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6.2. Comment les individus s'associent-ils pour former des groupes sociaux ?

6.2. Comment les individus s'associent-ils pour former des groupes sociaux ? 

Les individus sont des êtres sociaux, ils naissent, grandissent, se socialisent et meurent au sein de groupes sociaux. Ils commencent leur vie dans une famille, évolue au sein de groupe de pairs, sont intégrés dans des organisations diverses où ils travaillent, s'engagent ou pratiquent des activités culturelles diverses. La sociologie peut être définie comme l'analyse de la façon dont ces groupes sociaux se forment. 

A. Du groupe primaire au groupe secondaire

On peut distinguer les groupes sociaux selon le degré d'intimité d'une part, le type de relation en jeu (directes ou indirectes) d'autre part :

Les groupes primaires sont caractérisés par un fort degré d'intimité et des relations directes (de face-à-face) : il s'agit de la famille, du groupe d'amis, etc. De ce fait, ils sont relativement stables dans le temps.

Dans les groupes secondaires, au contraire, les relations sont plus souvent indirectes et ont un plus faible degré d'intimité : il s'agit aussi bien des foules que des organisations ou encore des « nations ». À noter qu'il s'agit là d'une différence de degré : il n'existe pas de frontières nettes entre ces deux types de groupes. Cependant, les différences de degré finissent par devenir des différences de nature : groupes primaires et secondaires se différencient tant par le mode de fonctionnement que par le contrôle social qu'ils peuvent exercer sur les individus.

 

Un expérience de fonctionnement dans les groupes secondaires étudié par S.Millgram illustré par le film I comme Icare

1. Décrire l'expérience ( rôle du moniteur, de l'élève, du scientifique)

2. Pourquoi cette expérience est elle appelée soumission à l'autorité ?

3. Quelles sont les causes de cette soumission à l'autorité selon vous ?

Pour aller plus loin :

B. Du groupe de référence au groupe d'appartenance

Le groupe d'appartenance est celui qui détermine les rôles sociaux, c'est-à-dire le rôle que les autres peuvent attendre de l'individu : on s'attend à ce qu'un médecin se comporte comme médecin dans sa fonction de médecin mais aussi au delà de sa fonction dans ses rapports avec les autres catégories sociales. Le groupe de référence est celui auquel l'individu souhaite appartenir et sur lequel il aligne donc subjectivement son rôle : un ouvrier peut ainsi aspirer à devenir un ingénieur, et par conséquent agir comme tel ou du moins adopter des comportements socio-culturels proches de cette catégorie sociale. Le groupe d'appartenance peut avoir une dimension objective et potentiellement imposée, tandis que le groupe de référence est, pour sa part, beaucoup plus électif. 

On peut relier les notions de groupe d'appartenance et de groupe de référence à celle de frustration relative. S'appuyant sur la fameuse enquête de Samuel A.Stouffer sur les soldats américains durant la seconde Guerre Mondiale, Robert Merton souligne que les soldats de l'aviation, où les promotions sont rapides, sont moins satisfaits que ceux de la garde nationale, où les promotions sont rares (Éléments de méthode sociologique, Armand Colin , 1998). C'est que les premiers s'identifient plus facilement au groupe des officiers et jugent donc leur situation présente comme plus insatisfaisante que les seconds qui n'ont pas les mêmes espérances. Cette situation peut déboucher sur des mécanismes de « frustration relative »

Généralement, le groupe de référence est un groupe de statut plus élevé que celui de l'individu. On peut cependant souligner des cas où ce point est moins évident. Les travaux de Dominique Pasquier (notamment Cultures lycéennes, Autrement, coll. « Mutations », 2005) soulignent ainsi que le rap, le R'n'B ou le rock sont dominants chez les adolescents et amènent ceux-ci à s'identifier aux groupes populaires dont ces musiques sont issues. Elle précise ainsi que la culture populaire  est devenue dominante chez les jeunes.  

C. Un groupe social est une construction sociale différent d'une catégorie statistique

 Selon la sociologie, un groupes social est différent d'une catégorie statistique. L'ensemble des personnes qui portent des lunettes ne forme pas un groupe social, de même que l'ensemble des personnes d'une même couleur de peau ou des personnes réunies dans une file d'attente. Un groupe social est donc avant tout une construction sociale dont la réussite dépend de plusieurs facteurs :

 

 

 

 

 

- Pour qu'il y ait groupe social au sens sociologique, il faut qu’il existe des interactions entre les individus. Ces interactions ne sont pas nécessairement "directes": il n'est pas utile qu'ils se soient tous rencontrés pour être un groupe social. Il suffit que les individus soient en interrelations par un sentiment d'appartenance fondé sur un critère : la nation, la profession, le genre, l'âge etc..

