploi les mesures de testing permet de mettre au jour les discriminations.
La lutte contre les discriminations passent certes par des actions en justice mais aussi par des démarches non judiciaires comme la mise en place d'une discrimination positive. Celle-ci consiste en un traitement préférentiel volontairement accordé aux membres d’une minorité traditionnellement désavantagée afin de compenser les désavantages associés à cette appartenance. Cette atteinte à l’égalité de traitement peut passer par les quotas ( loi sur la parité 2000, loi sur le handicap), des prestations sous condition de ressources (minimas sociaux) mais aussi par des politiques de soutien privilégié ( ZEP, RAR etc.).
Les opposants aux politiques de lutte contre la discrimination outre le fait que l'action positive est une entorse au principe républicain d'égalité des droits, soulignent les effets pervers des ces actions :
a) Les quotas diminuent la qualité des personnes choisies. Ils favorisent l'embauche de travailleurs moins qualifiés qui diminue l’efficacité productive des entreprises, ou la baisse de la performances des "hommes" politiques.
b) Les minimas sociaux ont un effet désincitatif, ils nuisent à l'investissement en capital humain des personnes concernées par ces aides.
c) Les politiques de discrimination positive selon ses détracteurs peuvent se retourner contre les populations concernées en favorisant une stigmatisation de leurs membres. Ainsi les collèges classés ZEP voient fuir les enfants issus des classes moyennes.
En réalité, ces politiques ont une efficacité certaine comme le montre la place croissante des femmes en politique depuis 2000. Elles permettent de modifier les pratiques d’embauche, les politiques de ressources humaines et les revenus de l’emploi. Les établissements pratiquant l’action positive modifient leurs critères de recrutement et offrent une formation plus fréquente au personnel embauché. Grâce à ces efforts de formation et d’intégration des nouveaux embauchés, on observe une amélioration de la productivité des salariés. On dispose donc d’études qui montrent qu’il est possible de lutter contre les pratiques discriminatoires sans diminuer l’efficacité productive des entreprises.
Mais seuls les critères discriminatoires directement « objectivables » et visibles (sexe, handicap, origine ethnique, etc.) peuvent être pris en compte, les dispositifs d’action positive sont sans effet sur d’autres sources possibles de discriminations comme l’apparence physique, l’orientation sexuelle, l’appartenance religieuse ou politique. Ces actions doivent donc être complétées par d’autres actions plus préventives sur les représentations des critères d’embauche.
Q1. Définir justice sociale, protection sociale, service collectif, discrimination, fiscalité, redistribution, revenus de transfert, équité
Q2. Faîtes un schéma représentant les différentes formes d’égalité (droit, chances, situation, équité) et présentant pour chacune une ou deux mesures qui ont permis de la mettre en œuvre.
Q3. Comment la fiscalité peut-elle diminuer les inégalités ?
Q4. Quelle est la différence entre la logique d’assistance et la logique d’assurance de la protection sociale ?
Q5. Comment les services collectifs permettent-ils de diminuer les inégalités ?
Q6. Comment peut-on mesurer les discriminations ?
Q7. Réaliser une carte mentale permettant de mettre en évidence les formes, les avantages, les inconvénients et les limites des politiques de discrimination positive
définir réseau social
Qu'est-ce qu'un réseau social ?
Objectifs : - Définir la notion de réseau social
- Modéliser son réseau social
- Connaître et mettre en pratique la distinction entre liens forts et liens faibles
Activité 1 :
1) Dressez la liste de vos contacts : Vous avez trois minutes pour noter sur une feuille de brouillon le maximum de personnes que vous connaissez de près ou de loin (hors famille et camarades de classe). Vous pouvez inclure dans cette liste les simples connaissances et les amis d’amis.
2) Ordonnez vos connaissances : Placez ensuite votre nom au centre d'une feuille au propre. Autour de ce premier point qui vous représente, faites figurer chacune de vos connaissances sous forme de points à côté desquels vous notez leurs initiales. Essayez de regrouper dans l'espace les personnes rencontrées au cours d'un même forme de sociabilité (ex : club de sport, voisinage, association, lycée, transports, etc.)
