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dossier 6.3. Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?

Dossier 6.3. Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?

prezzi réseau social

A. Combien d’amis avons-nous dans le lycée ?

 Combien « d’amis » avez-vous sur Facebook ? Ou de suiveurs sur Twitter ? A combien de personnes, vous ou vos parents, peuvent-ils téléphoner pour trouver un job d’été ? Quelle est la nature des liens que nous entretenons avec notre famille, nos voisins, nos professeurs, etc. ?

 

Un réseau social est « un ensemble de relations entre un ensemble d’acteurs » (Michel Forsé). Ce concept inclut les réseaux sociaux numériques qui l'ont popularisé mais il est plus large dans la mesure où il englobe toutes les formes d'interdépendance. Pour le sociologue allemand Georg Simmel (1858-1918), la société est « constituée d’êtres qui souhaitent établir exclusivement entre eux des actions réciproques ».

 Ainsi, les individus ne se caractérisent pas seulement par leurs appartenances à des groupes sociaux (sexe, âge, statut, groupe socioprofessionnel, lieux de résidence, nationalité, etc.) mais aussi par des relations. Le concept de « réseau social » permet donc de décrire et d’expliquer ces interactions sociales ou actions réciproques entre les individus et leurs régularités. La sociabilité est définie comme une aptitude à engager des relations sociales avec autrui, mais pour le sociologue, c’est l’ensemble des relations qu’un individu (ou un groupe) entretient avec d’autres. La sociabilité est l’expression élémentaire du lien social, c’est aussi une des mesures de l’intégration sociale.

 

B. les réseaux sociaux en ligne constituent de nouvelles formes de coordination et de sociabilité

La sociabilité est une propension à développer et à entretenir des relations avec autrui. Ces relations dépassent les interactions car elles se répètent, perdurent et acquièrent une histoire, s’inscrivent dans le temps ; elles deviennent singulières dans la mesure où les acteurs ne sont plus substituables.

 

On peut distinguer différentes formes de sociabilité :

· la sociabilité formelle est le résultat d’une organisation préalable

· la sociabilité informelle émerge plus spontanément des interactions.

  

Les relations professionnelles et les pratiques associatives relèvent de la sociabilité formelle ; les rencontres et discussions entre d’amis correspondent à la sociabilité informelle. On peut aussi mettre l’accent sur le caractère collectif ou individuel de la sociabilité. Mark Granovetter propose de différencier les relations de sociabilité par la force du lien, c’est-à-dire de l’intensité ou de la qualité des relations interpersonnelles. On peut encore opposer des relations de proximité (géographique, sociales, ethniques, affinitaires) ou d’éloignement. La sociabilité peut être « contrainte » ou obligatoire,  affinitaire ou élective. Les liens forts sont des liens plus intimes où la sociabilité informelle joue un rôle important, en particulier les liens familiaux et amicaux. Les liens faibles sont des liens plus distendus reposant davantage sur une sociabilité formelle.

 

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La représentation graphique des relations (ou graphes) est un outil qui permet de mettre en exergue des structures sociales et les configurations. Les graphiques proposés sont formés de la combinaison de deux éléments : les sommets et les arcs. La dyade désigne la relation entre deux unités. C’est la figure la plus simple de l’interaction. La triade est l’unité pertinente de l’analyse des réseaux. Cette forme permet de comprendre que le réseau sépare et relie à la fois.

 

L’analyse empirique des pratiques de sociabilité, notamment celles donnant lieu à des conversations par enquêtes permet de mesurer le temps et le nombre de contacts liés aux différentes formes de sociabilité (visites familiales, fréquentation des cafés, pratique d’une activité associative, communication téléphonique, etc.). Les études distinguent souvent six ensembles de relations concrètes entre les individus : la parenté, les amis, les voisins, les relations de travail, les relations de services et enfin l’ensemble des autres relations (vie associative, pratiques religieuses, rencontres d’inconnus).

