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Dissertation classe sociale

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02/02/2016
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10.2. L’efficacité des politiques de réduction des inégalités en question

A. Les crises de l'Etat-providence rendent plus difficile la redistribution

Selon P. Rosanvallon, depuis 1970, le ralentissement de la croissance induit une crise de l'Etat providence qui se situe à 3 niveaux : une crise de légitimité, une crise  de solvabilité financière, et une crise d'efficacité 

        Le choix d'une justice sociale est toujours en fin de compte idéologique. Il y a un désaccord, les conflits sociaux le montrent, sur l'idéal égalitaire qu'il convient de poursuivre dans une société. Ainsi, à droite du champs politique, le libéralisme économique est un critère central qui pose que l'Etat doit prélever la fraction la plus faible possible des revenus issus de l'activi tout en garantissant égalité des droits et la libre concurrence. La révolution néo-libérale prend son essor dans les années 80 au Royaume Uni ( Thatcher) et aux Etats-Unis (Reagan) tout en puisant dans les travaux des auteurs économiques comme F. Hayek, Gary Becker et M. Friedman, va s'employer à remettre en cause la légitimité de l'Etat-Providence. Le néo-libéralisme est un ensemble de doctrines et d'institutions qui cherchent à promouvoir le marché comme unique forme d'allocation des ressources tout en critiquant toute forme d'intervention directe de l'Etat. Selon M.Foucault, le néolibéralisme est une technique de gouvernement qui étend la logique de marché à toutes les dimensions de la vie (on peut retrouver cet empire idéologique dans l'omniprésence de l'idée de gestion dans notre vocabulaire : gérer sa carrière, son corps, ses enfants etc.). On peut retrouver une critique similaire chez P. Bourdieu, selon lequel le néolibéralisme est une tentative de déconstruction de toutes les formes de collectifs et par conséquence l'extension d'une logique individualisme.  En prolongeant son analyse on peut comprendre pourquoi la légitimité du système de protection sociale est remise en question quand les individus ne veulent plus payer pour les autres, le chacun pour soi l'emporte alors sur la logique des communs et de la solidarité sociale.

 


 

Q1. Le néo-libéralisme est-il un processus d'organisation de la diminution du rôle de l'Etat ? 

Q2. Que veulent produire les néo-libéraux ? 

 

      Par ailleurs, la solvabilité du système de protection sociale est fragilisée par une croissance faible qui s'accompagne de nouvelles prises en charge pour lutter contre l’exclusion et la pauvreté. Il existe des facteurs structurels à la crise de solvabilité de l’État-Providence : l’accroissement de la prise en charge de la santé et de la vieillesse liés à l'augmentation du niveau de vie (la santé est un bien de luxe dont la consommation croît plus fortement que le niveau de vie)  et au vieillissement de la population. Depuis quarante ans, les déficits budgétaires et le « trou » de la curité sociale alimentent chaque année une dette publique de plus en plus importante. Celle-ci représente aujourd'hui en France l'équivalent d'une année de produit intérieur brut (PIB}, soit 2 000 milliards d'euros.

 

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Les orientations en faveur de politique de rigueur destinées à lutter contre les déficits n'est cependant pas une solution, car la contraction des revenus de transferts aggrave les inégalités
 en pénalisant les plus modestes dont les revenus risquent de baisser, ce qui accentue les écarts de revenus. C’est aussi le cas, si la réduction des dépenses affecte les services collectifs (Santé, Culture, Éducation, Transports), qui ont des effets redistributifs et assurent l’égalité d’accès à des services, jugés essentiels, que les plus modestes ne pourraient pas financer. Dans le même sens, les déremboursements de médicaments, la hausse des franchises médicales accroissent les dépenses de santé à la charge des mutuelles ou des patients. Les plus pauvres n’ayant pas les moyens de contracter une mutuelle, tout en dépassant le plafond pour bénéficier de la CMU complémentaire, renoncent aux soins. Les inégalités face à la santé s’accroissent alors. 

 

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La crise d'efficacité repose sur le fait que les inégalités résistent aux mesures et aux dispositifs adoptés. Les inégalités d'espérance de vie entre les professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) se maintiennent, voire s'accroissent, malgré les dépenses investies dans la santé. 

 

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Selon l'enquête internationale PISA, l'école française est une de celle où le poids de l'origine sociale influe le plus sur la ussite scolaire, malgré les dépenses conséquentes investies dans le système éducatif.

