5.1. Le vote est le répertoire central de l’action politique
L’idéal démocratique repose sur la conception que le pouvoir politique procède du peuple souverain. Il ne peut donc y avoir de démocratie sans implication, sans participation du citoyen à la vie politique, c'est à dire sans citoyen actif. La participation politique est l’ensemble des activités par lesquelles les citoyens sont habilités à entrer en contact avec l’univers sacré du pouvoir en respectant certaines contraintes rituelles. L’implication du citoyen dans la vie politique institutionnalisée est couramment appelée la participation conventionnelle. C’est autour de l’élection et donc de l’acte de vote que s’ordonne cette participation conventionnelle, mais nous pouvons étendre celle-ci à tout ce qui concourt à produire le processus électoral (intérêt porté à la vie politique par l’écoute des émissions politiques, lecture de la presse, discussions et débats politiques, participation à des meetings, soutien à des partis, adhésion et militantisme. La participation protestataire implique, quant à elle, des actions collectives de citoyens unis par des revendications communes et repose sur des participations non conventionnelles.
5.1. Le vote est le répertoire central de l’action politique
A. Une petite histoire du vote
Pour certains, qui s’appuient sur la pensée de Jean-Jacques Rousseau, le vote est un droit (théorie de "l’électorat-droit ") dont dispose tout citoyen. Si le corps électoral compte 10 000 citoyens, chacun de ces citoyens dispose d’un dix millième de l’électorat.
Pour d’autres, au premier rang desquels l’abbé Sieyès, qui va la théoriser dans son pamphlet Qu’est-ce que le Tiers-État ? (1789), il faut mettre en œuvre la théorie de "l’électorat-fonction". Dans cette perspective, le vote "appartient" à la Nation, et c’est donc à cette dernière qu’il revient de déterminer quels citoyens sont aptes à remplir cet office. L’électorat n’est dès lors qu’une fonction et tout citoyen ne peut exiger de disposer du droit de vote. Cette théorie permettra, dans la Constitution du 3 septembre 1791, de justifier le suffrage censitaire réservé aux citoyens dits "actifs", c’est-à-dire ceux qui acquittent un impôt d’un certain niveau. Or, selon certains juristes, cette théorie de l’électorat-fonction justifierait la mise en place du vote obligatoire. Si la Nation confie à certains le soin de constituer l’électorat, ceux-ci sont investis d’une fonction essentielle dans l’État. Ils doivent donc impérativement remplir cette fonction.
Pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, un mouvement de réforme concerna tous les pays ayant institué des élections. Au secret du vote comme une garantie de sa liberté, on se préoccupa partout d'isoler l'électeur au moment de choisir son vote. Un instrument nouveau fut adopté quoiqu'il parût toujours fort bizarre : l'isoloir. L’ancienne procédure électorale du vote secret en public accomplissait une fonction de contrôle censitaire du vote. Les électeurs restaient toujours sous les regards des membres du bureau de vote. En disparaissant derrière un rideau, l’électeur échappait provisoirement à tout contrôle. Il fallut attendre la loi du 29 juillet 1913, intitulée la loi "ayant pour objet d'assurer le secret et la liberté des opérations électorales" pour instaurer en France la procédure actuelle du vote, avec ses instruments que sont l'isoloir et l'enveloppe.
B. Comment analyser le vote ?
Un utilitarisme étroit, tel que celui développé en 1957 par Anthony Downs dans un ouvrage au titre explicite : An Economic Theory of Vote, pose que le vote est un acte irrationnel. Le politiste américain cherchait à mesurer " le gain net " qu'un individu peut retirer de sa participation. Il est égal, selon cet auteur, aux bénéfices supplémentaires qu'il escompte de la victoire de " son " candidat multiplié par la probabilité que sa propre voix pèse sur l'issue du scrutin, opération dont il faut soustraire les divers coûts (information, déplacement, renoncement à d'autres activités, etc.) liés à l'acte même de voter. Downs remarque alors que le gain en question sera presque toujours négatif du fait de l'extrême faiblesse de la probabilité. Dans ces conditions, pourquoi voter ?
