cours première
6.2. Comment les individus s'associent-ils pour former des groupes sociaux ?
6.2. Comment les individus s'associent-ils pour former des groupes sociaux ?
Les individus sont des êtres sociaux, ils naissent, grandissent, se socialisent et meurent au sein de groupes sociaux. Ils commencent leur vie dans une famille, évolue au sein de groupe de pairs, sont intégrés dans des organisations diverses où ils travaillent, s'engagent ou pratiquent des activités culturelles diverses. La sociologie peut être définie comme l'analyse de la façon dont ces groupes sociaux se forment.
A. Du groupe primaire au groupe secondaire
On peut distinguer les groupes sociaux selon le degré d'intimité d'une part, le type de relation en jeu (directes ou indirectes) d'autre part :
Les groupes primaires sont caractérisés par un fort degré d'intimité et des relations directes (de face-à-face) : il s'agit de la famille, du groupe d'amis, etc. De ce fait, ils sont relativement stables dans le temps.
Dans les groupes secondaires, au contraire, les relations sont plus souvent indirectes et ont un plus faible degré d'intimité : il s'agit aussi bien des foules que des organisations ou encore des « nations ». À noter qu'il s'agit là d'une différence de degré : il n'existe pas de frontières nettes entre ces deux types de groupes. Cependant, les différences de degré finissent par devenir des différences de nature : groupes primaires et secondaires se différencient tant par le mode de fonctionnement que par le contrôle social qu'ils peuvent exercer sur les individus.
Un expérience de fonctionnement dans les groupes secondaires étudié par S.Millgram illustré par le film I comme Icare
1. Décrire l'expérience ( rôle du moniteur, de l'élève, du scientifique)
2. Pourquoi cette expérience est elle appelée soumission à l'autorité ?
3. Quelles sont les causes de cette soumission à l'autorité selon vous ?
B. Du groupe de référence au groupe d'appartenance
Le groupe d'appartenance est celui qui détermine les rôles sociaux, c'est-à-dire le rôle que les autres peuvent attendre de l'individu : on s'attend à ce qu'un médecin se comporte comme médecin dans sa fonction de médecin mais aussi au delà de sa fonction dans ses rapports avec les autres catégories sociales. Le groupe de référence est celui auquel l'individu souhaite appartenir et sur lequel il aligne donc subjectivement son rôle : un ouvrier peut ainsi aspirer à devenir un ingénieur, et par conséquent agir comme tel ou du moins adopter des comportements socio-culturels proches de cette catégorie sociale. Le groupe d'appartenance peut avoir une dimension objective et potentiellement imposée, tandis que le groupe de référence est, pour sa part, beaucoup plus électif.
On peut relier les notions de groupe d'appartenance et de groupe de référence à celle de frustration relative. S'appuyant sur la fameuse enquête de Samuel A.Stouffer sur les soldats américains durant la seconde Guerre Mondiale, Robert Merton souligne que les soldats de l'aviation, où les promotions sont rapides, sont moins satisfaits que ceux de la garde nationale, où les promotions sont rares (Éléments de méthode sociologique, Armand Colin , 1998). C'est que les premiers s'identifient plus facilement au groupe des officiers et jugent donc leur situation présente comme plus insatisfaisante que les seconds qui n'ont pas les mêmes espérances. Cette situation peut déboucher sur des mécanismes de « frustration relative ».
Généralement, le groupe de référence est un groupe de statut plus élevé que celui de l'individu. On peut cependant souligner des cas où ce point est moins évident. Les travaux de Dominique Pasquier (notamment Cultures lycéennes, Autrement, coll. « Mutations », 2005) soulignent ainsi que le rap, le R'n'B ou le rock sont dominants chez les adolescents et amènent ceux-ci à s'identifier aux groupes populaires dont ces musiques sont issues. Elle précise ainsi que la culture populaire est devenue dominante chez les jeunes.
C. Un groupe social est une construction sociale différent d'une catégorie statistique
Selon la sociologie, un groupes social est différent d'une catégorie statistique. L'ensemble des personnes qui portent des lunettes ne forme pas un groupe social, de même que l'ensemble des personnes d'une même couleur de peau ou des personnes réunies dans une file d'attente. Un groupe social est donc avant tout une construction sociale dont la réussite dépend de plusieurs facteurs :
- Pour qu'il y ait groupe social au sens sociologique, il faut qu’il existe des interactions entre les individus. Ces interactions ne sont pas nécessairement "directes": il n'est pas utile qu'ils se soient tous rencontrés pour être un groupe social. Il suffit que les individus soient en interrelations par un sentiment d'appartenance fondé sur un critère : la nation, la profession, le genre, l'âge etc..