 

 

 

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Le nombre de mal-logés ou de sans-domicile reste considérable, le taux de pauvreté à 60% du revenu médian ne descend pas en dessous de 7,3 millions de personnes et ré-augmente depuis 2002

 

 

 

B. Les effets pervers des politiques publiques

La rhétorique des effets pervers a été étudié par A.O.Hirshman dans son ouvrage "Deux siècles de rhétorique réactionnaire". Selon cet auteur, les critiques des politiques publiques portées par les libéraux consistent entre autre à  dénoncer les effets pervers selon lesquels ces politiques conduisent à des conséquences directement contraire à celles qui sont prévues.

 

       Arthur Laffer a inspiré les réformes libérales des années 80. Cet économiste américain soutient que, passé un certain seuil de prélèvements, les agents économiques sont découragés d'offrir du travail et plus largement d'investir et d'entreprendre, car les prélèvements ponctionneraient une fraction trop importante de leurs revenus. Ils seraient ainsi désincités à travailler et à créer des richesses supplémentaires. Une trop forte imposition aboutirait donc à un effet paradoxal: en duisant l'activité économique, elle duirait la base sur laquelle les impôts sont prélevés, et donc les recettes fiscales finales. Un taux d'imposition de 100 % aboutirait à ne générer plus aucune recette fiscale puisque plus personne ne souhaiterait travailler.Autrement dit, pour reprendre l'expression devenue lèbre, pour Arthur Laffer,« trop d'impôts tue l'impôt». Il y a deux effets en jeu : une augmentation du taux d’imposition s’accompagne d’une baisse de l’offre de travail par un effet de substitution du loisir au travail, mais il y a aussi  un effet-revenu, qui joue en sens contraire dans la mesure où l’agent cherche à maintenir son revenu total en augmentant le nombre d’heures travaillées. La courbe de Laffer repose sur le fait que l'effet substitution l'emporte.  

 

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Il faut cependant être prudent dans le maniement de cette critique. Car, d'une part, aucune étude empirique n'est venue corroborer cette thèse, d'autre part, même si ces effets désincitatifs existaient bel et bien, on ne sait rien de leur seuil de déclenchement. Le Danemark ou la Suéde, par exemple, sont des pays les taux de prélèvements sont très élevés et où le dynamisme économique ne se ment pas. 

 

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Thomas Piketty a mené une étude sur les effets de la modification des taux marginaux d’imposition sur les tranches supérieures de revenus en France entre 1970 et 1996. Sur la période considérée, il y a eu de nombreuses modifications de ces taux marginaux supérieurs et l’étude conclut que ces modifications ont eu des effets très limités sur les revenus en question. En revanche, la littérature empirique sur l'optimisation fiscale pratiquée par les hauts revenus, grâce à des conseillers dont c’est la spécialité montre que la hausse du taux d'imposition s'accompagne en effet d'une baisse de l'assiette par évasion fiscale. 

 

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Une autre critique classique est celle qui s'attache à dénoncer les effets pervers des allocations diverses qui aboutiraient à créer des trappes à pauvreté, à inactivité ou à chômage. Le raisonnement se base sur l'idée que les individus, en toutes circonstances, font des calculs coûts/ avantages et arbitrent sans cesse entre offrir davantage de leur temps à travailler ou passer plus de temps à leurs loisirs. 

 

Dans les cas de la trappe à l’inactivité et de la trappe à chômage, les individus assistés par les minimas sociaux ou assurés par les assurances chômage n'auraient pas intérêt à trouver un emploi car les revenus procurés par cet emploi grevés par le coût d'une reprise d'activité (transports, garddes enfants, paiements des impôts ... seraient inférieurs aux minima sociaux et à leurs avantages annexes. L’assistance sociale inciterait ainsi à la paresse et à une perte de responsabilité. Pour les chômeurs, la théorie néoclassique du Jobsearch pose que la distribution d'allocations chômage vient perturber le calcul de recherche d'emploi, les individus seraient incités à poursuivre leurs recherches plus longtemps que s'ils n'avaient pas d'assurance et contribue au chômage. En effet, allié à l'incertitude d'un contrat de travail souvent précaire, pousserait les individus à préférer une « pauvreté assurée » à un travail aléatoire et finalement bien peu rémunérateur. Si ces effets existent, ils restent marginaux. Le taux d’activité des mères de deux enfants s’est réduit lorsqu’elles ont pu bénéficier de l’allocation parentale d’éducation à partir de 1994 alors que le taux d’activité des mères d’un enfant unique, non concernées, continuait à augmenter. On peut trouver quelques RSAstes heureux, mais le travail, par la socialisation et le sentiment d'utilité sociale qu'il procure est un bien désirable malgré les aides et les allocations sociales. De plus les réformes sur le RMI, puis le RSA et le revenu ont cherché à réduire les trappes à inactivité. Par exemple, le RSA Activité a visé à constituer une incitation financière au retour à l’emploi en accroissant la rémunération marginale du travail des personnes sans emploi et des titulaires de bas salaires.