 

Le développement des réseaux techniques (téléphone, accès à Internet) a permis l'avènement d'un lien numérique sur les réseaux sociaux en ligne : Copains d’avant, Facebook, Linked In, Myspace, Trombi, Viadeo, … Ces sites Internet ont des particularités différentes mais partagent tous la même finalité : mettre leurs membres en relation. Ces services de réseautage social invitent repenser le sens des mots « amis » ou « contacts » et, plus largement, les relations sociales lorsque les liens augmentent de façon exponentielle.  Viadéo, par exemple, indique à ses membres ses contacts directs et ses contacts indirects. Une personne ayant 20 contacts directs peut avoir 300 contacts de second niveau et 10000 contacts de 3ème niveau … 

 Ce lien numérique permet la mise en place de nouvelles formes de coopérations productives ( blog, forum, mooc, sites de campagnes de candidats, vidéo etc. ) ainsi que de nouvelles  pratiques politiques (cyberactivisme, cybercitoyenneté, cybermobilisation, cyberprotestation). Les réseaux numériques sont mobilisés pour véhiculer les messages électoraux, soulever des fonds, mobiliser le jour du vote, étayant les utopies d’une « cyberdémocratie » ou d’une « e-democracy ».Ils ont été très actifs pendant la campagne présidentielle française de 2007 et américaine de 2008. Ils ont été au cœur des révolutions dans le monde arabe en 2011.

 

Le développement du lien numérique modifie les oppositions traditionnelles entre sociabilité privée (intime, familiale et amicale) et sociabilité publique (tournée vers l’extérieur) et amplifie les possibilités d'appartenance multiples des individus. Certaines études insistent sur les dimensions pathologiques de ce lien ( désocialisation, réification, enfermement sur les communautés, amplification des rumeurs etc.

 

Réseaux sociaux Tisseron

B. Comment trouver un emploi ?

 

Q1. Quelle fonction sociale peut avoir les concours de dégustation de vin ? 

Q2. Comment le réseau social de la famille est-il activé lors du week end des jardiniers ? 


 "Le capital humain se situe dans les points et le capital social dans les lignes qui relient les points". Coleman

Le capital social est l’ensemble des ressources que mobilisent les individus grâce aux réseaux de relations dont il dispose. La mobilisation de connaissances (parents, amis, collègues de travail, voisins, etc.) est souvent nécessaire pour obtenir un emploi stable, voire pour un emploi saisonnier, pour bénéficier d’une priorité (invitation à une soirée), contourner une règle bureaucratique (obtenir un appartement dans HLM « bien situé », une place en crèche, ne pas payer une amende, etc.) ou simplement bénéficier d’un soutien affectif ou partager une bonne nouvelle (permis de conduire, baccalauréat, naissance d’un enfant).

 

Les réseaux offrent des ressources à leurs membres. Les réseaux familiaux sont des sources d’entraide (dons, caution, prêts, garde d’enfants), les réseaux migratoires permettent aux étrangers de s’intégrer plus rapidement dans la société d’accueil par l’aide au logement ou à l’emploi, les réseaux d’anciens élèves des grandes écoles (Polytechnique, ENA, HEC, etc.) ou les réseaux professionnels offrent à la fois des soutiens matériels mais aussi des opportunités d’emplois, un « carnet d’adresses » nécessaire pour mener une carrière prestigieuse, occuper des postes bien rémunérés. La constitution de réseaux informels peut être aussi déterminante pour la compétitivité des entreprises, notamment lorsque les réseaux professionnels offrent des ressources (personnels qualifiés, confiance, partenariat, capitaux) qui sont nécessaires au développement de l’activité.

 

 

 Le politologue américain Robert Putnam souligne l’importance des contacts réguliers entre les personnes, notamment dans le cadre associatif pour mesurer le capital social. La participation à des groupes a des effets bénéfiques pour les individus et pour la collectivité.