- Pour qu'il y ait groupe social, il faut que les membres se reconnaissent et soient reconnus par les autres comme membres d'un groupe particulier. Ainsi les jeunes forment un groupe social si les jeunes se définissent avant tout par l'âge et si les autres membres de la société définissent un individu principalement par son âge à partir d'un idéal-type de jeune. Le problème est que la réalité est complexe et que par conséquent il peut exister de nombreuses catégories de jeunes. De même, Luc Boltanski dans son étude sur les cadres a montré comment ce groupe s'est constitué peu à peu autour de l'image d'un cadre salarié d'une grande entreprise ( IBM) ayant fait une grande école (HEC) et travaillant à Paris alors que dans les faits les cadres forment un ensemble très disparates.
Pour qu'il y ait groupe social, il faut que les acteurs se mobilisent pour faire advenir le groupe sous forme d'associations culturelles, syndicales ou politiques et d'institutions qui contribuent à sa pérennité :
- Dans son analyse de la société en terme de classe sociale, Marx pose que les classes sociales deviennent des acteurs collectifs porteur d'un mouvement social ouvrier à partir d'une moment où les conditions objectives de l'appartenance au groupe des ouvriers ( classe en soi) sont doublés d'une conscience de classe révélateurs d'un sentiment d'appartenance ( classe pour soi). Les syndicats ont porté le mouvement ouvrier. prezzi classes sociales.
- Les mouvements féministes ont contribué à construire le groupe femme à partir de l'image idéal-typique d'une femme libérée. La diversité de la condition féminine nous montre bien qu'un groupe social pour perdurer doit faire l'objet d'une construction sociale permanente. Celle-ci requiert notamment la mise en oeuvre d'action collective.
- On pourrait imaginer que les personnes portant des lunettes dans une société partagent un certain sentiment d'appartenance dans le cas où ils voudraient créer une action collective dans l'intention d'augmenter les remboursements de la sécurité sociale.
- Dans le cas du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, le groupe des afro-américains s'est fédéré autour de la figure de Martin Luther King. La couleur de peau est devenu un signe de reconnaissance d'autant plus significatif que cette identité était assignée par les institutions américaines en place ainsi que par de nombreux américains blancs et racistes.
D. Les professions et catégories socio-professionnelles : une représentation de la structure sociale
Les PCS sont des groupes sociaux construits par l'INSEE pour rendre compte de la structure sociale. Les personnes appartenant à une même catégorie sont susceptibles d'entretenir des relations personnelles entre elles, d’avoir souvent des comportements et des opinions analogues, de se considérer elles-mêmes comme appartenant à une même catégorie et d’être considérées par les autres comme appartenant à une même catégorie. Les critères utilisés sont entre autre le statut ( salarié ou indépendant), le niveau de qualification, la profession, la place dans la hiérarchie, la taille de l'entreprise etc. Elles sont le produit d'un travail historique très long. Certains groupes se mobilisent afin de modifier leur classement dans cette nomenclature et par conséquent leur place dans la hiérarchie sociale.
Les PCS ne forment pas une représentation hiérarchisée de la société française, mais il est est possible de positionner les groupes sociaux définis par l'INSEE dans une représentation qui permet de visualiser leur place dans la hiérarchie sociale.
La variable CSP (catégorie socio-professionnelle) ainsi construite permet d'expliquer de nombreux comportements décrits par l'observation statistique.
Q1. Expliquez en quoi la sociologie est la science des groupes sociaux ?
Q2. Faîtes un tableau permettant de classer groupe primaire et groupe secondaire
Q3. Que nous montre l’étude de Dominique Pasquier sur le groupe des jeunes ?
Q4. Est-il facile de délimiter les groupes sociaux ?
Q5. Utiliser les critères suivants : statut ; qualification forte, moyenne ou forte ; place dans la hiérarchie, secteur d’activité pour classer les
personnes suivantes : ouvrier qualifié du bâtiment, avocat, enseignant, infirmière, boucher.
Q6. Retrouver la catégorie à deux chiffres de ces professions dans la nomenclature Insee ( Blog)
statapprendre PCS
l'individualisme dans le football
7.1 Comment le contrôle social s'exerce t-il aujourd'hui ?
A. Normes et conformité sociale
Le contrôle social désigne l’ensemble des pratiques qui permettent à une société ou à un groupe social d’obtenir la conformité des comportements aux normes en place. Celles-ci peuvent être juridiques (ex : normes inscrites dans la loi) ou sociales (ex : les coutumes, les mœurs). Le contrôle social permet d’obtenir la cohésion du groupe en encadrant les comportements individuels.