 

Dans le cas de la trappe à pauvreté,  les personnes qui ont un emploi serait désincitées à accroître leur durée du travail et leurs efforts car elles perdraient un certain nombre d’avantages sociaux (allocation logement, bourses scolaires...) qui leur rapporteraient plus que le surcroît de travail. Les minima sociaux maintiendrait donc les pauvres dans leur pauvreté et ce d’autant plus qu’ils fournissent des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. 

 

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Cette vieille critique libérale de culpabilisation des défavorisés remonte aux premières lois sur les pauvres dans l'Angleterre à la fin XVIIIème siècle. R. Malthus et les détracteurs des Poor Laws ont été défavorables à l'assistance aux pauvres qui selon eux, déprécie le travail, abolit toute distinction entre le travailleur industrieux et le paresseux, entretient le cercle vicieux de l'assistance.

 

 

Q1. Expliquez en quoi le néo-libéralisme a favorisé la crise de légitimité de l’Etat-providence

 

Q2. Faîtes un schéma représentant la crise de l’Etat-providence : crise de l’Etat-providence, crise de solvabilité, crise d’efficacité, néolibéralisme, prises en charge des effets de la crise, chômage, précarité, montée des phénomènes de désaffiliation sociale, augmentation du niveau de vie, individualisme, augmentation des dépenses vieillesse, crise de légitimité, persistance des inégalités, persistance de la pauvreté, augmentation des dépenses de santé, augmentation de l’espérance de vie

 

Q3. Les politiques de rigueur des dépenses sociales sont-elles une solution à la crise de solvabilité de l’Etat-providence ?  

 

Q4. D’où proviennent les critiques de d’Etat-providence ? ( auteurs, courants de pensée)

 

Q5. Que peut-on répondre à l’idée selon laquelle « trop d’impôt tue l’impôt » ?

 

Q6. Montrez en quoi l’analyse des trappes à pauvreté, inactivité et chômage relève d’une analyse en terme de coûts/avantages. 

 

 

 

 

 

 

 

 


31/01/2016
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Le déclassement social augmente t-il ?

    Un cas exemplaire serait celui d’une fille hôtesse d’accueil ( employée administratif d’entreprise) avec un bac +2 dont le père est cadre. Le père, niveau d’études BEPC, est cadre dans la fonction publique. La fille, niveau d’études bac + 2, se retrouve à faire l’hôtesse d’accueil,

« C’est dingue quand on y pense » répète t-elle. Le déclassement social se juge par la comparaison des positions sociales entre le père et la fille. Avec un niveau d’études supérieur, la fille occupe une position sociale moins prestigieuse que celle du père.

 Selon Éric Maurin, il y aurait en France plus une « peur du déclassement » qu'un déclassement objectif. Il y a une difficulté objective de juger d’un déclassement social car il sous-entend un jugement de valeur sur la trajectoire et dépend de plus d'autres données plus objectives comme l'évaluation des positions sociales dans le temps.

 

 Ce débat est assez complexe du fait de la polysémie de la notion de déclassement. On peut définir le :

-        déclassement social comme le fait d’avoir une position sociale inférieure à celle de ses parents  (déclassement  social = mobilité sociale intergénérationnelle descendante)

-        déclassement scolaire :   baisse du rendement social du diplôme

-        déclassement salarial : le fait d’avoir un salaire inférieur à ce que permet d’avoir son diplôme

-        déclassement subjectif :  le fait de penser que l’on a un métier qui ne correspond pas à son niveau de diplôme

-        déclassement face à l’emploi :  le fait de perdre un emploi stable.
 