3) Tracez votre réseau social : Il est maintenant temps d'identifier le type de lien qui vous relie à chacune de ces connaissances. Tracer en rouge les liens forts et en bleu les liens faibles (voir définition ci-dessous).
A SAVOIR : On appelle liens forts les relations entre deux personnes qui se côtoient fréquemment ou se sentent proches et liens faibles les relations plus vagues d’interconnaissances qui ne supposent pas de proximité entre les personnes.
4) Votre réseau comporte-t-il plus de liens forts ou de liens faibles ?
5) Qui contacteriez-vous pour vous aider déménager ? Cette personne correspond-elle à un lien fort ou à un lien faible ?
6) Qui contacteriez-vous pour vous aider à trouver un job d'été ? Cette personne correspond-elle à un lien fort ou à un lien faible ?
Synthèse : Proposez une définition simple de la notion de réseau social. Les relations sociales d'un individu se limitent-elles à celles qui se nouent dans le cadre de groupes sociaux ?
TD PCS
I / Découvrir les PCS avec le site « Apprendre avec l’Insee »
a) Cliquez sur « Répartition ».
Lire les intitulés des groupes et répondre aux questions suivantes en reformulant l'essentiel
1. Qu'est-ce qu'un « travailleur indépendant » ?
Quelles sont les 2 PCS qui ne regroupent que des indépendants ?
2. Qu'est-ce qu'une « profession libérale » ?
Dans quelle PCS est-elle classée ?
3. Que sont les « professions intermédiaires » ?
b) Cliquez sur les exercices I, II et III et classez des métiers dans les PCS en vous aidant du tableau ci-dessous (noter quelques exemples sur cette feuille).
Nomenclature des professions et catégories sociales (PCS)
Groupes socioprofessionnels |
Quelques catégories socioprofessionnelles |
Exemples |
1. Agriculteurs exploitants |
11 - Agriculteurs 12 - Agriculteurs 13 - Agriculteurs |
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2. Artisans, commerçants, chefs d'entreprise |
21 - Artisans 22 - Commerçants 23 - Chefs d'entreprise |
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3. Cadres et professions intellectuelles supérieures |
33 - Cadres de la fonction publique 34 - Professeurs, 36 - Cadres administratifs et commerciaux d'entreprise |
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4. Professions intermédiaires |
42 - Instituteurs et assimilés 43 - Professions intermédiaires 44 - Clergé, religieux 45 - Professions intermédiaires administratives de la fonction publique 46 - Professions intermédiaires administratives des entreprises 47 - Techniciens 48 - Contremaîtres, agents de maîtrise |
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5. Employés |
53 - Policiers et militaires 54 - Employés administratifs d'entreprise 55 - Employés de commerce |
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6. Ouvriers |
62 - Ouvriers qualifiés 63 - Ouvriers qualifiés 64 - Chauffeurs 67 - Ouvriers non qualifiés 68 - Ouvriers agricoles |
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« Chômeurs n'ayant jamais travaillé » = c'est une 7e catégorie. Selon vous, où sont les autres chômeurs ?
II / Quelques caractéristiques des PCS
a) Cliquez sur « qualification » puis « diplôme et GSP » => Répondre aux questions sous le document et vérifier vos réponses (prendre en note l'essentiel).
b) Cliquez sur « populations particulières » puis « jeunes » puis « GSP » => Est-ce que le groupe des cadres est composé de beaucoup de jeunes ? D'après vous, pourquoi ?
c) Cliquez sur « femmes » puis « GSP » => Répondre aux questions sous le document (prendre en note l'essentiel).