Le contrôle social peut être formel ou informel. Le contrôle social est dit informel quand il se produit dans le cadre d’interactions sociales. Le contrôle social informel repose sur des formes diffuses comme la réprobation, le rire moqueur, le rejet ou des sanctions non juridiques. Le contrôle social est dit formel quand des institutions spécialisées (police, justice etc.) mettent en place des procédures formalisées (lois, règlements).
La force du contrôle social dépend du type de solidarité partagé par le groupe : quand l’individu est intégré dans un groupe dont le fonctionnement est communautaire (village, bande par exemple), le contrôle social tend à porter sur la totalité de l’individu (son corps, sa vie privée, sa vie professionnelle et publique). Quand le groupe social est plus anonyme, avec des liens plus distendus, le contrôle social est plus impersonnel, plus discontinu. Le contrôle social n’est, quoi qu’il en soit, jamais total, y compris dans les lieux les plus disciplinaires : accommodements, adaptations et transgressions instaurent des marges de manœuvre.
B. Contrôle social interne et externe
Le contrôle social externe concerne toutes les sanctions socialement organisées par les institutions contraignantes qui sont censées avoir un effet de dissuasion (institutions scolaires, policières, judiciaires, religieuses, médicales, travail social). Ces sanctions n’ont pas toutes la même logique : si les sanctions positives encouragent les individus à être conformes aux modèles en présence (rémunération monétaire et/ou symbolique, sourire, encouragement, récompenses, médailles, félicitations, éloge …), les sanctions négatives (mise à l'écart, réprobation, sourire ironique, peine financières, punitions, prison, mise au ban etc.) jouent sur la dissuasion. Si l’affichage de la sanction négative éloigne l’individu du comportement interdit, la répétition des sanctions négatives peuvent aboutir à la stigmatisation et à l'étiquetage de l'individu comme déviant voire comme délinquant s'il s'agit de l'infraction à une norme juridique.
Mais, pour tenir durablement, les normes sociales ne peuvent être seulement imposées du dehors, elles doivent entraîner l’adhésion des individus qui se font une obligation d’obéir aux règles. Un ordre social légitime est un ordre social évident qui n’est pas remis en question. On peut donc inclure dans le contrôle social la diffusion de messages répétés qui empêchent de penser des formes d’actions et de pensées alternatives comme la propagande dans les sociétés totalitaires, mais aussi la publicité et l’autocensure des médias qui n’abordent pas certains sujets dans les sociétés démocratiques.
Une partie du contrôle social provient ainsi de l’intériorisation par l’individu de normes qu’il n’a plus l’idée de remettre en cause. Cette forme plus subtile de contrôle social est interne à l’individu. Cet auto-contrôle provient de la socialisation c’est-à-dire de l’intériorisation de règles morales ou comportementales. N.Elias a montré que le processus de socialisation à l'oeuvre dans les sociétés modernes reposait sur un recours toujours plus grand à l'auto-contrôle qui historiquement débute à la fin du moyen âge par la diffusion dans la noblesse de cour puis dans la bourgeoisie des bonnes manières (usage de la fourchette, règles de politesse) accompagnées du développement des sentiments de pudeur et de gêne.
Schémas
F
C. Les formes modernes du contrôle social
Comme tout fait social, le contrôle social évolue en même temps que la société qu’il régule. Dans nos sociétés modernes, le contrôle social externe formel a gagné du terrain : les normes juridiques concernent de plus en plus de domaines privés (la famille, le travail ...). Le contrôle social s’est donc largement institutionnalisé.
I. Quelle est l’innovation technologique présentée dans cet épisode ?
II. Dans cette société, comment s’effectue le contrôle social ? Qui sont les personnes considérées comme déviantes ?
III. Quelles sont les normes et les valeurs en vigueur dans cette société ?
IV. Existe-t-il dans notre société des systèmes de notation des personnes (en dehors de l’école) ?
V. Comment analysez vous la fin de l’épisode ?
Les technologies modernes renforcent le contrôle social par l'Etat et les entreprises sur nos vies privées dont une grande partie se trouve numérisée. Les circulations sur internet (google, réseaux sociaux etc.), les déplacements (Pass Navigo, carte d'identité biométrique, puces RFID), les communications (téléphones portables), les états de santé (carte vitale) se transforment en données numériques qui permettent de cerner une vie numérique. Celles-ci peuvent être revendues par les entreprises collectrices pour cibler nos consommations futures. A la Nouvelle Orléans aux Etats-Unis, le projet Nola permet à chaque citoyen d’être acteur de sa sécurité. Chacun peut poser des caméras où il souhaite dans la ville et collaborer avec la police en lui fournissant les bandes vidéos. Les images peuvent être ensuite utilisées devant une cour de justice. Les Etats s'emparent aussi de ces données en temps réel afin de lutter contre le terrorisme au détriment des libertés fondamentales.