On va plutôt s’intéresser au déclassement scolaire en définissant le rendement social comme une valorisation sociale du diplôme qui se traduit par un accès aux position d’encadrement et par une protection contre le chômage.

    

proposition 1. le paradoxe d’Anderson :  L’obtention d’un meilleur diplôme que ses parents ne garantit pas une mobilité sociale ascendante

 

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 47% des fils qui ont un diplôme supérieur à celui de leur père ont un statut soit équivalent soit inférieur.

 

 

Explication : Les individus cherchent à obtenir un diplôme supérieur à ceux de leurs parents, comme chacun prend la même décision, il en résulte un effet d’agrégation qui aboutit à une diminution du rendement social du diplôme (dévaluation du diplôme). Un raisonnement rationnel conduit tous ceux qui ne souhaitent pas descendre l’échelle sociale à faire des études plus poussées. Certains diplômés doivent accepter des emplois plus faibles. Il y aurait donc une diminution du rendement du diplôme. Certains parlent de dévaluation du diplôme : un même titre scolaire étant détenu par davantage d’agents, il perd de son efficacité relative.

 

 

Proposition 2. Un diplôme identique peut donner accès à des positions sociales moins élevées que celles de ses parents.

 

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 Analyse en dynamique

 

On peut avoir un diplôme équivalant à ses parents :

 - et avoir une position sociale supérieure   15 % en 1970,  23 % en 93

- et avoir une position sociale équivalente : 73%  en 1970 et 69% en 1993

- et avoir un statut social inférieur (déclassement social) : 12 % en 1970 et 8% en 1993

 En 1993, 8% des fils ayant un diplôme analogue à celui de leur père ont un statut social moins élevé, de plus cette proportion diminue. La mobilité sociale descendante est relativisée. Le fait qu’à diplôme équivalent la proportion d’individus ayant un statut équivalent baisse peut permettre de penser cependant qu’il y a un déclassement.

 

Proposition 3. En période de faible croissance, les diplômés issus des classes moyennes ont du mal à valoriser leurs diplômes ( vidéo chauvel)

 

En période de forte croissance, le nombre de « places à prendre » est plus important et permet donc la mobilité sociale. En période de moindre croissance, le capital social et le réseau social reprennent de l’importance. ( valide Anderson en temps de crise). L. Chauvel en comparant les générations des années 1940 à celle des années 1960 relève que les premières, entrées sur le marché du travail dans les années 1960, ont profité d’une conjoncture exceptionnelle avec une forte création de postes de cadres alors que la population active était encore peu qualifiée : elles ont pu facilement valoriser leurs diplômes. Au contraire les secondes, entrées sur le marché du travail dans les années 1980 dans un contexte de chômage de masse et après une forte hausse des qualifications, ont eu du mal à valoriser leurs diplômes.

    

C. Peugny en comparant ces deux générations montre une augmentation de la fréquence de la mobilité sociale descendante. Il effectue des entretiens avec des personnes originaires des classes moyennes et en déclassement : celles-ci expriment un fort sentiment d’injustice et de dévalorisation de leurs diplômes en se comparant avec la génération de leurs parents, qui sont parvenus à un statut plus enviable tout en étant moins diplômés. En effet la probabilité d’accès au salariat d’encadrement a diminué avec le temps. Ce qu’il faut nuancer par le fait qu’après un certain temps il est un peu plus facile de devenir cadre, mais pas directement.

 

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Proposition 4. Le diplôme a cependant une grande valeur parce qu’il protège encore plus aujourd’hui contre le chômage

 

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L’économiste E. Maurin conteste ces thèses : traditionnellement les économistes calculent la valeur du diplôme en faisant la différence entre les bénéfices et les coûts des années d’études supplémentaires. Il ne faudrait donc pas comparer un même diplôme pour deux générations mais deux diplômes au sein d’une même génération. Au début des années 1970, le taux de chômage est faible chez les sortants du système scolaire, quel que soit le niveau de diplôme. Aujourd’hui, il est 4 fois plus important chez les non diplômés que chez les diplômés du supérieur. Donc les bénéfices attendus des diplômes en termes de protection contre le chômage ont fortement augmenté.

 

Loin de se dévaloriser, les diplômes sont devenus un enjeu très fort, d’où un investissement scolaire de plus en plus marqué de la part des classes moyennes.