Il est pourtant nécessaire de s'éloigner de ce cadre assimilant le citoyen à un consommateur et de prendre en compte les contextes sociaux et historiques pour saisir les motivations réelles des électeurs. Loin de se réduire à une simple opération d'enregistrement des opinions, l'élection représente en effet un véritable rituel qui s'est imposé au prix d'une longue entreprise d'acculturation civique. Le vote a une dimension symbolique car en votant l’électeur fait plus qu’exprimer ses opinions : il exprime en même temps une forme de fidélité et d’engagement à l’égard de la communauté des citoyens dans laquelle il se reconnaît. Produit d’un processus historique d’acculturation civique, l’acte électoral correspond, tout d’abord, à un système de contraintes, de postures, de croyances, auquel les électeurs doivent s’accoutumer. C’est dans cette contrainte comportementale qu’il faut voir la première fonction du rituel électoral dont le déploiement est autorisé par l’existence même des bureaux de vote : ce dernier a l’ambition de rappeler à l’électeur qu’il doit accomplir un acte épousant une scénographie spécifique, adopter certaines attitudes réfléchies (se découvrir, maîtriser ses faits et ses paroles à l’intérieur de la salle de vote…), réaliser un certain nombre de gestes ordonnés dont le caractère solennel est le plus souvent fortement souligné.
C. Peut-on mettre en place une machine à voter numérique et le vote sur internet ?
La machine à voter pose un problème de fraude, il est techniquement possible de falsifier les résultats des machines à voter, mais il faut pour cela accéder physiquement à la machine. Pour certains, le vote électronique est plus sûr que le vote papier, durant lequel il existe mille et une manière de frauder lors du dépouillement, mais pour d’autres on pourra toujours trouver des moyens technologiques. Quand on dématérialise le vote, il devient intrinsèquement invérifiable, parce que le vote est anonyme. Or, en informatique, pour pouvoir effectuer une vérification, il faudrait s'appuyer sur une trace, et donc pouvoir vérifier à quel nom correspond quel vote.
Le vote sur Internet pourrait (re)mobiliser des catégories d'électeurs peu enclins à voter jusqu'à présent dans des bureaux de votes : les jeunes et les électeurs situés loin des urnes sont particulièrement visés. La participation des étudiants notamment, une classe d’âge souvent à l'aise avec les technologies numériques mais aussi fréquemment enregistrés dans des bureaux de vote situés loin de leur localisation réelle, pourrait considérablement augmenter. Les électeurs habitant dans des zones isolées, situées à plus de 30 minutes en voiture d'un bureau de vote, sont eux aussi susceptibles d'être attirés par le vote sur Internet.
Des analyses ont montré que les électeurs votants irréguliers et les abstentionnistes, sont ceux dont le niveau de mobilisation politique est potentiellement le plus affecté par l’introduction du vote électronique.
- Donner les définitions des mots suivants : participation conventionnelle, participation non conventionnelle
- Comment a été justifié le vote censitaire ?
- Quelles transformations connaît le vote au milieu du XIX° siècle ?
- Une analyse économique du vote est-elle suffisante pour l’expliquer ?
- Cherchez la définition de rite. Montre que l’on qualifier le vote de rite.
- Expliquez la phrase soulignée
- Quels sont les avantages et les inconvénients de la machine à voter et du vote sur internet ? ( faîtes un tableau)
Exposés multinationales
Exposé à réaliser par groupe de 2 à 4 sur le thème de la mondialisation de production :
Observatoire des multinationales
Exposé 1. Après avoir présenté le coq sportif, vous expliquerez pourquoi cette entreprise relocalise sa production
Relocalisation : la délocalisation de la production génère des coûts indirects qui peuvent se révéler importants : coûts de transport, manque de réactivité, problème de qualité dans la production, de gaspillage, problème du manque de protection contre les contre-façons... En fin de compte, certaines entreprises font le choix de re-localiser leur production, car les coûts induits sont plus importants que les économies réalisées sur la main-d’œuvre. Cela été le cas récemment du Coq sportif et des skis Rossignol ou du shampooing Petrole Hahn, des jouets Smoby, des lunettes Atol, des chaussettes Kindy et des nappes et assiettes Geneviève Lethu revenus en France entre 2007 et 2009.