Des mouvements de résistance à cette surveillance généralisée s'organisent comme celle organisée par la quadrature du net. Des institutions comme la CNIL sont en charge de limiter ces nouvelles atteintes à nos libertés.
surveillance électronique D. Cohen : les Ernests
Q1 Qu'est ce que la surveillance selon D.Cohen ?
Q2. Quand la CNIL a t-elle été créée ? Est-elle adaptée à l'évolution de la surveillance électronique ?
Q3. Combien y a t-il de caméras vidéos aux Royaumes-Unis ? Est-ce efficace ?
Q4. Quelles sont les données récoltées sur chaque individu ? par qui ?
Q5. Peut-on demander d'accéder aux données collectées sur soi ?
Q6. Les moyens de la CNIL sont-ils suffisants ?
Les technologies modernes semblent multiplier les formes de contrôle social en transformant chacun en agent de contrôle. Les exemples sont nombreux : l’open space a accru le contrôle informel des pairs au sein des entreprises, l’usage des réseaux sociaux permettent à chacun d’observer et de contrôler les représentations de ses proches, le mapping permet de contrôler la présence de délinquants sexuels dans son entourage, la vidéosurveillance qui se développe sans réelle efficacité etc. Les émissions de télé-réalité nous donnent à voir une société de contrôle où chacun peut observer les autres sans être vu (loft story, koh-lanta etc.). Les micro-pouvoirs s'exercent dans une production de discours qui permettent de diffuser les normes : le contrôle social est omniprésent comme l'a montré Michel Foucault.
1. Quelle est la différence entre normes sociales et normes juridiques ?
2. Faire un schéma : contrôle social, contrôle social externe, contrôle social interne, contrôle formel, contrôle informel, se censurer, amende, sanctions socialement organisées, sanctions diffuses, félicitation
3. Pourquoi peut-on dire qu'il y a jamais un contrôle social total ?
4. Comment a évolué l'autocontrôle historiquement ?
5. Donnez les éléments qui permettent de mettre en évidence le développement de la surveillance
6. Qu'est ce que le mapping ?
7. A partir de l'exemeple du confessionnal mis en place dans loft story, expliquez la phrase soulignée
1.1. Comment faire des choix dans un monde aux ressources limitées ?
Le choix est une illusion créée pour séparer ceux qui ont le pouvoir de ceux qui ne l’ont pas
Matrix reloaded
Dossier 1.1 Dans un monde aux ressources limitées, comment faire des choix ?
"La science économique est la connaissance, conduite selon la méthode expérimentale, des activités humaines tendant à transformer la nature et à échanger les produits ainsi obtenus, en vue de satisfaire les besoins humains." Jean Fourastié, Pourquoi nous travaillons ?
A. Les hommes ont des besoins
Au sens courant, un besoin est un manque, un sentiment de privation accompagné du désir ou de la nécessité de le faire disparaître. Au sens économique un besoin doit être solvable, il désigne alors de manière plus restreinte un manque qui est susceptible de se transformer en achat.
On peut avec Maslow élaborer une hiérarchie des besoins : 1) besoins primaires correspondant aux besoins vitaux tels que se nourrir, se vêtir, s’instruire, se soigner... 2) besoins secondaires, tels que lire, se divertir, s'accomplir etc. qui sont nécessaires mais non indispensables à la survie.
Cette hiérarchie peut cependant être relativisée dans la mesure où les besoins dépendent de la société dans laquelle évoluent les individus. Ainsi, ils évoluent avec l'époque, le lieu, le contexte économique, le niveau de développement. Dans certaines sociétés, le sens de l'honneur (besoin de reconnaissance sociale) est primordial et un homme bafoué cherchera à venger son honneur. Dans les sociétés marchandes, la publicité est destinée à produire des besoins nouveaux par ce que Galbraith a appelé la filière inversée.
A rebours de cette analyse sociale des besoins, la théorie économique dominante (analyse néoclassique) repose sur une conception individualiste des besoins. Chaque individu a des besoins ou préférences qu'il cherche à satisfaire sous la contrainte d'un certain revenu. L'utilité c’est-à-dire la satisfaction qu’un individu retire de la consommation d’un bien, dépend du type de bien et de la quantité disponible de ce bien (rareté). Selon cette théorie, l'utilité marginale d'un bien est décroissante, cela signifie qu'au fur et à mesure qu'un individu satisfait un besoin, la satisfaction qu'il retire de la consommation d'une unité supplémentaire de ce bien est de moins en moins grande comme tout le monde a pu l'expérimenter en mangeant une deuxième tablette de chocolat ou une cinquième barquette de fraises.