 

Conclusion : l’école ne peut pas tout, il vaut mieux réduire les inégalités des places, on réduira l’égalité des chances en réduisant d’abord l’égalité des places ( revenu, prestige, pouvoir)

 

Première vidéo : Qu'est-ce que le déclassement ?

 

Deuxième vidéo : La valeur des diplômes

 

Troisième vidéo : Le déclassement : marginal ou central ?


 

 questionnaire
 

 


30/01/2016
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7.1. Mesure et analyses de la mobilité sociale

 

Acquis de première : groupe d’appartenance, groupe de référence, socialisation anticipatrice, capital social

 

Les sociétés modernes sont des sociétés ouvertes qui se caractérisent par la liberté de choisir son destin, elles s’opposent aux sociétés traditionnelles ou le statut social se reproduit de générations en générations. La mobilité sociale est un enjeu central des démocraties qui peuvent ainsi diminuer les clivages sociaux, renouveler leurs élites. Mais attention une société à forte mobilité sociale n’est pas toujours égalitaire, on peut pouvoir changer de statut social par rapport à ses parents dans une société où les inégalités sont fortes.

 

exercice orléan tours

 

 

 

1) quelle est la différence entre égalité des places et égalité des chances ?

2) Comment évolue l'égalité des places ?

3) Quelles sont les limites du modèle de l'égalité des chances ?

 

NOTIONS : Mobilité intergénérationnelle/intragénérationnelle, mobilité observée, fluidité sociale, déclassement, capital culturel, paradoxe d’Anderson

 

Intervention C Peugny

A.  Mobilité géographique, professionnelle et sociale

Les sciences sociales analysent plusieurs types de mobilités :

  • La mobilité géographique ou spatiale désigne les  changements de résidence principale au sein d’un même pays, en général entre deux recensements, les changements de pays de résidence (migration). Les géographes et les sociologues étudient aussi la mobilité quotidienne  comme les déplacements effectués dans la journée.
  • La mobilité professionnelle (mobilité intra-générationnelle) décrit le les parcours individuels comme une succession d’états caractérisés par les indicateurs d’activité (emploi, chômage, inactivité) ou de professions (catégories socioprofessionnelles).
  • La mobilité sociale intergénérationnelle (mobilité sociale) désigne le changement de statut social d’un individu ou d’un groupe dans l’espace social entre deux générations.  L’emploi est une dimension structurante du statut social, on peut caractériser le statut d’une personne par sa profession actuelle, appelée position sociale, et par celle de ses (ou son) parent(s), appelée origine sociale. Lorsque la position et l’origine sociale sont identiques, on parle de reproduction sociale ; sinon, l’individu est en mobilité sociale.

 

La mobilité sociale peut être ascendante, descendante ou horizontale.  Quand elle correspond à une amélioration du statut social pour la génération des enfants , il s’agit d’une promotion sociale ou mobilité ascendante de l’individu par rapport à sa famille.  La mobilité descendante correspond à une diminution du statut. Quand l’individu a une profession différente de ses parents mais un statut équivalent, on parle de mobilité horizontale.

 

Au niveau individuel, une mobilité descendante intergénérationnelle peut être vécue comme une forme de déclassement social (perte de statut par rapport à ses parents) tandis qu’une mobilité ascendante va plutôt être vécue comme une promotion sociale. Des sociologues comme Vincent de Gauléjac à travers le concept de névrose de classe ont montré qu’une mobilité desendante peut cependant être vécue comme un arrachement voire une trahison de classe. Dans certains cas, les individus peuvent se sentir étrangers aux deux mondes qu’ils côtoient. Ces questions complexes ont été très bien décrites par la littérature : Annie Ernaux dans "la place", raconte la difficulté de s'arracher à son milieu social d'origine ouvrière.

 

 

Q1. Pourquoi Annie Ernaux présente t-elle son livre comme un livre de souvenirs ? 

Q2. Quel est l'intérêt de rédiger avec une écriture plate ? 

Q3. Pourquoi annie Ernaux dit-elle qu'entre son père et elle il n'y avait plus rien à se dire ?

Q4. Pourquoi le père avait-il un peu honte de sa fille ?

 

 

 

Ressources humaines,

 

Q1. Quels sont les reproches que fait le fils à son père ouvrier ? Pourquoi ?