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Le Coq Sportif poursuit sa relocalisation française - Confection
www.usinenouvelle.com/.../le-coq-sportif-poursuit-sa-relocalisation-francaise. N149487
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Le Coq sportif : un cador revient dans l'arène - Capital.fr
www.capital.fr/.../le-coq-sportif-un-cador-revient-dans-l-arene-1052187
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Le coq sportif innove en France - Le Figaro
www.lefigaro.fr/.../04015-20110812ARTFIG00397-coq-sportif-innove-en- france.php
Exposé 2. Après avoir montré que le gouvernement a choisi les multinationales françaises les plus polluante pour financer la COP 21, vous essayerez d'expliquer pourquoi.
Exposé 3. Après avoir expliqué ce qu'est le TAFTA, vous montrerez que les multinationales cherchent à étendre leur influence
tafta-soumet-il-les-etats-europeens-aux-multinationales
Exposé 4 Après avoir expliqué l'organisation de la production d'Intel, vous expliquerez pourquoi cette multinationale s'implante en Israel
le leader mondial des puces informatiques, Intel, a divisé sa production en trois grandes activités : la fabrication des tranches de silicium (les « wafers »), l’assemblage et les tests. La fabrication des tranches de silicium, de même que la recherche et le développement, est une activité intensive en travail qualifié, ce qui explique pourquoi Intel réalise cette production dans des pays où les niveaux d’éducation sont relativement élevés : les États-Unis, l’Irlande et Israël. En revanche, l’assemblage et les procédures de tests sont davantage des tâches de routine, intensives en travail non qualifié. Intel a localisé ces activités dans des pays où la main-d’œuvre est bon marché, comme la Malaisie, les Philippines, le Costa Rica et la Chine
Exposé 5. Après avoir expliqué comment les multinationales pouvaient faire de l'optimisation fiscale, vous expliquerez la stratégie d'Amazone, de Google ou de Face Book
La commission européenne sévit
Exposé 6. Après avoir expliqué les différentes raisons d'une fusion-acquisition, vous présenterez le rachat de Gravitant par IBM
IBM Gravitant
Exposé 7. Après avoir présenté l'entreprise Samsung, vous montrerez qu'elle est mise en cause pour des comportements non responsables.
article observatoire des multinationales sur le travail des enfants
Exposé 8. Après avoir expliqué ce qu'est le prix Pinocchio, vous expliquerez pourquoi Total a été nominé
nomination Total
dossier 6.3. Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?
Dossier 6.3. Comment les réseaux sociaux fonctionnent-ils ?
prezzi réseau social
A. Combien d’amis avons-nous dans le lycée ?
Combien « d’amis » avez-vous sur Facebook ? Ou de suiveurs sur Twitter ? A combien de personnes, vous ou vos parents, peuvent-ils téléphoner pour trouver un job d’été ? Quelle est la nature des liens que nous entretenons avec notre famille, nos voisins, nos professeurs, etc. ?
Un réseau social est « un ensemble de relations entre un ensemble d’acteurs » (Michel Forsé). Ce concept inclut les réseaux sociaux numériques qui l'ont popularisé mais il est plus large dans la mesure où il englobe toutes les formes d'interdépendance. Pour le sociologue allemand Georg Simmel (1858-1918), la société est « constituée d’êtres qui souhaitent établir exclusivement entre eux des actions réciproques ».
Ainsi, les individus ne se caractérisent pas seulement par leurs appartenances à des groupes sociaux (sexe, âge, statut, groupe socioprofessionnel, lieux de résidence, nationalité, etc.) mais aussi par des relations. Le concept de « réseau social » permet donc de décrire et d’expliquer ces interactions sociales ou actions réciproques entre les individus et leurs régularités. La sociabilité est définie comme une aptitude à engager des relations sociales avec autrui, mais pour le sociologue, c’est l’ensemble des relations qu’un individu (ou un groupe) entretient avec d’autres. La sociabilité est l’expression élémentaire du lien social, c’est aussi une des mesures de l’intégration sociale.
B. les réseaux sociaux en ligne constituent de nouvelles formes de coordination et de sociabilité
La sociabilité est une propension à développer et à entretenir des relations avec autrui. Ces relations dépassent les interactions car elles se répètent, perdurent et acquièrent une histoire, s’inscrivent dans le temps ; elles deviennent singulières dans la mesure où les acteurs ne sont plus substituables.
On peut distinguer différentes formes de sociabilité :
· la sociabilité formelle est le résultat d’une organisation préalable
· la sociabilité informelle émerge plus spontanément des interactions.