B. Les hommes produisent des biens économiques…
La nature fournit certains biens libres (l'air) disponibles gratuitement dans la nature en quantité illimitée, mais la plupart de nos besoins nécessitent que nous produisions des biens économiques, c'est-à-dire des biens ou des services obtenus par le travail des hommes. Les biens sont matériels et stockables, et les services, immatériels et non stockables. Par ailleurs, le développement économique fait disparaître les biens libres par la pollution et l'exploitation non contrôlée ( eau, air, forêt etc.).
Dans toutes les économies, il existe un écart entre les besoins illimités des individus et la production de ces biens économiques du fait de la limitation des ressources (travail, capital, ressources naturelles, connaissances). Cet écart est plus ou moins important selon les pays. Ainsi si des pays entiers, ne disposant pas des ressources essentielles à l’agriculture peuvent souffrir de malnutrition, il en est d'autres plus développés dans lesquels il existe une pauvreté résiduelle. En fait, quelque soit l'économie ou le système économique dans lesquelles évoluent les sociétés, il existe toujours un rationnement. C'est pourquoi l'on peut dire que la science économique est la science qui étudie la production, la répartition et la consommation de ressources rares.
C Les contraintes liées à la rareté nécessitent des choix.
Face à cette rareté, il est possible de réfléchir à partir de raisonnements individualistes comme le fait la science économique néo-classique ou bien à partir de raisonnement plus politiques :
Selon la théorie du consommateur rationnel, les individus souhaitent se procurer les quantités de biens qui leur permettent d’obtenir la plus grande satisfaction possible. Ils cherchent à maximiser leur utilité tout en respectant leur contrainte budgétaire (revenu). Le choix de consommation dépend aussi du coût d’opportunité. Consommer une certaine quantité de biens oblige inéluctablement à renoncer à la consommation d’autres biens. Toute décision rationnelle doit prendre en compte le coût direct ainsi que le coût d’opportunité de cette décision (ex études longues : coût des études + coût de ce que l’on ne gagne pas pendant ses études). Cette analyse donne au marché un rôle primordial dans l'allocation des ressources.
On peut aussi envisager de recourir à des choix collectifs afin de résoudre ce problème de rareté. Ainsi une société où il y a une pénurie de ressources énergétiques peut décider de mettre en place des politiques d'énergie renouvelable afin de pallier ce manque de ressources.
Q1. Définir : besoin économique, rareté, solvable, utilité, biens libres, biens économiques, rationnement, raisonnement individualiste, coût d’opportunité
Q2. Pourquoi peut-on relativiser la théorie de la hiérarchie des besoins ?
Q3. Représentez graphiquement la théorie de l’utilité marginale décroissante ( abscisse : nombre de barres chocolatée, ordonnées : satisfaction)
Q4. Pourquoi peut-on dire que la science économique est une science qui s’intéresse à la rareté ?
Q5.Faîtes un schéma permettant de comprendre comment faire des choix avec les termes suivants : coût d’opportunité, choix de consommation, maximisation de l’utilité, coût, coût direct, contrainte budgétaire.
Q6. Est-ce que l’économie repose uniquement des choix individuels ?
Q7. Que pensez-vous de la citation de Marx ? Rédigez un texte de 10 lignes.
7.2. Quels sont les processus qui mènent à la déviance ?
Dossier 7.2. Quels sont les processus qui mènent à la déviance ?
A. La déviance primaire correspond à une transgression des normes
Toute société produit des normes qui jouent un rôle de régulateur des comportements. Malgré le contrôle social qui contribue à faire respecter ces normes inculquées et intériorisées lors du processus de socialisation primaire et secondaire, il existe des comportements en dehors de ces normes que l’on peut qualifier de déviants. La transgression d'une norme peut être alors qualifiée de déviance primaire. Pourquoi certains individus transgressent-ils les normes ? Les théories pré-sociologiques ont essayé de comprendre cette transgression comme étant le produit d'une anormalité biologique caractérisant un individu possédant une "mauvaise nature" : le fou, le clochard, le criminel, le drogué, le délinquant sexuel ont été considérés pendant longtemps comme des malades. Encore aujourd'hui ce préjugé naturaliste perdure mais cette mauvaise nature a été psychologisée : le déviant est devenu quelqu'un qui a subi des troubles psychologiques du fait d'une mauvaise éducation. La sociologie de la déviance permet de relativiser ces théories.
