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7.2. Quels sont les processus qui mènent à la déviance ?

Dossier 7.2.  Quels sont les processus qui mènent à la déviance ?

A. La déviance primaire correspond à  une transgression des normes

 Toute société produit des normes qui jouent un rôle de régulateur des comportements. Malgré le contrôle social qui contribue à  faire respecter ces normes inculquées et intériorisées lors du processus de socialisation  primaire et secondaire, il existe des comportements en dehors de ces normes que l’on peut qualifier de déviants.  La transgression d'une norme peut être alors qualifiée de déviance primaire. Pourquoi certains individus transgressent-ils les normes ? Les théories pré-sociologiques ont essayé de comprendre cette transgression comme étant le produit d'une anormalité biologique caractérisant un individu possédant une "mauvaise nature" : le fou, le clochard, le criminel, le drogué, le délinquant sexuel ont été considérés pendant longtemps comme des malades. Encore aujourd'hui ce préjugé naturaliste perdure mais cette mauvaise nature a été psychologisée : le déviant est devenu quelqu'un qui a subi des troubles psychologiques du fait d'une mauvaise éducation.  La sociologie de la déviance permet de relativiser ces théories.

Tout d'abord, les normes sociales varient d’une société à l’autre, d’une époque à l’autre. L'adultère est puni de mort dans certaines sociétés alors qu'il peut être perçu comme une erreur plus ou moins pardonnable dans la société française et qu'il n'existe pas chez les Mosos. L'homosexualité perçue comme une perversion punissable est aujourd'hui un comportement admis reconnu par le droit. Un enfant né hors mariage a été considéré pendant longtemps comme un "bâtard", ce n'est plus le cas aujourd'hui. Inversement, des normes, comme ne pas fumer dans un lieu public apparaissent, transformant des comportements autrefois normaux en actes déviants. De plus à l'intérieur même d'une société globale, les normes sociales varient selon les groupes sociaux qui peuvent édicter des normes qui leur sont spécifiques, ainsi dans certains groupes de jeunes, ne pas fumer de cannabis ou ne pas s'enivrer lors d'une fête peut être considéré comme un acte déviant. Cette relativité des formes de déviance rend difficile l'association de la pathologie et de la déviance.

 

 

Q1) Quelles sont les caractéristiques de la famille Moso ?

Q2) Que pensez-vous des relations familiales chez les Mosos ?

Q3) Comment les Mosos vivent-ils ces pratiques ?

Q4) Qu'en déduisez-vous sur la déviance ?

 

 Les approches culturalistes à partir des années 30 aux Etats-Unis ont mis l'accent sur le fait que la déviance peut provenir de la coexistence d'une culture valorisant ou tolérant une pratique interdite par une autre culture. Par exemple, un adolescent commettra un acte interdit par la culture dominante  mais valorisé par la sous-culture adolescente. Ce comportement déviant est appris dans l'interaction avec d'autres personnes   à l'intérieur d'un groupe restreint. Cet apprentissage inclut des techniques de commission de l'infraction ainsi que l'adoption de certains types de rationalisations et d'attitudes. Cette théorie développée par Sutherland et Trasher (the gang 1927) permet d'expliquer de nombreuses carrières criminelles aussi bien concernant la délinquance ordinaire (vol, recel, trafics divers, fabrique de fausse monnaie, etc.) que la délinquance des élites (fraude, corruption, abus de confiance, non respect de la concurrence, etc.) dont pratiquement toutes les autres théories se désintéressent.

 

 

Q1. Quelle est la sous-culture évoquée par cet ancien chef de gang ?

Q2. Quelles sont les raisons qui peuvent pousser ces jeunes à rejoindre des bandes ?

 

On peut aussi expliquer la déviance à partir des inégalités sociales. Robert K. Merton a été l'un des premiers à comprendre l'importance du décalage entre les aspirations à la réussite sociale qu'encourage l'idéologie individualiste des sociétés modernes et la réalité des inégalités sociales (et raciales) qui, en réalité, n'offrent pas les moyens d'y parvenir à chacun. Seuls les conformistes ne sont pas déviants dans une société.

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Ce mécanisme est souvent cité pour comprendre la délinquance des jeunes des quartiers pauvres, exclus de la réussite sociale et se sentant souvent victimes du racisme et de la " mauvaise réputation " de leurs cités, ils optent souvent pour des comportements innovateurs en utilisant des moyens illicites tout en adhérant aux valeurs de consommation des sociétés capitalistes. Cependant pour comprendre comment cette déviance primaire s'enracine dans certains groupes sociaux, il faut recourir au concept de déviance secondaire.

B. La déviance secondaire peut être appréhendée comme le produit d’un étiquetage

Edwin Lemert (1950) a donné à l’étude de la déviance un programme comportant d’une part l’étude de la déviance primaire (la transgression de la norme), d’autre part l’étude de la déviance secondaire. Celle-ci correspond à la reconnaissance et la qualification de cette déviance par une instance de contrôle social.  Pour les sociologues de la " théorie de la stigmatisation "  (Lemert, Erving Goffman et Howard Becker...), la déviance n'est pas une qualité de l'acte commis, mais la conséquence du succès de l'application d'une étiquette de déviant par autrui.  Ce processus peut se faire de façon formelle ou informelle. Le simple détournement du regard ou du corps constitue une stigmatisation. Dès lors, le contrôle de son image est un enjeu crucial et Goffman attire notre attention sur les innombrables adaptations que nous réalisons pour nous conformer à ce que les personnes avec lesquelles nous interagissons attendent de nous.

 

Une fois l’acte de déviance primaire identifié par certains groupes sociaux, ces derniers trouvent un intérêt à mettre en œuvre une sanction et donc à étiqueter celui qui a eu un comportement déviant, ces groupes sociaux poseurs d'étiquette sont appelés par Becker les entrepreneurs de morale. Si le groupe ou la personne désignée intériorise l'étiquette, le stigmate et le rôle qui lui correspond, cela peut entraîner une modification de la personnalité de l’individu ainsi qu’une modification de ses relations sociales. Il entre alors progressivement dans une " carrière " de déviant. Les chercheurs ont ainsi décrit l’entrée dans les carrières de délinquants, de toxicomanes, de prostituées, de malades ou d’handicapés mentaux, de sans-abri et plus simplement d’assistés sociaux. En revanche, ceux qui ont eu des comportements déviants et qui n’ont pas été repérés ne seront pas sanctionnés.

 

 

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  1. Définir : déviance primaire, déviance secondaire, rationalisation, entrepreneurs de morale, carrière de déviant
  2. En quoi la sociologie nous permet-elle de dépasser les théories de la déviance fondées sur le biologique ou le psychologique ?
  3. Quelles sont les causes sociologiques de la déviance primaire ?
  4. La frustration relative peut-elle être une cause de la déviance primaires ?
  5. Qu’est ce que la théorie de la stigmatisation ?
  6. Montrez que la déviance est un processus

 

 

le péril jeune ( sur les docks

 

site de muchielli



27/04/2015
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