 

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Le capital social apparaît comme une externalité positive. La baisse de la participation associative dans les classes populaires (baisse du syndicalisme, bals et sociabilité de quartier) et dans les classes moyennes (stratégies individualistes) témoignerait d’un déclin du capital social.  Le sociologie P. Bourdieu insiste quant à lui sur le fait que le capital social renforce les inégalités économiques et culturelles dans la mesure où les stratégies dans les classes dominantes sont orientées vers la constitution d'un capital social ( ex  rallyes + activité,  club automobile de France, Rotary Club, bottin mondain etc.) qui, converti en position sociale dominante donne accès aux postes prestigieux et aux rémunérations élevées. La mesure du capital social est cependant encore sujette à controverse.

 

 

 

 Lorsque les individus entretiennent des liens interpersonnels, ceux-ci peuvent être « forts » ou « faibles ». Le lien est d’autant plus fort que les personnes ont passé du temps ensemble, ont de l’affection l’un pour l’autre, se font mutuellement confiance et se rendent des services réciproques. Les « liens forts » sont généralement les relations avec les membres de la  famille, les amis proches, les collègues de travail, et les liens faibles,  sont les relations plus occasionnelles et espacées.

 

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 Le travail du sociologue américain Mark Granovetter sur le processus d’embauche de cadres dans la région de Boston (États-Unis) permet de souligner l’importance des contacts personnels dans les flux d’information. Il démontre alors « la force des liens faibles » pour obtenir un emploi. Les relations peu intenses et peu fréquentes (ou « liens faibles ») peuvent être plus efficaces, dans certains milieux sociaux, que les « liens forts », pour obtenir un poste. Pour les personnes qui recherchent un emploi, les « liens faibles », qui permettent de rencontrer des personnes à l’extérieur du groupe de fréquentation habituel, sont plus efficaces que les « liens forts » puisqu’ils permettent d’avoir accès à des informations nouvelles.

 

 Ainsi, pour Mark Granovetter, la compréhension du marché du travail ne doit pas se limiter à une analyse en termes d’offre et de demande. Les offreurs (candidats) et les demandeurs (employeurs) ne prospectent au hasard. Avant la signature du contrat de travail, il y a l’ensemble des relations qui ont permis de devenir salarié : conseils de proches (parents ou non), connaissances ou reconnaissances entre pairs, recommandations d’amis ou « d’amis d’amis », etc. Il invite donc à intégrer dans l’analyse du marché du travail les réseaux sociaux mobilisés avant l’embauche. Mais surtout, il précise que l’efficacité des acteurs, et donc leur insertion dans l’entreprise, ne repose pas seulement sur leur seule productivité mais aussi sur la qualité et la diversité de leur réseau, sur « la force des liens faibles ».  Cette analyse a été nuancée dans le cas de la France. En effet, dans les milieux populaires (employés, ouvriers), il semble que se sont plutôt les « liens forts » (conjoints ou parents) qui sont souvent les plus efficaces pour trouver un emploi que les relations indirectes. Par ailleurs le développement du lien numérique invite à repenser la force des liens. Les "amis" de Facebook ou de Viadeo  sont aussi des proches (camarades de classe, voisins) et des membres de la famille. Le développement de ces réseaux amplifie le nombre de liens faibles. 

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L'analyse de la force des liens faible peut être complétée par une analyse des trous structuraux. Un trou structural est une configuration ou un individu rejoint deux cliques. les individus intermédiaires se trouvent dans une relation de pouvoir favorable, ils peuvent arbitrer dans la relation, retenir ou donner des informations, attiser ou utiliser les conflits.

 

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Q1. Définir réseau social, sociabilité, lien faible, graphe, externalité positive, capital social

Q2. Pourquoi la notion de réseau social ne doit pas être confondu avec celle de réseau numérique ?

Q3. Quels sont les effets des réseaux sociaux numériques ? Fâites un schéma en arborescence.

Q4. Comment peut-on mesure le capital social ?

Q5. Le capital social a t-il des effets équivalents dans tous les milieux sociaux ?

Q6 Pourquoi Mark Grannovetter parle t-il de la force des liens faibles ?

Q7. Quel avantage peut-on avoir de se retrouver entre 2 cliques ?

 



04/05/2015
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