Tout d'abord, les normes sociales varient d’une société à l’autre, d’une époque à l’autre. L'adultère est puni de mort dans certaines sociétés alors qu'il peut être perçu comme une erreur plus ou moins pardonnable dans la société française et qu'il n'existe pas chez les Mosos. L'homosexualité perçue comme une perversion punissable est aujourd'hui un comportement admis reconnu par le droit. Un enfant né hors mariage a été considéré pendant longtemps comme un "bâtard", ce n'est plus le cas aujourd'hui. Inversement, des normes, comme ne pas fumer dans un lieu public apparaissent, transformant des comportements autrefois normaux en actes déviants. De plus à l'intérieur même d'une société globale, les normes sociales varient selon les groupes sociaux qui peuvent édicter des normes qui leur sont spécifiques, ainsi dans certains groupes de jeunes, ne pas fumer de cannabis ou ne pas s'enivrer lors d'une fête peut être considéré comme un acte déviant. Cette relativité des formes de déviance rend difficile l'association de la pathologie et de la déviance.
Q1) Quelles sont les caractéristiques de la famille Moso ?
Q2) Que pensez-vous des relations familiales chez les Mosos ?
Q3) Comment les Mosos vivent-ils ces pratiques ?
Q4) Qu'en déduisez-vous sur la déviance ?
Les approches culturalistes à partir des années 30 aux Etats-Unis ont mis l'accent sur le fait que la déviance peut provenir de la coexistence d'une culture valorisant ou tolérant une pratique interdite par une autre culture. Par exemple, un adolescent commettra un acte interdit par la culture dominante mais valorisé par la sous-culture adolescente. Ce comportement déviant est appris dans l'interaction avec d'autres personnes à l'intérieur d'un groupe restreint. Cet apprentissage inclut des techniques de commission de l'infraction ainsi que l'adoption de certains types de rationalisations et d'attitudes. Cette théorie développée par Sutherland et Trasher (the gang 1927) permet d'expliquer de nombreuses carrières criminelles aussi bien concernant la délinquance ordinaire (vol, recel, trafics divers, fabrique de fausse monnaie, etc.) que la délinquance des élites (fraude, corruption, abus de confiance, non respect de la concurrence, etc.) dont pratiquement toutes les autres théories se désintéressent.
Q1. Quelle est la sous-culture évoquée par cet ancien chef de gang ?
Q2. Quelles sont les raisons qui peuvent pousser ces jeunes à rejoindre des bandes ?
On peut aussi expliquer la déviance à partir des inégalités sociales. Robert K. Merton a été l'un des premiers à comprendre l'importance du décalage entre les aspirations à la réussite sociale qu'encourage l'idéologie individualiste des sociétés modernes et la réalité des inégalités sociales (et raciales) qui, en réalité, n'offrent pas les moyens d'y parvenir à chacun. Seuls les conformistes ne sont pas déviants dans une société.
Ce mécanisme est souvent cité pour comprendre la délinquance des jeunes des quartiers pauvres, exclus de la réussite sociale et se sentant souvent victimes du racisme et de la " mauvaise réputation " de leurs cités, ils optent souvent pour des comportements innovateurs en utilisant des moyens illicites tout en adhérant aux valeurs de consommation des sociétés capitalistes. Cependant pour comprendre comment cette déviance primaire s'enracine dans certains groupes sociaux, il faut recourir au concept de déviance secondaire.
B. La déviance secondaire peut être appréhendée comme le produit d’un étiquetage
Edwin Lemert (1950) a donné à l’étude de la déviance un programme comportant d’une part l’étude de la déviance primaire (la transgression de la norme), d’autre part l’étude de la déviance secondaire. Celle-ci correspond à la reconnaissance et la qualification de cette déviance par une instance de contrôle social. Pour les sociologues de la " théorie de la stigmatisation " (Lemert, Erving Goffman et Howard Becker...), la déviance n'est pas une qualité de l'acte commis, mais la conséquence du succès de l'application d'une étiquette de déviant par autrui. Ce processus peut se faire de façon formelle ou informelle. Le simple détournement du regard ou du corps constitue une stigmatisation. Dès lors, le contrôle de son image est un enjeu crucial et Goffman attire notre attention sur les innombrables adaptations que nous réalisons pour nous conformer à ce que les personnes avec lesquelles nous interagissons attendent de nous.