 

- Pour qu'il y ait groupe social, il faut que les membres se reconnaissent et soient reconnus par les autres comme membres d'un groupe particulier. Ainsi les jeunes forment un groupe social si les jeunes se définissent avant tout par l'âge et si les autres membres de la société définissent un individu principalement par son âge à partir d'un idéal-type de jeune. Le problème est que la réalité est complexe et que par conséquent il peut exister de nombreuses catégories de jeunes. De même, Luc Boltanski dans son étude sur les cadres a montré comment ce groupe s'est constitué peu à peu autour de l'image d'un cadre salarié d'une grande entreprise ( IBM) ayant fait une grande école (HEC) et travaillant à Paris alors que dans les faits les cadres forment un ensemble très disparates.  

 

 

Pour qu'il y ait groupe social, il faut  que les acteurs se mobilisent pour faire advenir le groupe sous forme d'associations culturelles, syndicales ou politiques et d'institutions qui contribuent à sa pérennité :

- Dans son analyse de la société en terme de classe sociale, Marx pose que les classes sociales deviennent des acteurs collectifs porteur d'un mouvement social ouvrier à partir d'une moment où les conditions objectives de l'appartenance au groupe des ouvriers ( classe en soi) sont doublés d'une conscience de classe révélateurs d'un sentiment d'appartenance ( classe pour soi). Les syndicats ont porté le mouvement ouvrier.   prezzi classes sociales. 

 

 

 

- Les mouvements féministes ont contribué à construire le groupe femme à partir de l'image idéal-typique d'une femme libérée. La diversité de la condition féminine nous montre bien qu'un groupe social pour perdurer doit faire l'objet d'une construction sociale permanente. Celle-ci requiert notamment la mise en oeuvre d'action collective. 

- On pourrait imaginer que les personnes portant des lunettes dans une société partagent un certain sentiment d'appartenance dans le cas où ils voudraient créer une action collective dans l'intention d'augmenter les remboursements de la sécurité sociale.

- Dans le cas du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, le groupe des afro-américains s'est fédéré autour de la figure de Martin Luther King. La couleur de peau est devenu un signe de reconnaissance d'autant plus significatif que cette identité était assignée par les institutions américaines en place ainsi que par de nombreux américains blancs et racistes. 

D. Les professions et catégories socio-professionnelles : une représentation de la structure sociale

Les  PCS sont des groupes sociaux construits par l'INSEE pour rendre compte de la structure socialeLes personnes appartenant à une même catégorie sont susceptibles d'entretenir des relations personnelles entre elles, d’avoir souvent des comportements et des opinions analogues, de se considérer elles-mêmes comme appartenant à une même catégorie et d’être considérées par les autres comme appartenant à une même catégorie. Les critères utilisés sont entre autre le statut ( salarié ou indépendant), le niveau de qualification, la profession, la place dans la hiérarchie, la taille de l'entreprise etc. Elles sont le produit d'un travail historique très long. Certains groupes se mobilisent afin de modifier leur classement dans cette nomenclature et par conséquent leur place dans la hiérarchie sociale. 

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Les PCS ne forment pas une représentation hiérarchisée de la société française, mais il est est possible de positionner les groupes sociaux définis par l'INSEE dans une représentation qui permet de visualiser leur place dans la hiérarchie sociale.

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La variable CSP (catégorie socio-professionnelle)  ainsi construite permet d'expliquer de nombreux comportements décrits par l'observation statistique. 

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Q1. Expliquez en quoi la sociologie est la science des groupes sociaux ?

Q2. Faîtes un tableau permettant de classer groupe primaire et groupe secondaire

Q3. Que nous montre l’étude de Dominique Pasquier sur le groupe des jeunes ?

Q4. Est-il facile de délimiter les groupes sociaux ?

Q5. Utiliser les critères suivants : statut ; qualification forte, moyenne ou forte ; place dans la hiérarchie, secteur d’activité pour classer les

personnes suivantes : ouvrier qualifié du bâtiment, avocat, enseignant, infirmière, boucher.

Q6. Retrouver la catégorie à deux chiffres de ces professions dans la nomenclature Insee ( Blog)

statapprendre PCS 

 l'individualisme dans le football

 

 

 

 



23/01/2015
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