Les relations professionnelles et les pratiques associatives relèvent de la sociabilité formelle ; les rencontres et discussions entre d’amis correspondent à la sociabilité informelle. On peut aussi mettre l’accent sur le caractère collectif ou individuel de la sociabilité. Mark Granovetter propose de différencier les relations de sociabilité par la force du lien, c’est-à-dire de l’intensité ou de la qualité des relations interpersonnelles. On peut encore opposer des relations de proximité (géographique, sociales, ethniques, affinitaires) ou d’éloignement. La sociabilité peut être « contrainte » ou obligatoire, affinitaire ou élective. Les liens forts sont des liens plus intimes où la sociabilité informelle joue un rôle important, en particulier les liens familiaux et amicaux. Les liens faibles sont des liens plus distendus reposant davantage sur une sociabilité formelle.
La représentation graphique des relations (ou graphes) est un outil qui permet de mettre en exergue des structures sociales et les configurations. Les graphiques proposés sont formés de la combinaison de deux éléments : les sommets et les arcs. La dyade désigne la relation entre deux unités. C’est la figure la plus simple de l’interaction. La triade est l’unité pertinente de l’analyse des réseaux. Cette forme permet de comprendre que le réseau sépare et relie à la fois.
L’analyse empirique des pratiques de sociabilité, notamment celles donnant lieu à des conversations par enquêtes permet de mesurer le temps et le nombre de contacts liés aux différentes formes de sociabilité (visites familiales, fréquentation des cafés, pratique d’une activité associative, communication téléphonique, etc.). Les études distinguent souvent six ensembles de relations concrètes entre les individus : la parenté, les amis, les voisins, les relations de travail, les relations de services et enfin l’ensemble des autres relations (vie associative, pratiques religieuses, rencontres d’inconnus).
Le développement des réseaux techniques (téléphone, accès à Internet) a permis l'avènement d'un lien numérique sur les réseaux sociaux en ligne : Copains d’avant, Facebook, Linked In, Myspace, Trombi, Viadeo, … Ces sites Internet ont des particularités différentes mais partagent tous la même finalité : mettre leurs membres en relation. Ces services de réseautage social invitent repenser le sens des mots « amis » ou « contacts » et, plus largement, les relations sociales lorsque les liens augmentent de façon exponentielle. Viadéo, par exemple, indique à ses membres ses contacts directs et ses contacts indirects. Une personne ayant 20 contacts directs peut avoir 300 contacts de second niveau et 10000 contacts de 3ème niveau …
Ce lien numérique permet la mise en place de nouvelles formes de coopérations productives ( blog, forum, mooc, sites de campagnes de candidats, vidéo etc. ) ainsi que de nouvelles pratiques politiques (cyberactivisme, cybercitoyenneté, cybermobilisation, cyberprotestation). Les réseaux numériques sont mobilisés pour véhiculer les messages électoraux, soulever des fonds, mobiliser le jour du vote, étayant les utopies d’une « cyberdémocratie » ou d’une « e-democracy ».Ils ont été très actifs pendant la campagne présidentielle française de 2007 et américaine de 2008. Ils ont été au cœur des révolutions dans le monde arabe en 2011.
Le développement du lien numérique modifie les oppositions traditionnelles entre sociabilité privée (intime, familiale et amicale) et sociabilité publique (tournée vers l’extérieur) et amplifie les possibilités d'appartenance multiples des individus. Certaines études insistent sur les dimensions pathologiques de ce lien ( désocialisation, réification, enfermement sur les communautés, amplification des rumeurs etc.
B. Comment trouver un emploi ?
Q1. Quelle fonction sociale peut avoir les concours de dégustation de vin ?
Q2. Comment le réseau social de la famille est-il activé lors du week end des jardiniers ?
"Le capital humain se situe dans les points et le capital social dans les lignes qui relient les points". Coleman
Le capital social est l’ensemble des ressources que mobilisent les individus grâce aux réseaux de relations dont il dispose. La mobilisation de connaissances (parents, amis, collègues de travail, voisins, etc.) est souvent nécessaire pour obtenir un emploi stable, voire pour un emploi saisonnier, pour bénéficier d’une priorité (invitation à une soirée), contourner une règle bureaucratique (obtenir un appartement dans HLM « bien situé », une place en crèche, ne pas payer une amende, etc.) ou simplement bénéficier d’un soutien affectif ou partager une bonne nouvelle (permis de conduire, baccalauréat, naissance d’un enfant).