Une fois l’acte de déviance primaire identifié par certains groupes sociaux, ces derniers trouvent un intérêt à mettre en œuvre une sanction et donc à étiqueter celui qui a eu un comportement déviant, ces groupes sociaux poseurs d'étiquette sont appelés par Becker les entrepreneurs de morale. Si le groupe ou la personne désignée intériorise l'étiquette, le stigmate et le rôle qui lui correspond, cela peut entraîner une modification de la personnalité de l’individu ainsi qu’une modification de ses relations sociales. Il entre alors progressivement dans une " carrière " de déviant. Les chercheurs ont ainsi décrit l’entrée dans les carrières de délinquants, de toxicomanes, de prostituées, de malades ou d’handicapés mentaux, de sans-abri et plus simplement d’assistés sociaux. En revanche, ceux qui ont eu des comportements déviants et qui n’ont pas été repérés ne seront pas sanctionnés.
- Définir : déviance primaire, déviance secondaire, rationalisation, entrepreneurs de morale, carrière de déviant
- En quoi la sociologie nous permet-elle de dépasser les théories de la déviance fondées sur le biologique ou le psychologique ?
- Quelles sont les causes sociologiques de la déviance primaire ?
- La frustration relative peut-elle être une cause de la déviance primaires ?
- Qu’est ce que la théorie de la stigmatisation ?
- Montrez que la déviance est un processus
le péril jeune ( sur les docks)
1.2. Que produit-on et comment le mesure t-on ?
- Qu’est-ce que produire au sens économique ?
- Qu’est-ce qui distingue un bien d’un service ?
- Qu’est-ce qui distingue la production marchande de la production non marchande ?
- Comment la valeur ajoutée marchande est-elle calculée ?
- Pourquoi le calcul de la valeur ajoutée non marchande diffère-t-il du calcul de la valeur ajoutée marchande ?
- Quels sont les deux problèmes posés par la mesure de la valeur ajoutée ?
A. La diversité des produits
VIDEO. Les Restos du cœur entament leur campagne d'hiver
Les produits sont le résultat d’une production et peuvent être distingués de plusieurs façons : ils peuvent tout d’abord être différenciés selon leur nature : les biens sont des produits matériels (ex : voiture, vêtements, aliments) alors que les services sont des produits immatériels (ex : coupe de cheveux, cours de SES, voyage en train etc.). La production et la consommation d’un bien et d’un service se réalisent à des moments différents : un fruit est produit par le cultivateur, puis est commercialisé et est consommé par un ménage. Au contraire, la production et la consommation d’un service interviennent simultanément: la coupe de cheveux est produite par le coiffeur, en même temps qu’elle est consommée par le client.
Les produits peuvent aussi être distingués selon leur mise à disposition des consommateurs. En effet, certains biens ou services doivent être achetés, tandis que d’autres sont fournis gratuitement ou quasi gratuitement. Les biens et services marchands sont vendus à un prix qui couvre au moins la moitié de leurs coûts de production alors que les services non marchands sont offerts gratuitement ou vendus à un prix inférieur à la moitié de leurs coûts de production.
Enfin, les produits différent selon l’usage que l’on en fait. Les biens et services de consommation servent à satisfaire directement un besoin alors que les biens et services de production permettent de produire d’autres biens ou services. Ces biens et services utilisés pour produire, sont également appelés facteurs de production. Ce sont des facteurs de production matériels qui se combinent au facteur travail. Les biens et services de production intermédiaires sont transformés ou détruits lors du processus de production (matières premières, produits semi-finis, transport etc.) et les biens et services de production d’investissement sont utilisés pendant plusieurs cycles de production (locaux, machines, publicité etc.).
B. La mesure de la production
Q1. Comment mesure t-on le PIB ?
Q2. Pourquoi faut-il retirer la hausse des prix pour mesurer la croissance de la richesse économique ?
Q3. Que font les comptables nationaux ?
Q4. A quoi sert le PIB ?
Q5. Quelles sont les limites du PIB ?
Pour mesurer l’apport de chaque unité de production à la production nationale, on calcule la valeur ajoutée brute (VAB). Cet indicateur mesure la valeur que chaque producteur ajoute aux consommations intermédiaires qu’il utilise, en les transformant en produit final plus élaboré.
On obtient la valeur ajoutée en retirant du chiffre d’affaires (CA), c’est-à-dire de la valeur totale de la production (CA = prix de vente * quantités vendues), la valeur des consommations intermédiaires (CI) soit VAB = CA – CI.
La somme des valeurs ajoutées réalisées sur le territoire par des agents économiques rémunérés permet d’obtenir le produit intérieur brut du pays (PIB). L’ajout des valeurs ajoutées au lieu des chiffres d’affaires évite de comptabiliser plusieurs fois les mêmes produits : une fois comme production et une autre fois comme CI intégrée dans d’autres produits.