9.2. Les conflits sociaux, changement social et cohésion sociale
A. Les conflits sociaux favorisent-ils le changement social ?
1. Certains conflits sociaux favorisent le changement social
Selon K. Marx, les conflits de classe sont le moteur des changements de société : " l'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de la lutte des classes". Le conflit est l’expression de contradictions inhérentes à la société, qui ne peuvent aboutir qu’au changement de société obtenu par la révolution. Ainsi le mode de production féodal s’est effondré avec la révolution bourgeoise de 1789. Aujourd’hui, le conflit central du capitalisme se situe entre les propriétaires des moyens de productions (la bourgeoisie) et ceux qui ne possèdent que leur force de travail (les prolétaires). D’une part, pour accroître sans cesse la plus-value, les entrepreneurs capitalistes accumulent du capital sans arriver à conjurer la baisse tendancielle du taux de profit. D’autre part, la paupérisation croissante des prolétaires empêche la production de trouver des débouchés, ce qui explique les crises de surproduction. Seule la Révolution peut mettre fin à cette contradiction. Le conflit conduit donc au changement social, qui est indispensable pour surmonter les contradictions de la société. Le conflit est donc endogène à la société.
Les nouveaux mouvements sociaux ont pour objet la transformation des modèles culturels, par définition leurs objectifs portent sur la transformation de certaines valeurs et certaines normes.
Ainsi en est-il des mouvements féministes qui ont permis de mettre en place un certain nombre de lois : ainsi la loi Neuwirth ( 1967), la loi sur l'IVG ( 1975), la loi sur la parité (2000) plus récente illustrent la façon dont un mouvement social permet peu à peu de transformer la société par une institutionnalisation du conflit. Le constat d'une domination masculine engendrant une exploitation des femmes au sein de la sphère domestique, dans l'emploi et dans la politique ont abouti à une contestation des rapports sociaux de sexes à travers des manifestations et des actions parfois provocatrices comme les Femen.
Il est difficile de faire la liste de tous les mouvements sociaux qui ont participé aux changements sociaux, mais il faudrait développer l'importance du mouvement des droits civiques qui a permis de mettre en place une égalité plus grande entre les populations noires et blanches aux Etats-Unis. Les mouvements écologistes participent aussi d'un changement social puisqu'ils visent à transformer nos modes de production et de consommation. Les mouvements homosexuels dont les manifestations sous forme de gay pride cherchent à transformer nos rapport à la sexualité etc
.
Les nouveaux mouvements sociaux se sont adaptés à la société du spectacle. L'objectif, pour ces mouvements sociaux est de mobiliser à la fois les médias et d'être facilement lisibles par le public auquel ils s'adressent. Les militants des mouvements sociaux jouent alors avec les cadres de l'action collectives : lieu de l'action, symboles utilisés, type de sentiments etc. de façon à travailler sur la signification de leur mouvement afin d'établir une organisation durable tout en maintenant actifs leurs soutiens. Ce processus de cadrage peut prendre la forme d'une dramatisation de l'action qui distribue des rôles (les bons ou les offensés devront être sauvés et les méchants punis) et racontent une histoire. A ce jeu certaines catégories comme les intermittents du spectacle, Greenpeace ou Act-Up sont meilleurs que les malades de l'amiante par exemple. Cette mise en scène de l'action collective peut cependant avoir l'effet pervers de rendre seules visibles et donc efficaces les manifestation pour journalistes, les autres étant renvoyées dans l'anonymat.
2. Tandis que d'autres peuvent s'analyser comme une résistance au changement social
Le conflit défensif n’est pas nouveau. En Angleterre, de 1811 à 1817, les luddites, artisans du textile, armés et masqués, brisent les métiers à tisser accusés de détruire leurs emplois, et brûlent des usines. Ce mouvement violent, affaibli par les arrestations et quelques pendaisons, s’éteint progressivement avec la disparition de l’artisanat textile. En France, la révolte des Canuts lyonnais en 1831 avait été précédée en 1819, d’émeutes, écrasées par l'armée, à Vienne lors de l’introduction de nouvelles machines à tondre les draps. Les ouvriers du textile brisent les nouvelles machines à tisser, à l'image de celle inventée par Jacquard car ces machines les concurrencent et les privent de leur gagne-pain.
En 1990, 23% des jeunes de 18 à 29ans déclaraient dans une enquête sur les valeurs des français de l'INJEP qu'il fallait défendre courageusement notre société actuelle contre tous les changements.