B. Principe de construction, intérêts et limites des tables de mobilité

La mobilité sociale est mesurée à partir des tables de mobilité. En France, l’INSEE collecte les données de mobilité sociale dans l’enquête sur l’Emploi depuis 1953 et dans l’enquête Formation et qualification professionnelle (FQP) depuis 1970. La dernière enquête a été réalisée en 2003. Ces enquêtes transversales interrogent un échantillon représentatif de fils de 40 à 59 ans en âge de travailler.  On considère qu’à cet âge, le statut social acquis par le fils est représentatif. Ce sont les fils qui répondent au questionnaire à propos de la profession de leur père, par construction, le nombre de pères est égal au nombre de fils. Une table de mobilité présente de manière synthétique les effectifs de l’enquête dans un tableau à double-entrée avec en ligne les positions sociales (en pratique les catégories socioprofessionnelles des enfants) et en colonne les origines sociales (en pratique les catégories socioprofessionnelles des parents). 

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exercice 1

 

exercice 2 EC2

 

exercice 3

 

La table de destinée permet de mettre au jour la répartition des professions de la génération des fils de chaque catégorie. Ainsi en 2003, sur 100 fils d'employés, il y en a en moyenne 26 qui sont devenus ouvriers selon l'INSEE.

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La table des origines sociales permet de mettre en évidence les catégories socio-professionnelles d'où sont issus les membres de chaque catégorie. Par exemple, on peut lire que sur 100 artisans, commerçants ou chefs d'entreprise de 40 à 59 ans, 29 d'entre eux avaient eu un père artisan, commerçant ou chef d'entreprise selon l'INSEE en 2003. 

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Outre le fait que la dernière enquête de la mobilité réalisée en 2003 commence à dater, on peut recenser des limites de la mesure de la mobilité à partir des tables :

 Le nombre de catégories choisies influence la mesure de la mobilité sociale. Plus on prend de catégories, plus observera d’individus qui changent de catégories, et donc davantage de mobilité.

   Les études sur la mobilité sociale comparent principalement le père et le fils et tendent à laisser dans l’ombre la mobilité sociale féminine. Prendre seulement les hommes est une hypothèse simplificatrice tenable, du fait de l’homogamie, la prise en compte du statut des femmes comme composante d’un statut familial ne change pas significativement les conclusions issues des tables. Cependant, les sociologues du genre ont critiqué l’invisibilité des femmes dans les enquêtes récentes, au moment où leur insertion sur le marché du travail est plus forte et transforme la stratification sociale. Exercice mobilité fille 

  Les tables de mobilité sociale ne permettent pas de rendre compte de la façon dont le statut socioprofessionnel est acquis, par exemple des différences qui existent entre un fils d’ouvrier devenu cadre qui a commencé ouvrier et un fils de cadre qui a été cadre toute sa carrière. Il faut les compléter par des enquêtes qualitatives comme des entretiens de parcours de vie qui permettent de reconstituer les trajectoires sociales. Ces études ont permis de montrer que la socialisation familiale transmet des ressources et de croyances qui constituent des forces de rappel du social sur les parcours individuels.

  Quand on étudie l’évolution de la mobilité sociale, une même catégorie sociale entre le père et le fils peut avoir une signification sociale différente en termes de prestige, de pouvoir ou de richesse. De nouveaux métiers apparaissent.

 

exercice fluidité sociale

C. La mobilité sociale fait du sur place

Dans les sociétés démocratiques, l'augmentation de la mobilité peut traduire une augmentation de l'égalité des chances, mais elle peut aussi cacher une augmentation des inégalités. En effet, il peut être facile de changer de position sociale, alors que les inégalités entre ces positions s'accroît. Selon François Dubet, le constat de la mobilité sociale peut même justifier les inégalités existantes. 


Selon l'enquête FQP de 2003, 65% des hommes de 40 à 59 ans avaient eu une position différente de celle de leur père. Il y en a avait 57 % en 1970 et 49% dans l’enquête Emploi de 1953. On peut donc conclure à une augmentation de la mobilité observée sur le long terme, même si elle tend aujourd’hui à se stabiliser.

 

 

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La mobilité structurelle désigne la mobilité intergénérationnelle résultant de la transformation globale de la structure socio-professionnelle.  Quand le nombre de cadres augmente, l’accès à cette catégorie est mécaniquement plus ouvert. Même si tous les fils de cadres le devenaient, il reste des places pour les autres. A l’inverse, la diminution du nombre d’agriculteurs explique que seulement 22 % des fils le soient devenus eux aussi. La mobilité structurelle progresse : sur 100 fils âgés de 40 à 59 ans en 2003, 25 ont connu une mobilité structurelle, 5 de plus qu’en 1977.