Les réseaux offrent des ressources à leurs membres. Les réseaux familiaux sont des sources d’entraide (dons, caution, prêts, garde d’enfants), les réseaux migratoires permettent aux étrangers de s’intégrer plus rapidement dans la société d’accueil par l’aide au logement ou à l’emploi, les réseaux d’anciens élèves des grandes écoles (Polytechnique, ENA, HEC, etc.) ou les réseaux professionnels offrent à la fois des soutiens matériels mais aussi des opportunités d’emplois, un « carnet d’adresses » nécessaire pour mener une carrière prestigieuse, occuper des postes bien rémunérés. La constitution de réseaux informels peut être aussi déterminante pour la compétitivité des entreprises, notamment lorsque les réseaux professionnels offrent des ressources (personnels qualifiés, confiance, partenariat, capitaux) qui sont nécessaires au développement de l’activité.
Le politologue américain Robert Putnam souligne l’importance des contacts réguliers entre les personnes, notamment dans le cadre associatif pour mesurer le capital social. La participation à des groupes a des effets bénéfiques pour les individus et pour la collectivité.
Le capital social apparaît comme une externalité positive. La baisse de la participation associative dans les classes populaires (baisse du syndicalisme, bals et sociabilité de quartier) et dans les classes moyennes (stratégies individualistes) témoignerait d’un déclin du capital social. Le sociologie P. Bourdieu insiste quant à lui sur le fait que le capital social renforce les inégalités économiques et culturelles dans la mesure où les stratégies dans les classes dominantes sont orientées vers la constitution d'un capital social ( ex rallyes + activité, club automobile de France, Rotary Club, bottin mondain etc.) qui, converti en position sociale dominante donne accès aux postes prestigieux et aux rémunérations élevées. La mesure du capital social est cependant encore sujette à controverse.
Lorsque les individus entretiennent des liens interpersonnels, ceux-ci peuvent être « forts » ou « faibles ». Le lien est d’autant plus fort que les personnes ont passé du temps ensemble, ont de l’affection l’un pour l’autre, se font mutuellement confiance et se rendent des services réciproques. Les « liens forts » sont généralement les relations avec les membres de la famille, les amis proches, les collègues de travail, et les liens faibles, sont les relations plus occasionnelles et espacées.
Le travail du sociologue américain Mark Granovetter sur le processus d’embauche de cadres dans la région de Boston (États-Unis) permet de souligner l’importance des contacts personnels dans les flux d’information. Il démontre alors « la force des liens faibles » pour obtenir un emploi. Les relations peu intenses et peu fréquentes (ou « liens faibles ») peuvent être plus efficaces, dans certains milieux sociaux, que les « liens forts », pour obtenir un poste. Pour les personnes qui recherchent un emploi, les « liens faibles », qui permettent de rencontrer des personnes à l’extérieur du groupe de fréquentation habituel, sont plus efficaces que les « liens forts » puisqu’ils permettent d’avoir accès à des informations nouvelles.
Ainsi, pour Mark Granovetter, la compréhension du marché du travail ne doit pas se limiter à une analyse en termes d’offre et de demande. Les offreurs (candidats) et les demandeurs (employeurs) ne prospectent au hasard. Avant la signature du contrat de travail, il y a l’ensemble des relations qui ont permis de devenir salarié : conseils de proches (parents ou non), connaissances ou reconnaissances entre pairs, recommandations d’amis ou « d’amis d’amis », etc. Il invite donc à intégrer dans l’analyse du marché du travail les réseaux sociaux mobilisés avant l’embauche. Mais surtout, il précise que l’efficacité des acteurs, et donc leur insertion dans l’entreprise, ne repose pas seulement sur leur seule productivité mais aussi sur la qualité et la diversité de leur réseau, sur « la force des liens faibles ». Cette analyse a été nuancée dans le cas de la France. En effet, dans les milieux populaires (employés, ouvriers), il semble que se sont plutôt les « liens forts » (conjoints ou parents) qui sont souvent les plus efficaces pour trouver un emploi que les relations indirectes. Par ailleurs le développement du lien numérique invite à repenser la force des liens. Les "amis" de Facebook ou de Viadeo sont aussi des proches (camarades de classe, voisins) et des membres de la famille. Le développement de ces réseaux amplifie le nombre de liens faibles.