Tous les conflits sociaux ne visent pas le changement social, un certain nombre d'entre eux visent à l'empêcher en cherchant à résister.
Les mouvements sociaux qui cherchent à promouvoir le changement social font naître des contre-mouvements, c'est le cas notamment de la loi sur le mariage homosexuel qui a provoqué la mise en mouvement d'une population conservatrice peu habituée des manifestations.
Les conflits du travail ont évolué, ils ont pendant longtemps comme l'a théorisé K.Marx porté sur des revendications visant à promouvoir un progrès social, mais face à l'offensive néo-libérale et sous l'effet du capitalisme actionnarial, les délocalisations et les plans sociaux se sont accélérés combien même les entreprises réalisaient des profits. Les conflits du travail ont alors davantage porté sur le maintien de l'emploi dans un contexte défensif. Il faut néanmoins relativiser cette évolution dans la mesure où les conflits sociaux portant sur les salaires ou les conditions de travail sont encore majoritaire.
Par ailleurs définir les conflits du travail comme des formes de résistance au changement n'est pas anodin, car c'est une façon de le rendre moins légitime. Ainsi dans le conflit portant sur les retraites de 1995 face au plan Juppé, A.Touraine a diagnostiqué ce conflit comme un mouvement corporatiste porté par des salariés comme les cheminots et les conducteurs de la RATP porteurs de droits spécifiques à la retraite et cherchant à défendre leurs avantages acquis. Selon Touraine on ne peut pas parler de mouvement social car il n'y a pas de projet de société mais seulement un mouvement purement défensif. Cette analyse n'est pas partagée par P.Bourdieu qui a soutenu le mouvement et qu'il a analysé comme un mouvement de résistance au néo-libéralisme précurseur des mouvements actuels alter-mondialisation.
De nombreuses actions collectives visent à défendre défendre un environnement proche, un cadre de vie immédiat, c'est le cas des actions menées par les anti-éoliens ou les associations opposées au passage d'une autoroute proche de chez eux, de l'enfouissement de déchet, de ligne à haute tension ou de la construction d'un aéroport. Ces mouvements qualifié de NIMBY (« not in my back yard » : pas dans mon arrière cour) ont pour objectif de défendre la qualité de vie des riverains (protection du paysage, écosystème) face à une logique industrielle ou commerciale qui nie la vie et valorise le lien marchand.
B. Les conflits sociaux favorisent-ils la cohésion sociale ?
1. Les conflits sociaux expriment une cohésion sociale défaillante
Durkheim a cherché à comprendre le fonctionnement des sociétés où la solidarité organique produisait de l’anomie. Face aux nombreux conflits sociaux de son époque, il a mis l’accent sur le fait qu'une augmentation du nombre et de l'intensité des conflits signale une situation pathologique de la société. La grille de lecture qui voit dans les conflits sociaux une menace pour la société est contestable. D'une part on peut noter qu'un certain niveau de conflit est « normal » au sens où il est statistiquement constant, de la même façon que Durkheim dit que le crime est un fait social normal. Historiquement toutes les sociétés passent par de nombreux conflits sans pour autant disparaître. D'autre part, la lecture fonctionnalisme d'un trop grand nombre de conflits comme une forme pathologique du lien social revient à voir la société comme un corps biologique harmonieux dont chaque organe a une fonction. Cette métaphore organique met l'accent sur une vision trop consensuelle de la société est très éloignée de la réalité politique, il faut plutôt voir la société comme un ensemble de rapports de force entre des groupes sociaux qui cherchent à s'approprier les ressources matérielles et symboliques.
Les émeutes urbaines récurrentes en France depuis le début des années 80 sont des conflits qui ne trouvent pas de relais politique et médiatique susceptible de construire leurs revendications et d'organiser la protestation, ces conflits s'expriment plutôt par la violence. Les émeutes dans les banlieues, en 2005 ont été interprétées par certains sociologues comme une difficultés d'intégration et de socialisation des jeunes (Hugues Lagrange), c'est-à-dire comme une anomie au sens de Durkheim. Cependant l'anomie au sens de Merton a été un diagnostic plus courant chez les observateurs de ces mouvements dans la mesure où les jeunes de banlieues désirent avoir le même mode de vie que les autres citadins alors que les moyens économiques, culturels et sociaux leur font défaut.
