Dossier 4.1 A quoi sert la monnaie ?
Dossier 4.1 A Quoi sert la monnaie ?
Q1. Est ce que le temps est une monnaie ?
Q2. Quels sont les effets économiques et sociaux de cette banque du temps ?
A. La monnaie remplit des fonctions économiques
Selon les économistes, la monnaie est un instrument d’échange pour les paiements qui remplit trois fonctions économiques : intermédiaire des échanges puisqu’elle est un équivalent général qui permet d’acheter n’importe quel bien ou service et d’éteindre toutes les dettes (pouvoir libératoire général) ; unité de compte : la monnaie sert d’étalon de valeur et permet de comparer facilement la valeur des biens et des services ; enfin, la monnaie sert de réserve de valeur puisqu’elle conserve sa valeur à travers le temps et permet de différer sans risque la consommation et l’investissement. Ces 3 fonctions impliquent 3 qualités : divisibilité, inaltérabilité et acceptabilité par tous. La monnaie des économistes est un objet neutre permettant de se substituer au troc. Il faut cependant distinguer les analyses classiques et néoclassiques pour lesquelles la monnaie n'est qu'un "voile" des analyses de Keynes pour qui l'importance de l'incertitude fait que la monnaie peut être désirée pour elle-même sous forme d'épargne de précaution ou dans un objectif de spéculation.
Toujours selon cette perspective économique, la monnaie a subi un mouvement de dématérialisation croissant. Les premières monnaies ont été des monnaies marchandises ( cauris, animaux etc.), elles ont laissé peu à peu la place à des monnaies métalliques ( bronze, cuivre, or, argent) puis aux billets et à la monnaie scripturale sur les comptes bancaires dématérialisés, jusqu’à la monnaie électronique aujourd’hui, même si ces différentes formes de monnaie coexistent. Histoire de la monnaie
Q3. Le bitcoin est-il une monnaie comme l'Euro ?
Dans les économies contemporaines, on utilise 3 formes de monnaie ; les pièces métalliques, les billets de banque et la monnaie scripturale. Les billets de banques n'ont pas de valeur intrinsèque mais une valeur légale inscrite sur le papier, on parle de monnaie fiduciaire car leur valeur repose sur la confiance. Les pièces constituent la monnaie divisionnaire et la monnaie scripturale est constituée et la monnaie scripturale est constituée par les encaisses détenues sous forme de comptes bancaires. C'est une écriture dans les livres de compte des banques.
La part de la monnaie scripturale dans le total des moyens de paiement n’a cessé de s’accroître et représente aujourd’hui environ 90 % de la masse monétaire en circulation dans la zone euro. Alors que les pièces et billets sont à la fois monnaie et instruments de paiement, la monnaie scripturale ne doit pas être assimilée aux moyens de paiement qui la font circuler : chèque, virement, carte de paiement, porte-monnaie électronique etc.
C’est parce que la monnaie est avant tout fondée sur la confiance qu’elle a pu progressivement se dématérialiser au fil du temps pour passer de la monnaie marchandise, à la monnaie métallique, aux billets, puis à la monnaie scripturale.
La confiance repose sur le fait que les Etats assurent le cours légal de la monnaie (impossible de la refuser dans une transaction). En contrepartie l'Etat lutte contre la fabrication de fausse monnaie et la punit sévèrement.
B. Les fonctions sociale et politique de la monnaie
L'apparition de nouvelles monnaies comme le bitcoin ou les monnaies sociales comme les Système d’échange Locaux ( SEL) ou les banques du temps peut nous permettre de nous interroger sur la pertinence d'une analyse purement économique de la monnaie. La monnaie est un fait social total: elle a des dimensions économiques, sociologiques et politiques. Les systèmes d’échanges locaux qui se développent aujourd’hui mettent en évidence la fonction sociale de la monnaie. Dans ces inventions sociales des groupes sociaux se dotent d'une monnaie fictive qui permet de retrouver du lien social là où le système économique avait produit un délitement social.
Selon le mythe du troc, la monnaie a été inventée pour faciliter les échanges. Ainsi dans une situation de troc où l’on n’utilise pas la monnaie, l’échange entre deux agents économiques ne peut avoir lieu que si les deux agents souhaitent se procurer le bien que l’autre possède et acceptent de céder, en échange, le bien ou service qu’ils possèdent. Il faut également que la valeur des biens dans la transaction soit considérée comme équivalente par les deux parties prenantes. C’est ce que l’on appelle la double concordance des besoins. Dans les fait, la monnaie a toujours existé même si au départ elle ne servait que dans certaines conditions : achat d’esclaves, remboursement lié à un meurtre, etc.. surtout des relations avec les étrangers. Selon David Graeber, les premiers échanges économiques entre proches reposaient principalement sur le système du crédit comme ont pu le montrer des inscriptions sur des objets gravés égyptiens.
Georges Simmel dans "philosophie de l'argent, 1905, montre que l'argent met l'individu en relation avec la société dans son ensemble puisque tout porteur de monnaie est en droit d'acquérir tout ce qui est proposé dans la sphère marchande, l'argent est une dette et celui qui en le possède est détenteur d'une créance sur l'ensemble de la société. Cette caractéristique va permettre une abstraction des rapports sociaux et le développement des rapports impersonnels notamment dans les grandes villes. Les individus vont aussi pouvoir se libérer des rapports sociaux communautaires contraignants en développant des relations économiques comme dans le cas des sociétés par action. Mais il va aussi stimuler la consommation notamment à travers le mécanisme de la mode.
Selon Viviane Zelizer qui étudie les usages de l'argent aux Etats-Unis entre 1860 et 1930, l'argent est aussi paradoxalement l'objet d'un marquage social : la valeur n'est pas le même selon la qualité du donateur ou du récipiendaire ou suivant l'usage qui en est fait. Ainsi un dollar donné en salaire n'équivaut pas à un dollar donné comme argent de poche ou à un dollar de prestation sociale. Par exemple l'argent versé à une femme au foyer par son mari peut être défini comme une rétribution d'un travail domestique ou comme un cadeau. Le sens donné à cette somme induira aussi les façons dont il pourra être dépensé. Pour l'aide sociale aux pauvres aux Etats-Unis à la fin du XIX jusqu'aux années 30, celle-ci a été distribuée soit en liquide soit en nature en fonction de la façon dont les travailleurs sociaux estiment qu'ils peuvent sortir seuls de leur situation. Ce marquage de la monnaie permet de montrer que des rapports de pouvoir se dessinent derrière sa distribution.
L’anthropologie et la sociologie nous enseigne donc que la monnaie est un rapport social, une dette qui symbolise la confiance qui existe dans une société. C'est aussi un instrument de pouvoir, la monnaie permet à ceux qui le détiennent d’acheter du temps de travail de certains groupes sociaux. Le fétichisme de la monnaie (oubli des fonctions sociales de la monnaie) cache cet élément de domination.
Q1. Quelles sont les fonctions économiques de la monnaie ?
Q2. En quoi l'analyse keynésienne de la monnaie se différencie t-elle de celle des classiques ?
Q3. Qu'est ce que la dématérialisation de la monnaie ? la monnaie scripturale ?
Q4. Montrer que la confiance joue un rôle central dans l'histoire de la monnaie.
Q5. Le troc est-il un mythe originaire de la monnaie ?
Q6. En quoi la monnaie fait-elle l'objet d'un marquage social ?
Q1. Quelles sont les 2 faces de la monnaie ?
Q2. Qu'est ce que la spéculation ?
Q3. Que veut dire S.E.L ? Comment fonctionne un S.E.L ?
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