L'analyse de la force des liens faible peut être complétée par une analyse des trous structuraux. Un trou structural est une configuration ou un individu rejoint deux cliques. les individus intermédiaires se trouvent dans une relation de pouvoir favorable, ils peuvent arbitrer dans la relation, retenir ou donner des informations, attiser ou utiliser les conflits.
Q1. Définir réseau social, sociabilité, lien faible, graphe, externalité positive, capital social
Q2. Pourquoi la notion de réseau social ne doit pas être confondu avec celle de réseau numérique ?
Q3. Quels sont les effets des réseaux sociaux numériques ? Fâites un schéma en arborescence.
Q4. Comment peut-on mesure le capital social ?
Q5. Le capital social a t-il des effets équivalents dans tous les milieux sociaux ?
Q6 Pourquoi Mark Grannovetter parle t-il de la force des liens faibles ?
Q7. Quel avantage peut-on avoir de se retrouver entre 2 cliques ?
3.3. Les pouvoirs publics peuvent-ils limiter les fluctuations économiques ?
A. Pourquoi les pouvoirs publics devraient-ils intervenir ?
Selon Musgrave, l'Etat remplit des fonctions d'allocation des ressources, de redistribution des richesses et de stabilisation de l'économie. Les dépenses publiques représentent plus de 50% du PIB en France. Du fait de ce poids important dans l’économie, l’Etat fait jouer de plus les stabilisateurs automatiques. En cas de chocs de demande négatif ou positif les politiques conjoncturelles de relance et de rigueur sont nécessaires. Une politique conjoncturelle est une politique économique de CT en vue d’orienter l’activité économique dans un sens jugé souhaitable à travers la politique budgétaire et la politique monétaire.
En période de ralentissement, le recul de l’activité économique engendre chômage de masse et baisse du revenu des ménages. Les jeunes éprouvent alors beaucoup plus de difficultés que leurs prédécesseurs pour trouver un emploi. Les tensions sociales et politiques augmentent, donnant du crédit aux mouvements qui prônent des changements radicaux dans l’organisation économique et sociale. Sans intervention de l’Etat, l’économie peut entrer dans un cercle vicieux dans lequel la déflation, fréquemment observée en période de crise grave, renforce les difficultés économiques. La lenteur de l’ajustement de l’économie par la déflation a été soulignée par J.M. Keynes qui déclarait, dans une émission radiophonique du 14 janvier 1931 : « A long terme, nous sommes tous morts. Les économistes s'adonnent à une tâche trop facile, trop primitive, si, dans la saison des tempêtes, ils nous annoncent seulement que lorsque l'orage sera terminé, l'océan retrouvera son calme. ». L’intervention de l’Etat apparaît d’autant plus nécessaire que l’ajustement par la déflation peut ne pas se produire, notamment parce que les entreprises les plus vulnérables ne sont pas toujours les moins efficaces.
Inversement, en cas de croissance économique effective trop forte par rapport au potentiel de croissance de l’économie, des tensions inflationnistes peuvent se manifester et être à l’origine d’un cercle vicieux aux conséquences néfastes. L’inflation se traduit en effet par une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie, qui mine la confiance qu’ont les agents en elle, et par une perte de compétitivité-prix au niveau international, ce qui peut avoir des effets négatifs sur les échanges extérieurs et donc la production réalisée à l’intérieur du pays. Elle a également pour effet, si les revenus n’augmentent pas au même rythme que les prix, de provoquer une baisse du pouvoir d’achat des ménages qui pourrait être source de ralentissement de l’activité. Elle provoque enfin, lorsqu’elle n’est pas compensée par une hausse des taux d’intérêt, des transferts de richesse des prêteurs, épargnants notamment, vers les emprunteurs.