 

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      Mais la mobilité dépend aussi de phénomènes qui ne sont pas liés aux transformations de l’emploi. On parle de mobilite « nette » ou de « fluidité sociale ». Pour la calculer, on déduit de la mobilité totale la mobilité structurelle. Cette mobilité nette est en quelque sorte un indicateur de l’égalité des chances d’accéder aux diverses positions sociales, liée par exemple à une meilleure scolarisation des milieux les moins favorisés. En 2003, la mobilité nette concernait 40 % des hommes et représentait donc près des deux tiers de la mobilité sociale totale, preuve que l’ascenseur social n’était pas bloqué. Mais après avoir progressé entre 1977 et 1993, elle a régressé entre 1993 et 2003. Au total, on est pourtant loin de l’égalité des chances.

 

Cependant la mobilité nette n’est sans doute pas la meilleure mesure de l’égalité des chances. Il est difficile de trancher sur la la question. On peut le voir avec ces 2 exemples:

  Les travaux de Louis André Vallet démontrent que la fluidité sociale a progressé depuis 1953, à un rythme moyen de 0,5% par an. La fludité sociale, qui mesure le degré plus ou moins élevé d'égalité des chances d'atteindre un statut social donné, indépendamment de son statut social, a cependant cessé de progresser sur la dernière décennie. 

Une étude de l’Insee note que si l’on prend deux hommes au hasard, l’un fils de cadre, l’autre fils d’ouvrier, le premier a huit chances sur dix d’occuper une position sociale supérieure ou égale à celle du second. Ce supplément de chance des fils de cadres s'est accru entre 1993 et 2003. 

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Depuis 2003, la situation de l’emploi s’est encore dégradée. Le sociologue Camille Peugny (La mobilité sociale est en panne) s’est intéressé à la situation des personnes ayant quitté la formation initiale depuis 5 à 8 ans en 2009. Il montre que depuis 2003 l’immobilité sociale stagne, voire tend à augmenter légèrement : un tiers des personnes appartiennent toujours à la même catégorie sociale que leur père.

 

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D'où vient le sentiment que l'ascenseur social est en panne ? La structure sociale s'est transformée fortement pendant les Trente Glorieuses et a assuré une promotion sociale massive. La mobilité sociale ralentit alors que la dégradation de l’emploi frappe en premier lieu les jeunes générations plus qualifiées.  Aujourd’hui le taux de précarité atteint 50% chez les jeunes (La précarité de l’emploi en France).  Il faut un temps encore plus long pour s’insérer durablement dans l’emploi. Une partie des couches moyennes, issues de milieux modestes (ouvriers et agriculteurs notamment) voient leurs descendants peiner à atteindre un statut social plus élevé que le leur alors qu’ils sont plus diplômés qu’eux, ce phénomène est décrit comme le pardoxe d’Anderson.

 



Exercice statapprendre

 

 Q1. Définir : Mobilité intergénérationnelle/intragénérationnelle, mobilité observée, fluidité sociale, déclassement, capital culturel, paradoxe d’Anderson

Q2. En quoi le changement de statut social entre les parents et les enfants peut-il poser problème ?

Q3. Pourquoi choisit-on d’interroger des individus de 40 à 59 ans pour établir les tables de mobilité ?

Q4. Donner 4 limites de construction des tables de mobilité

Q5. Donner la formule de la mobilité nette

Q6. Faîtes un tableau où vous rangerez les arguments qui soutiennent l’idée que l’ascenseur est en panne

 

 

 

 


30/01/2016
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Comment rendre compte aujourd'hui de la structure sociale en France ?

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    I.          LA DESCRIPTION DE LA STRUCTURE SOCIALE  NECESSITE TOUJOURS DES OUTILS ECONOMIQUES

a) Les PCS sont toujours des outils de représentation pertinents

b) Les inégalités de revenu et de patrimoine croissantes laissent à penser que les classes sociales sont de retour

 

II.           MAIS D'AUTRES VARIABLES NON-ECONOMIQUES DOIVENT COMPLETER LE TABLEAU POUR APPREHENDER DE « NOUVEAUX » CLIVAGES SOCIAUX

  1. les groupes d'âge deviennent aujourd'hui des groupes pertinents pour penser le monde social
  2. Les inégalités de genre restent aussi très structurantes

§1 : Les inégalités de richesse permettent de repérer des classes (Doc1)

 

§2 :  mais cela n’est pas entièrement satisfaisant car des individus aux revenus proches peuvent appartenir à des groupes sociaux distincts et donc avoir des modes de vie et de penser forts éloignés. 