Cependant, toutes les activités productives ne dégagent pas de chiffre d’affaires. C’est le cas des productions non marchandes, qui ne peuvent pas être comptabilisées selon le même mode que les productions marchandes. La comptabilité nationale, par convention, les mesure en additionnant leurs coûts de production (salaires, consommations intermédiaire).
Le produit intérieur brut d’un pays comporte ainsi deux composantes : le PIB marchand et le PIB non marchand. Le PIB marchand s’obtient en additionnant les valeurs ajoutées des activités marchandes et le PIB non marchand en retranchant les consommations intermédiaires de l'ensemble des coûts des productions non marchandes.
Q1. Que mesure le taux de croissance ?
Q2. Comment mesure t-on la valeur ajoutée ?
Q3. Comment mesure t-on le PIB ? Définissez le
Q4. Quel est la part des salaires dans la VA ?
Q5 Pourquoi faut-il enlever l'inflation pour évaluer un taux de croissance du PIB ?
Q6. Quels sont les éléments non intégrés dans le PIB ?
C. Le PIB est-il un bon indicateur ?
Le PIB est un indicateur critiqué pour plusieurs raisons :
-toutes les créations de biens et services ne sont pas comptabilisées comme production. Ainsi, seules les activités de créations de biens et services à partir de facteurs de production rémunérés (travail et capital) sont considérées comme une production par la comptabilité nationale. Par contre, la production domestique, c’est-à-dire la production de biens et services en dehors d’une activité professionnelle, est une activité non rémunérée et donc non comptabilisée.
-difficulté à prendre en compte l’économie souterraine. Cette économie regroupe l’ensemble des productions licites ou illicites de biens et services qui ne sont pas déclarées par leurs producteurs aux centres des impôts. Le PIB ne prend pas en compte les productions illicites comme les trafics de drogues ou le proxénétisme et ne comptabilise que de façon approximative les productions licites de l’économie souterraine, couramment appelées l’économie « au noir ». En effet, ces activités n’étant pas déclarées, elles ne peuvent être qu’estimées en fonction des redressements fiscaux effectués par les inspecteurs des impôts.
- Par ailleurs, le PIB augmente grâce à des activités rémunérées, y compris lorsque ces activités sont la conséquence de dégradations antérieures ou que ces activités sont néfastes ou n'améliorent pas le bien être et la qualité de vie de la population. Par exemple, les catastrophes naturelles provoquent des destructions et blessures qui permettent l’augmentation de la valeur ajoutée du bâtiment et des hôpitaux mais sont évidemment nuisibles à la population. L’augmentation des cambriolages est favorable à la production d’alarmes ou de vitres anti effraction mais s’accompagne d’un sentiment d’insécurité croissant. Pour certains économistes, ces productions, qui ne servent qu’à réparer les dégâts d’activités humaines, ne devraient pas être comptabilisées dans le PIB.
-De même, les effets néfastes des activités rémunérées sur l’environnement sont ignorés : la destruction de la forêt amazonienne, la pêche intensive ou les émissions de gaz à effet de serre des usines et des automobiles accompagnent l’augmentation du PIB mais sont catastrophiques en terme de développement durable. En effet, ces activités compromettent les capacités des générations futures à répondre à leurs besoins (épuisement des ressources naturelles, réchauffement de la planète etc.).
-Enfin, le PIB ne tient pas compte de certaines activités indispensables au bien-être de la population et au lien social. Ainsi, la production réalisée par des travailleurs bénévoles, dans des associations caritatives ou dans le cadre domestique n’est pas comptabilisée.
Face à ces critiques, la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi a été chargée de travailler sur des instruments de mesure plus efficaces. En 2009, elle propose de créer de nouveaux indicateurs alternatifs : Créer des indicateurs de mesure de la qualité de vie de la population. L’état de santé, l’éducation, la sécurité physique et économique de la population, le lien social doivent être ainsi évalués. Créer des indicateurs de mesure du développement durable ou soutenable, c’est-à-dire du développement présent qui ne compromet pas les chances des générations futures de répondre à leurs besoins.
Ces indicateurs doivent mesurer l’évolution de « stocks » indispensables au bien-être des générations futures : ressources naturelles, savoir et savoir-faire, capital physique etc. Les tentatives de créer un PIB vert c'est-à-dire un PIB diminué de la dégradation des ressources naturelles se heurtent aujourd'hui à la difficulté de la mesure de cette dégradation du capital naturel.