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B. La gestion des fluctuations conjoncturelles par les politiques budgétaire et monétaire
Lorsque la croissance de la demande globale ralentit, voire devient négative, l’écart entre la croissance effective et la croissance potentielle se creuse. Les politiques conjoncturelles peuvent soutenir la croissance effective. Les pouvoirs publics ont la possibilité de mettre en place une politique budgétaire, une politique monétaire ou bien un mixte des deux ( policy-mix)
La politique budgétaire consiste en une utilisation du déficit de l’Etat pour faire jouer le multiplicateur. La dépense publique entraîne une chaîne de réaction positive qui passe par un accroissement de revenu pour les ménages, lequel signifie un accroissement de revenu pour les entreprises, lequel entraîne un accroissement de revenu pour d’autres ménages, à l’infini. Il peut exister des multiplicateurs expansionnistes aussi bien que récessifs. Par exemple, une dépense publique signifie un accroissement de revenu pour des entreprises, donc pour des ménages, donc pour des entreprises, donc pour l’État via l’impôt.
La politique monétaire de soutien à l’investissement et au système bancaire passe par la baisse du taux d’intérêt et/ou l’injection de liquidités. Ainsi, à l’occasion de la crise de 2008, les banques centrales américaine et européenne – la Fed et la BCE - ont abaissé très rapidement leurs taux d’intérêt directeurs et ont fourni la liquidité demandée par le marché. Les Etats ont laissé se creuser les déficits publics et ont en général mis en œuvre des plans de relance.
Inversement, en cas de croissance économique effective trop forte par rapport au potentiel de croissance de l’économie d’un pays, une politique de freinage de la demande globale par un excédent budgétaire de l’Etat et par une hausse des taux d’intérêt de la banque centrale doit permettre de réduire les tensions risquant de déboucher sur une inflation trop rapide : c’est une politique de désinflation, c’est-à-dire de ralentissement de l’inflation. Ainsi, le début des années 1980 a été marqué dans de nombreux pays développés par des politiques budgétaire et/ou monétaire désinflationnistes.
C. Les limites des politiques économiques conjoncturelles
Les politiques conjoncturelles qui agissent sur la demande risquent de ne pas être pertinentes en réponse à un choc d’offre négatif dans l’économie. En effet, la politique conjoncturelle agit plus facilement sur les variables de demande que sur les variables d’offre. Les chocs d’offre nécessitent, au contraire, des ajustements structurels et institutionnels de l’économie qui demandent du temps.
Par ailleurs, la France se trouve aujourd’hui insérée dans la zone euro où la conduite des politiques conjoncturelles est délicate : la politique monétaire est décidée par la BCE pour l’ensemble de la zone euro ; la politique budgétaire est contrainte par le Pacte de Stabilité et de Croissance, renforcé en 2012 par le Pacte budgétaire, qui n’offrent qu’une coordination négative des politiques budgétaires nationales (déficit budgétaire limité à 3% du PIB et dette publique à 60% du PIB). L’efficacité des politiques conjoncturelles dans la zone euro est ainsi limitée par une politique monétaire à taille unique et les marges de manœuvre limitées et non coordonnées des politiques budgétaires nationales. D’autant plus qu’il n’y a pas de budget européen
De plus, les effets des politiques conjoncturelles ne sont pas mécaniques :
- Il peut y avoir un effet Ricardo-Barro si les ménages et les entreprises modifient leurs comportements suite aux modifications des politiques économiques. Par exemple, une relance de la consommation par la distribution par l’Etat de revenus exceptionnels aux ménages peut échouer si ceux-ci préfèrent, par précaution, épargner ces revenus supplémentaires compte tenu de la menace croissante du chômage ou de l’anticipation d’une hausse future des impôts destinés à contenir la dette publique. Ils modifient dès lors à la baisse leur propension à consommer.
- L'effet d’éviction intervient quand le déficit budgétaire est financé par emprunt, la demande d’épargne conduit à une hausse du taux d’intérêt qui aura un impact négatif sur l’investissement.
- Il y a aussi le cas de la trappe à la liquidité théorisée par Keynes selon laquelle une politique monétaire expansionniste fondée sur baisse des taux d’intérêt directeurs peut ne pas parvenir à accroître l’offre de crédit des banques et la demande de crédit des ménages et des entreprises du fait du pessimisme des acteurs qui ne dépensent pas le surcroît de revenu et conservent la monnaie. Il n’y a alors pas transmission à l’économie réelle (la relance attendue de la demande et de l’offre ne se produit pas). Il est donc de ce fait difficile de prévoir avec certitude les effets sur l’économie d’une modification de la politique budgétaire ou monétaire.