 

§3 : Pour certaines pratiques culturelles notamment, le sexe est également une variable explicative très clivante comme le montre le Doc3.

 

§4 : Mais les PCS elles-mêmes ont des limites, par exemple elles ne tiennent pas compte du type de contrat de travail, or être cadre ou ouvrier en intérim ou en CDI ne renvoie pas à la même position dans la société ni au même mode de vie/de pensée (accès au crédit/logement…)

 

§5 : La faible croissance économique et le chômage de masse depuis les années 1980 ont conduit les chercheurs à montrer que les nouvelles générations, donc les jeunes actifs, avaient beaucoup plus de difficultés à s’insérer sur le marché du travail et à accéder aux positions de pouvoir/prestige que leurs ainés baby-boomers (Doc2 )

 

§6 : C’est tout l’intérêt des PCS que de fournir une stratification multidimensionnelle (Weber) qui enrichit la seule dimension, trop simpliste, de la richesse. (Cours principes de construction des PCS, Weber rôle du prestige et pluridimentionalité, stratification de Bourdieu en termes de capital économique mais aussi culturel)

 

§7 : la forte salarisation de l’emploi tend à invalider le clivage marxiste fondé sur la seule possession du capital.

 

§8 : Pour certaines pratiques culturelles notamment, l’âge est une variable explicative très clivante comme le montre le Doc3.

 

§9 : La persistance d’inégalités liées au sexe dans un contexte de forte féminisation de l’emploi, par exemple en matière salariale, d’accès aux positions de pouvoir dans l’entreprise ou la politique (plafond de verre) ou d’espérance de vie montre que le sexe est une variable importante pour bien rendre compte de la stratification de la France d’aujourd’hui. (Cours)

 

 Q1. Placer les idées dans le plan

Q2. Rédigez une transition entre la partie 1 et la partie 2

Q3. Rédigez une introduction et une conclusion

 

 

  1. Intro

Avec les « trente glorieuses », période d’exceptionnelle croissance économique et de hausse des niveaux de vie puis les « trente piteuses », période de croissance économique atone et de chômage de masse, la société française a connu beaucoup de mutations, notamment la salarisation et la féminisation de la population active, l’émergence d’une vaste classe moyenne en ascension sociale, puis avec le chômage de masse et la précarisation de l’emploi, le spectre du déclassement notamment pour les jeunes générations dans une société vieillissante. Face à tous ces changements, on peut se demander avec quels outils et variables il est pertinent de décrire la structure sociale de la société française, c’est-à-dire quelles sont les inégalités qui clivent le plus la société française. Les outils comme le revenu ou la PCS privilégiés par le passé sont-ils toujours opérants ou faut-il les compléter, voire les remplacer par d’autres, et lesquels ?

Nous verrons dans une première partie que la description de la structure sociale de la France d'aujourd'hui (salarisée, tertiarisée, précarisée) nécessite toujours les outils économiques : revenus et profession (PCS) pour être bien décrite mais que d'autres variables doivent compléter le tableau pour appréhender de « nouveaux » clivages notamment le sexe et l’âge.

 

  1. Conclusion

Devant les vastes mutations qu’a connu la société française au cours des cinquante dernières années, le revenu et la PCS restent indéniablement des variables centrales pour appréhender et décrire la structure sociale de la société française d’aujourd’hui mais pour en cerner les contours et clivages principaux il faut en compléter l’analyse en utilisant, pour des aspects de plus en plus nombreux, les variables de sexe ou d’âge puisque ces deux composantes émergent comme fondatrices de clivages de plus en plus prégnants, que le revenu ou la PCS ne permettent pas de repérer. Ce problème de mesure/repérage de la structure sociale est d’ailleurs très proche des débats autour de l’utilisation du PIB pour mesurer/repérer complètement ce qui fait la richesse d’un pays. Dans les deux cas, c’est l’utilisation de plusieurs outils complémentaires qui permet de progresser.

 


24/01/2016
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