Les sociologues aujourd'hui ont largement rompu avec cette lecture purement fonctionnaliste du corps social. On peut néanmoins accepter l'idée de pathologie pour désigner un moment critique de rupture dans le niveau de conflictualité comme en 1968, 1995 ou crise des banlieue de 2005...
2. Les conflits comme facteur de cohésion sociale
Il est possible de voir le conflit comme un facteur de cohésion sociale, le conflit est un type particulier de relation : être en conflit avec un individu ou un groupe, c'est en connaître et reconnaître l'existence plutôt que de l'ignorer, le conflit implique au moins un accord sur l'importance de l'enjeu. Il permet une plus grande cohésion sociale interne au groupe mobilisé mais aussi dans l'ensemble de la société dans la mesure où il permet de produire de nouvelles règles :
Le conflit renforce l’identité du groupe c'est-à-dire les façons dont les individus ou les groupes se définissent par eux-mêmes et sont définis par les autres. L’opposition avec un autre groupe social permet de mieux définir les traits caractéristiques du groupe et de mieux en délimiter les frontières. Ainsi, le conflit de 1936 a permis à la classe ouvrière d'affirmer son identité et de trouver sa place dans la société française.
Le conflit permet d’informer le système politique sur les demandes à satisfaire. A.O.Hirschman a théorisé les modalités de l'action. face à un problème, les groupes sociaux ont la possibilité de fuir le problème (exit), de conserver leurs affiliations avec les organisations qu'ils suivent ( loyalty) ou bien de s'exprimer ( voice). Les groupes en conflits, les mouvements sociaux fonctionnent comme des groupes de pression qui cherchent à faire entendre leurs revendications dans le champ politique. Même s'ils reposent de plus en plus sur des formes de participation politiques non conventionnelles, ils continuent à s'adresser principalement à l'Etat et aux institutions internationales et permettent un fonctionnement en continu des mécanismes démocratiques. L'élargissement du spectre d’action de la citoyenneté au-delà des échéances électorales plaide pour le passage vers une démocratie participative qui dépasserait la politique professionnelle et sa dérive technocratique ( tyrannie des experts). De plus, le mouvement social est aussi une possibilité de prise de parole des groupes qui ne s’identifient plus au jeu politique, qui ne sentent pas représentés.
L'institutionnalisation des conflits, le plus classique étant celui entre travail et capital dans le cadre du « dialogue social », permet aux groupes en conflit de devenir des partenaires sociaux. L'institutionnalisation des acteurs passe par la reconnaissance des institutions représentatives (syndicats, ministère des droits des femmes etc.), l'institutionnalisation des formes de l'actions passe par la mise en place de répertoire de l'action collective reconnus ( préavis de grèves, manifestation République Bastille etc) et l'institutionnalisation des objets passe par la mise en place des produits de la négociation dans le droit du travail et les conventions collectives.
Les syndicats jouent un rôle importants dans le dialogue social. En effet, les pays qui sont les syndiqués ont des relations entre salariés et patrons moins conflictuelles. En Suéde et au Danemark, 70% des salariés sont syndiqués, ce qui permet des relations employeurs-employés plus coopératives.
Q1. Pourquoi selon Marx, le conflit social est-il inéluctable dans toute société ?
Q2. Quelles sont les caractéristiques des nouveaux mouvements sociaux ?
Q3. Les conflits du travail ont-ils disparu ? Pourquoi ?
Q4. Quelles sont les limites de la représentation organiciste de la société ?
Q5. En quoi la théorie de A.O.Hirschman permet-elle de rendre compte d’une fonction positive des mouvements sociaux ?
Q6. Définir nouveaux mouvements sociaux, institutionnalisation des conflits sociaux, émeutes urbaines, anomie, pathologie
Q7. Faîtes un tableau (ou une carte mentale) où vous rendrez compte des éléments positifs et négatifs des mouvements sociaux